Bari, le retour
Il existe des équipes qui n'ont pas franchement de passé glorieux, pas de futur mirobolant en ligne de mire et dont le présent ne laisse rien présager d'extraordinaire. Pourtant, allez savoir pourquoi, ces équipes semblent habitées d'un grain de folie, un truc spécial, et ont de l'âme et du caractère. Voici l'AS Bari, de retour en serie A la saison prochaine après huit ans d'absence.
Résumer le palmarès de l’AS Bari n’est pas chose difficile. Depuis 1908, date de la création de la società, cinq titres de champion de série B (dont celui de la saison dernière), cinq titres de champion de serie C en regroupant les différentes divisions internes mais surtout, une Mitropa Cup en 1990. La Mitropa Cup, c’était cette compétition aujourd’hui disparue qui sentait bon le football d’ailleurs et qui opposa de 1927 à 1992 les meilleurs clubs d’Europe Centrale (Autriche, Hongrie, Italie, Roumanie, Suisse, Tchécoslovaquie et Yougoslavie). Alors oui, dans une certaine mesure, l’AS Bari a gagné une coupe d’Europe. Au vrai, c’est avec ses équipes de jeunes que le club a écrit ses plus belles pages, puisque la primavera a remporté deux coupes d’Italie et un titre de champion d’Italie. Un palmarès aussi fabuleux que désuet qui semble appartenir à une autre époque et qui ne fait que renforcer l’aspect mythique et hors du temps de l’équipe.
Et puis Bari, ce sont aussi des noms qui arracheront forcément un sourire à n’importe quel amateur de foot vintage. En vrac, Cassano, Zambrotta, Legrottaglie, Di Vaio, Fontana, Perrotta, Abel Xavier, Raducioiu ont fait les belles heures de l’AS Bari en même temps que leurs premières armes.
Et aujourd’hui, dans tout ça ? Aujourd’hui, Bari la belle tente de se refaire une beauté pour être présentable le jour de ses retrouvailles avec la serie A. Comme toujours, c’est un peu le bordel dans les Pouilles, ce qui rajoute un peu d’animation à la préparation d’avant-saison. Il y a de ça deux semaines, Antonio Conte a quitté le club après deux ans de très bons et loyaux services dont la montée en serie A fut le paroxysme. Résultat, c’est Gian Piero Ventura qui occupe désormais le fauteuil d’entraîneur. L’homme débarque de Pise, a signé pour un an, a commencé en 1976 avec les jeunes de la Samp’ et ne s’est jamais arrêté depuis. Il est secondé par Giorgio Perinetti, le directeur sportif du club.
Il faut dire que cela faisait huit ans que toute une région attendait ça alors forcément, les dirigeants s’activent, dans l’indifférence quasi-générale du reste de la Santiag’. Ils ont déjà annoncé une « révolution » ayant pour objectif d’installer confortablement le club en serie A. Les ingrédients affichés sont les mêmes pour chaque promu : « temps, patience, et argent » . C’est évidemment le troisième ingrédient qui fait un brin défaut.
Qu’importe, l’effectif actuel, bien qu’improbable, est plutôt solide, surtout dans les 25 premiers mètres: Jean-François Gillet, le gardien belge, a d’ailleurs rempilé, au même titre que Masiello ou Ranocchia, un jeune espoir transalpin né en 1988 dont les mérites sont pour l’instant vantés par tous les observateurs. Cribari (Lazio) et Rivas (Inter) seraient sur les tablettes. Comme d’hab’, c’est niveau attaque que les choses se compliquent. Trouver un bonhomme capable de scorer en serie A n’est pas une mince affaire. Perinetti a déclaré laisser « toutes les fenêtres ouvertes » . Sa manière à lui d’annoncer combien ardue sera la tâche.
En attendant la reprise de l’entraînement le 11 juillet, les drapeaux « serie A » flottent encore à chaque coin de la ville. C’est sûr, le stade San Nicola et ses 60 000 places était décidément bien trop grand pour les divisions inférieures.
Par