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Barcelone-PSG : Ousmane Dembélé, nature et découvertes

Par Clément Gavard
Barcelone-PSG : Ousmane Dembélé, nature et découvertes

De retour dans la lumière au Barça après une saison quasiment blanche, Ousmane Dembélé ne cesse de rappeler qu'il n'est pas un joueur comme les autres. Dans son jeu comme dans son attitude, l'international de 23 ans laisse parfois transparaître un côté naturel qui rappelle le foot joué dans la rue, loin des paillettes de la Ligue des champions.

Le huis clos n’a pas que des inconvénients. La preuve, chaque match du FC Barcelone avec Ousmane Dembélé sur la pelouse s’est transformé en chasse à une nouvelle pépite verbale de l’international français. Quand ce ne sont pas quelques mots doux envoyés en direction du corps arbitral, c’est un « tranquilo de quoi toi » balancé à Carlos Neva à la 86e minute d’une rencontre mal embarquée pour le Barça contre Grenade, en Coupe du Roi. « C’est un trait de caractère chez lui, c’est marrant de voir les images tourner, s’amuse son pote et ancien coéquipier James Léa-Siliki. J’ai toujours ce souvenir du Ousmane mauvais perdant, un peu comme moi. Il ne va pas être dans le trashtalk comme Neymar, c’est plus de la frustration qu’autre chose. Mais ça me fait rire parce qu’il ne change pas. » Et c’est peut-être là sa plus grande qualité : Ousmane Dembélé ne bouge pas (ou presque) d’un iota. À en croire ceux qui l’ont connu à Évreux, dans le quartier de la Madeleine ou sur d’autres terrains normands, il est resté ce même gamin attachant avec dix piges de plus au compteur. Sans que le poids des années ou des moqueries n’aient eu une incidence sur ce drôle de bonhomme, bercé par un sport qu’il considère peut-être toujours plus comme un jeu qu’un métier.

On pourrait croire qu’il sort tout droit du ghetto et qu’il n’a aucune éducation sportive, mais pas du tout.

Dans sa rue

Ce jeu, Dembélé l’a apprivoisé dans la rue, sur les terrains vagues ou les city stades d’Évreux, où les règles et les limites d’âge n’existent généralement pas. Et surtout où l’instinct prime sur tout le reste. « C’est un joueur d’élimination et ça devient rare, explique Philippe Montanier, qui l’avait lancé à Rennes. Pour avoir travaillé un peu en Côte d’Ivoire, j’ai retrouvé ses caractéristiques dans le maracana(un dérivé du foot qui se pratique sur un petit terrain et sans gardien, NDLR) où les jeunes Ivoiriens ne sont que dans l’élimination, le dribble. Ousmane a ce jeu instinctif qui ne s’apprend pas dans un cadre conventionnel. » Reste que tous les gamins qui bouffent du ballon sur le bitume ne développent pas aussi facilement les qualités d’un Ousmane Dembélé. Une histoire de talent, sûrement, qui ne peut pas se raconter ni se définir. Même si ceux qui ont croisé le phénomène aiment emprunter la machine à remonter le temps pour rationaliser le destin de ce gars-là. « Il ne se contentait pas des trois créneaux hebdomadaires pour travailler sa technique. Il y avait les séances, mais aussi le foot en extérieur et intérieur, se remémore Romaric Bultel, son ancien coach à Évreux. Il a développé tout ça en gymnase, dans les city stades, c’est vrai. Regardez juste comment il sait utiliser toutes les surfaces de ses deux pieds : semelle, extérieur, intérieur, pointe, coup de pied. C’est un garçon très complet techniquement, mais je ne veux surtout pas le résumer à un joueur de quartier. »

Comprendre, Dembélé n’est pas bon qu’à amuser la galerie avec des dribbles sortis de son chapeau. Si le jeu du numéro 11 catalan tient une petite influence de la rue, il a aussi été façonné par ses années passées dans un centre de formation, au Stade rennais, où il a pu élargir sa palette. « On pourrait croire qu’il sort tout droit du ghetto et qu’il n’a aucune éducation sportive, mais pas du tout, enchaîne Romaric Bultel. Il est parti d’Évreux très tôt, il avait 13 ans. » Une trajectoire classique pour un jeune talent, qui n’aura pas tardé à bluffer son monde sur les terrains de la Piverdière. « Quand il se lançait dans ses dribbles, à repartir en contresens, on pouvait se dire : « Mais on est au quartier ou quoi là ? », se souvient James Léa-Siliki. Mais finalement, il réussit toujours à faire le bon décalage. Il a cette connaissance du jeu qui lui permet de faire les bons gestes aux bons moments. C’est un des joueurs les plus complets que j’ai connus. » De quoi être rapidement étiqueté comme hors norme sur les bords de la Vilaine, où Dembélé a conservé de nombreuses attaches malgré seulement quelques mois passés à tout casser sous le maillot du Stade rennais.

Si un entraîneur veut contrôler Ousmane, il aura des problèmes.

L’éloge de la spontanéité

Le jeu de l’international français reflète tout simplement sa personnalité : Ousmane Dembélé est naturel, spontané et dénote avec la robotisation des footballeurs auxquels on demande le contrôle permanent de leurs émotions, sur le terrain comme en dehors. « Ce n’est pas un joueur de rue, mais il joue parfois comme dans la rue. C’est sain, c’est ce qui manque un peu au foot mécanisé, stéréotypé, qu’on voit de plus en plus, confirme Michel Troin, qui l’a aussi connu à Rennes. Ousmane a cette fraîcheur, cette spontanéité, cette façon de jouer au foot comme s’il était avec les copains. Il vit le foot comme à l’ancienne, parce qu’il aime ça. » Même son de cloche chez Philippe Montanier : « Il a un état d’esprit très sain, très spontané. Il n’est pas dans le calcul. Il faut qu’il garde cet aspect, car ça fait partie de sa personnalité. Et il ne sera bien sur le terrain que lorsqu’il sera en accord avec lui-même. » Une légèreté parfois considérée comme de la nonchalance ou du je-m’en-foutisme vu de l’extérieur, ou même de l’intérieur. Mais Ousmane Dembélé doit-il vraiment changer s’il veut être performant ? « Si un entraîneur veut le contrôler, il aura des problèmes, sourit Gelson Fernandes, toujours sous le charme du gamin cinq ans après l’avoir côtoyé au SRFC. Son jeu est tellement imprévisible, comme lui, que je ne pense pas qu’il soit contrôlable. Il ne joue pas un rôle, tout est naturel chez lui. »

Au point que la pression du haut niveau glisse parfois sur celui qui ne sait pas s’il est gaucher ou droitier. « La pression, c’est plutôt lui qui la mettait pour qu’on le fasse jouer, blague Michel Troin. Je me souviens de ses premières minutes en Ligue 1, c’était à Angers et on voulait le faire entrer à l’heure de jeu (il remplace Kamil Grosicki à la 86e minute, NDLR). Pendant l’échauffement, il n’arrêtait pas de demander : « Je rentre quand ? Je rentre quand ? » » L’insouciance et la dalle d’un môme de 18 ans qui s’était retrouvé à s’entraîner dans son jardin, tout seul, pendant un mois ou deux l’été précédant ses grands débuts en raison de désaccords avec le staff breton. Parce qu’au-delà de cette innocence enfantine, il y a surtout une confiance débordante chez Dembélé. « Il n’a pas besoin qu’on l’encourage constamment ou qu’on lui glisse des mots doux, il sait ce qu’il a à faire, tranche Léa-Siliki. Il faudra juste une piqûre de rappel de certains proches de temps en temps, mais il a une telle confiance en lui. Il sait où il va. » Gelson Fernandes n’a pas oublié la sérénité du gamin de Vernon avant son chef-d’œuvre face à Nantes en février 2016 : « Le jour du match, je lui dis que c’est pour lui. Un derby, un stade plein, c’était son moment. Il m’a répondu : « T’inquiète pas, je m’en occupe. » Et derrière, il met un triplé. »

Le Barça, grand rêve et gros tracas

Mais la vie est plus simple au Stade rennais qu’au FC Barcelone. Depuis l’été 2017 et son arrivée en Catalogne, Ousmane Dembélé fait moins parler de lui pour son football que pour ses frasques et sorties drolatiques. « Je pense qu’en arrivant au Barça, il y a eu de l’appréhension parce que c’était son rêve. Entre l’adaptation et les blessures, il a un peu perdu ce côté street, analyse Léa-Siliki. Quand il perd tout ça, je trouve qu’on voit souvent un petit Ousmane avec beaucoup de déchets, moins de confiance dans son jeu. Mais dès qu’il le retrouve, c’est le retour du vrai Ousmane. Par exemple, le but qu’il met en 2018 contre Tottenham, c’est totalement lui. » Une grève pour quitter le Borussia Dortmund, un transfert à plus de 100 millions d’euros, des retards à gogo, des blessures à répétition, une hygiène de vie en question et une carrière promise à l’échec plus tard, Dembélé porte toujours le maillot blaugrana, son bail courant jusqu’en juin 2022. Comme s’il était hors de question pour lui de mettre fin à son rêve. « Il faut comprendre qu’il n’y a rien qui dépasse le Barça dans sa tête, continue Léa-Siliki. Il a tout le temps réussi à balayer les critiques, même si ça pouvait être dur à entendre, et je dirais que ça lui a fait prendre conscience que rien n’était éternel. »

Résultat : après une saison quasiment blanche (neuf apparitions toutes compétitions confondues) à cause d’énièmes pépins physiques, Dembélé a retrouvé de l’allure et de la confiance cette saison en Catalogne à un moment où plus personne ne s’y attendait. « J’ai beaucoup changé après mes problèmes physiques. Je le prends comme un challenge maintenant, a-t-il récemment confié dans un entretien accordé au site de l’UEFA. Léo Messi m’a beaucoup aidé lui aussi. Il me donne des conseils sur mon positionnement, sur les moments où il faut attaquer, ou temporiser, ou faire la passe. J’ai aussi eu la chance de jouer avec Iniesta et Suárez qui m’ont énormément aidé. » La saison de la maturité pour Dembouz ? Possible, surtout que son entraîneur Ronald Koeman ne cesse de chanter les louanges de son poulain ces dernières semaines. En grattant neuf minutes de jeu contre Alavés ce week-end, Dembélé a fêté sa 100e avec le Barça. Un symbole plus qu’une satisfaction pour celui qui pourrait retrouver les projecteurs, les vrais, en se retrouvant titulaire contre le Paris Saint-Germain ce mardi. Une occasion de briller dans un grand soir, et de se frotter à l’autre crack français de sa génération, Kylian Mbappé. « Même si Kylian a pris de l’avance, je pense qu’Ousmane n’a rien à lui envier et j’espère qu’il le rattrapera, conclut Léa-Siliki. On les compare beaucoup, mais ce sont deux joueurs différents. Ils s’aiment beaucoup, ils doivent en rire, et ça doit les tirer vers le haut. » Gare à l’envol : Ousmane Dembélé n’est jamais meilleur que lorsqu’il garde les pieds sur terre.

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Par Clément Gavard

Tous propos recueillis par CG, sauf ceux d'Ousmane Dembélé tirés du site de l'UEFA.

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