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Barcelone, prisonnier du tiki-taka

Par Javier Prieto-Santos
Barcelone, prisonnier du tiki-taka

950 passes pour le Barça. 198 pour le Celtic. Incapable de s'imposer malgré une domination outrancière, le FC Barcelone expérimente les limites du toque. Une philosophie de jeu dont ils sont en quelque sorte esclaves, Vilanova le premier.

Invaincu en Liga, le Barça pensait facilement valider son ticket pour les huitièmes de finale de la Ligue des Champions au Celtic Park. Au final, la douche écossaise fut des plus glacées. Malgré une possession de balle frôlant les 80%, les Barcelonais ont de nouveau souffert contre un Celtic rustique, mais parfaitement organisé en défense. Comme au match aller au Camp Nou, c’est sur coup de pied arrêté que les Blaugranas ont encaissé leur premier but. Comme au match aller, le Celtic s’est contenté d’attendre sagement que les Catalans viennent se briser les dents dans son entonnoir vert et blanc pour mieux placer ses contre attaques tranchantes. Comme au match aller, les Barcelonais auraient pu revenir au score in-extremis. La malchance, les poteaux et la prestation de Foster auront cette fois-ci bousculé les certitudes d’une équipe encore et toujours en rodage.

Depuis l’arrivée de Vilanova, le Mes n’est plus ce rouleau-compresseur capable de tuer tout suspense en 20 minutes. C’est pour l’instant la grande différence avec le Barça de Pep. A son arrivée au club, Guardiola avait vitaminé la philosophie de Cruyff en travaillant sur l’assise défensive et sur un pressing étouffant. Après avoir gagné deux coupes d’Europe avec un schéma (re)connu de tous, Guardiola a pourtant passé sa dernière année de contrat à tout défaire pour réinventer son Barça. Le but ? Donner des alternatives de jeu à son équipe sans dénaturer sa philosophie de jeu. On a ainsi vu le Barça jouer avec trois défenseurs, ou encore sans véritable avant centre de métier… En décembre dernier, avant même l’élimination contre Chelsea en Champions League, Pep savait déjà que son cycle catalan était terminé et que New-York l’attendait pour une année sabbatique bien méritée. Extrémiste dans sa vision du football, le crâne chauve culé s’était alors fixé pour défi d’entamer une révolution de palais afin de lutter contre le pire ennemi des footballeurs gavés de titre : la routine. Construire, détruire… Afin de mieux reconstruire. On appelle ça, faire place nette.

Messi, le moi et le surmoi

Nommé par surprise à la tête du club, Tito Vilanova a décidé d’oublier sa tumeur de la gorge et sa fatigue pour se prouver à lui-même qu’il n’était pas qu’un vulgaire second rôle dans l’ombre de son ami Pep. Chargé de superviser les rivaux alors qu’il était adjoint, Vilanova est celui qui a conseillé à Guardiola de recentrer Messi à la pointe de l’attaque. C’est lui, aussi, qui est à l’origine du retour de Fabregas et Piqué. Vilanova est un bon conseiller, mais a-t-il la taille patron ? En comparaison de la Pep Team, la Tito Team a perdu en maîtrise mais gagné en verticalité. Le pressing est plus intermittent, du coup les lignes de récupération sont beaucoup plus basses. Conséquence : Busquets cavale comme un damné après le ballon. Pour ne rien arranger, les blessures à répétition de Piqué, Puyol, Daniel Alves et la longue convalescence d’Abidal ont rendu particulièrement friable une défense dénuée d’automatismes. En réalité, toutes les modifications apportées par Vilanova à « son » Barça ont jusque-là été toutes forcées. La gestion du cas Villa va sans doute servir de thermomètre pour mesurer le leadership de Vilanova. L’Asturien est de retour après plus d’un an d’absence et il marque quand il rentre. Ça ne l’empêche pas pour autant de se faire embrouiller par un Messi dont la soif de protagonisme toujours plus grandissante cannibalise parfois le jeu du Barça.

Le cas de la Pulga est aussi l’un des points chauds du mandat de Vilanova. En début de saison, l’Argentin s’était dit surpris de la nomination de l’ancien adjoint de Pep en tant qu’entraîneur en chef de l’équipe première : « C’est bizarre qu’il soit maintenant notre entraîneur, alors qu’on avait l’habitude de lui parler en tant qu’adjoint. Lui et Pep ont la même philosophie de jeu et les même méthodes de travail, donc pour nous les joueurs, ça ne change pas grand-chose. » Pour l’heure, effectivement, la situation de Messi n’a pas changé. Il joue la totalité de tous les matchs. Comme au bon vieux temps où Pep le regardait avec des yeux d’amour. Pourtant, même si ses stats sont toujours aussi impressionnantes, l’Argentin pèse un peu moins sur le jeu de son équipe. Question : Vilanova aura-t-il les cojones de remettre l’héritage du Pep en question afin de le faire souffler ? Pas sûr. Pour le moment, Vilanova semble agir de manière plutôt prudente, voire conservatrice dans sa gestion du groupe. Guardiola avait su gommer les ego de la meute dans l’intérêt du collectif. Désormais, les gentils élèves s’amusent à tester leur nouveau professeur. Villa s’est ainsi plaint de son temps de jeu, Fabregas a tenu à préciser qu’il était un « mauvais remplaçant » et Messi rêve secrètement d’un nouveau Ballon d’Or.

Un autre football que Barcelone est possible

Question mise en place, l’actuel coach ne semble pas être non plus un laborantin comme Pep. Même s’il fait semblant de plisser les yeux pour avoir l’air absorbé, il est difficile de voir pour l’instant la griffe de Tito sur son équipe… S’il n’y avait pas les éclairs de Messi et la maîtrise de Xaviniesta, le jeu du Barça en deviendrait presque lisible pour les adversaires. S’il veut véritablement marquer de son empreinte les Blaugranas, Vilanova va donc devoir brouiller les pistes rapidement sous peine de se faire sanctionner par des équipes comme le Celtic. Car pour l’heure, seuls des écarteurs de narine et un autobus de défenseurs devant les buts suffisent à déstabiliser une équipe qui, paradoxalement, semble parfois en panne d’idées. Pour l’heure, Vilanova ne semble pas en mesure de répondre à l’équation à laquelle tous les entraîneurs du Barça se sont confrontés depuis Cruyff : renouveler le style de jeu sans dénaturer la vision romantique d’une philosophie de jeu unique. L’exception culturelle que prône le Barça est plus que jamais victime de son succès : tout le monde la connaît et c’est bien là le problème.

En revenant aux basiques des débuts de l’ère Guardiola, Vilanova a permis à ses adversaires de ronger l’écart qui les séparait des Blaugranas. Scruté, étudié, encensé, le Barça est une belle dame qui n’a plus de secrets pour personne. A la fin du dernier match aller contre le Celtic, Pedro s’était plaint du dispositif ultra défensif du Celtic : « Jouer au football de cette manière-là, sans chercher à marquer, c’est plutôt triste. C’est quelque chose que je ne comprends pas. » Les propos du natif des Canaries confirment la vision aristocratique que le Barça a du football, mais ils apprennent aussi autre chose. Le club que tout le monde veut copier et qui donne des masterclass de foot à la terre entière a paradoxalement du mal à apprendre de ses propres erreurs. Depuis plusieurs années, le Barça a réussi à faire croire à toute le monde qu’il n’y avait qu’un moyen de jouer au football : le sien. Les Blaugranas n’encaissent pas vraiment l’idée qu’un autre football soit possible au-delà de la possession de balle. Prisonniers de leurs dogmes, ils n’ont pas non plus appris des défaites contre l’Inter de Mourinho ou contre le Chelsea de Di Matteo. Le Celtic au contraire s’est engouffré dans la brèche ouverte par les Anglais et les Italiens. Ils ne doivent pas être les seuls. Le Barça, dont le jeu est si reconnaissable entre tous, est quelque part prisonnier de sa philosophie. Il mourra avec ses idées car il n’a pas de plan B. Dans leur désir d’être universel et de plaire au monde entier, les Catalans manquent cruellement d’alternatives au toque. C’est d’ailleurs ce qui le rend vulnérable. Pour l’heure, il est encore trop tôt pour juger le bilan de Vilanova à la tête du Barça. Une chose est sûre : il n’a pas l’aura de Guardiola ni le charisme de Mourinho.

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Par Javier Prieto-Santos

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