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Barcelone et son Camp Bernabéu

Par Antoine Donnarieix
4 minutes
Barcelone et son Camp Bernabéu

Une nouvelle fois vaincu sur sa pelouse par le FC Barcelone dans un Santiago-Bernabéu devenu jardin des Catalans, le Real Madrid s’est encore incliné face à une équipe qui détient désormais la mainmise sur le Clásico. Un revirement de situation historique.

Le regard dans le vide, Sergio Ramos ne sait plus trop par où commencer à l’heure où la possibilité d’un « cauchemar » est évoquée pour parler de cette semaine de Clásicos. « Bon, ce n’est pas un cauchemar non plus… En coupe, nous avons dominé le Barça en matière d’occasions. À la fois au Camp Nou comme à Madrid, tente de s’auto-rassurer le capitaine madrilène face à la presse. Mais voilà, la différence se fait sur les buts et l’efficacité. »

Létale, clinique, limpide : la dernière phrase prononcée par Ramos est beaucoup plus lourde de sens que les deux premières, où la langue de bois fait parfaitement son travail. La vérité de cette soirée ? Le Real Madrid repart bredouille de sa revanche de haut vol face au Barça, quatre jours après avoir subi le même réalisme d’un adversaire armé de sang-froid. Et d’une certaine manière, le Real ressent ce qu’il fait subir à ses adversaires en temps normal.

Ramos : « Quand vous n’êtes pas capables de marquer… »

Plus les questions s’enchaînent, plus la langue de l’international espagnol aux 161 sélections fait le bilan d’une semaine sèche en matière de récoltes. « C’était deux matchs intenses avec un niveau très élevé. Nous n’avons pas eu le temps de nous remettre du match de coupe… Mais ce n’est pas une excuse, car eux aussi avaient ces deux matchs à jouer. Quand vous n’êtes pas capable de marquer un but en deux matchs, il n’est pas possible de gagner une rencontre. C’est aussi simple que cela. » Viennent alors les premières réponses aux interrogations : où est passée la finition de Karim Benzema ? Mis à part un tir lointain (82e), le Français n’a rien montré. Gareth Bale ? Son temps fort fut son remplacement par Marco Asensio (63e), sous les sifflets du Santiago-Bernabéu. Vinícius Júnior ? Des dribbles et de la vitesse, mais beaucoup trop de déchet au moment de tenter sa chance devant un Marc-André ter Stegen bionique. Pendant ce temps-là, Iván Rakitić se permettait un ballon piqué par-dessus Courtois et lançait le Barça dans les étoiles…

Et voilà le Real Madrid largué à douze points du FC Barcelone. Fin du suspense ? « La Liga se termine à la 38e journée, tranche Santiago Solari. Nous n’abandonnerons pas le championnat, et le Barça n’est pas encore champion. » Mais si l’Atlético de Madrid reste encore en embuscade (dix points de retard avec un match en moins), le Real semble à l’agonie. Et ce, depuis une décennie en Liga. Les chiffres à l’appui ? Seulement deux titres remportés sur les dix dernières éditions pour le Real, obligé de souffler la poussière sur ses vieux trophées nationaux. Pire : le Real semble en pleine chute libre dans les Clásicos. Par ses deux défaites en une semaine face au Barça, la Casa Blanca met fin à 87 ans de règne dans l’historique des confrontations de ce mythique affrontement – le Barça prenant la tête avec 96 victoires, 51 matchs nuls et 95 défaites face au Real.

Onze victoires du Barça sur les 18 derniers déplacements à Madrid

Messi est-il la raison principale de cet historique retournement de situation ? Sa présence peut constituer un élément d’explication. Meilleur buteur dans l’histoire des Clásicos, laPulga était déjà présente lors de la démonstration infligée par le Barça de Pep Guardiola au Real de Juande Ramos, le 2 mai 2009 (2-6). Et depuis ? Le Barça s’est imposé onze fois sur les 18 derniers Real-Barça. Les chiffres sont là, implacables et irréfutables. Le pire dans tout ça, c’est donc que le stade Santiago-Bernabéu est obligé de s’habituer à voir l’ennemi triompher dans l’antre des Merengues. Avec ce nouveau succès, les Blaugrana sont par exemple devenus la première équipe à gagner quatre matchs de Liga de suite dans le jardin de la Maison-Blanche.

Ce Barça de Messi est-il plus construit sur la durée, plus homogène au moment d’affronter le Real Madrid en championnat ? Les fans du Real seront toujours là pour détourner le sujet, et expliquer que le Real a remporté quatre C1 en cinq ans. Certes. Mais la dernière fois que le Barça a joué le Real en C1, le Barça s’était qualifié pour la finale de la saison 2010-2011 (0-2, 1-1) et avait soulevé la coupe aux grandes oreilles. Qu’il est difficile de se défaire de sa bête noire…

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