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Barcelone à l’heure asiatique
Désormais aux mains d’un milliardaire chinois, l’Espanyol rejoint le FC Barcelone dans son exploration du marché asiatique. Une mine d’or, à en croire le nouveau budget des Pericos ou le contrat millionnaire des Blaugrana avec Rakuten, qui ne saurait, pour le moment, combler le gouffre qui sépare les deux entités de la cité de Gaudi.
« Nous ne nous y voyons pas. » Limpide autant qu’équivoque, le message de Sandro Rosell, alors président du FC Barcelone, rend claire la décision blaugrana de ne pas se rendre en Chine pour y disputer la Supercoupe d’Espagne. À l’égal du Real Madrid, et contre l’avis des dix-huit autres pensionnaires de Liga, il y voit un long périple de plus pour les organismes de ses joueurs, déjà sujets à des voyages au long cours pour les besoins des pré-saisons. C’était en 2011, soit une éternité dans le monde du ballon rond. Car depuis, la position du Mes que – bientôt sponsorisé par le géant du net japonais Rakuten – vis-à-vis du marché asiatique s’est considérablement assouplie. Bien plus ouverte à l’idée de se tourner vers l’est, la direction culé de Bartomeu suit l’odeur de l’argent et enchaîne les partenariats entre Chine et Japon. Une drague que n’a pas même besoin d’essayer l’Espanyol, dorénavant aux mains du richissime chinois Chen Yansheng, et qui se redécouvre des ambitions. À n’en pas douter, l’avenir des deux clubs de la cité de Gaudi passe inexorablement par ces marchés asiatiques qui rapportent millions d’euros et clientèle massive.
Chen Yansheng : « Créer une entité qui soit très forte »
Depuis l’été dernier, le board azulgrana ne chôme pas. Après les prolongations de Busquets, Mascherano et Neymar, c’est au tour de Luis Suárez d’allonger son bail avec le FC Barcelone. Autant d’extensions de contrats qui s’accompagnent d’une augmentation substantielle de la masse salariale du Barça. Et encore, cette dite masse s’attend à gonfler un peu plus avec la prochaine prolongation de Lionel Messi, désormais second joueur le mieux payé du monde derrière Cristiano Ronaldo. Toutes ces signatures ont un prix, élevé, et pressent la direction de Josep Bartomeu à trouver de nouveaux fonds. Déjà bien implanté aux États-Unis – comme en atteste la nouvelle boutique du club à New York, et en Amérique du Sud, trio de la MSN oblige -, le Mes que, pour contrer les droits télé fous de la Premier League et le pouvoir d’attraction de la Chinese Super League, s’attelle à prospecter dans les marchés asiatiques. Ce qu’il fait, il y a quelques jours, en officialisant un accord de collaboration avec la compagnie BNN Technology pour développer la formation du football chinois en créant des camps d’entraînement. Ou comment fidéliser les plus jeunes Chinois, aficionados en devenir.
Pour sa part, l’Espanyol Barcelone prend la voie rapide du marché chinois depuis le début de l’année et l’acquisition par Chen Yansheng, président du puissant Rastar Group, de 99,31% du club. Actuellement dirigés par Quique Sánchez Flores, les Pericos réussissent un début de Liga prometteur et pointent à la neuvième place du classement, en grande partie grâce à un mercato d’été ambitieux. Mieux, depuis quelques jours, le second fanion de la capitale catalane voit son budget augmenter de 25% pour atteindre les 78 millions d’euros. Chen Yansheng se donne, donc, les moyens de ses ambitions : « Notre objectif est de nous concentrer sur le sportif, sur la Liga, pour y terminer parmi les dix premiers. Ensuite, nous voudrions nous situer entre les huit premiers, puis rivaliser en Europe. Mais nous avons besoin de patience pour créer une entité qui soit très forte. » Sans griller les étapes, autrement dit en boostant sa masse sociale et en s’insérant dans le marché de l’Empire du Milieu, le nouveau big boss des Perruches espère se rapprocher du voisin omnipotent. Pour le moment, les attentes sportives répondent mieux que celles sociales et populaires.
Manel Arroyo : « Associer la marque Barça avec l’Asie »
Concernant la popularité, le FC Barcelone ne boxe pas dans la même catégorie que l’Espanyol : avec ses quelque 133,8 millions de suiveurs sur les trois réseaux sociaux principaux (Facebook, Twitter, Instagram), il surclasse tous les autres clubs du monde. Pourtant, relégués derrière Manchester United et le Real Madrid quant à leurs revenus sponsoring, les Blaugrana se tournent vers le pays du Soleil levant. Un bon coup, à en croire le montant du contrat signé avec le géant japonais du net Rakuten : à 55 millions d’euros minimum la saison, ils se replacent dans le trio de tête des clubs aux liquettes les plus bankables. « Associer la marque Barça avec l’Asie est une bonne chose pour nous et notre futur » , ne cache pas Manel Arroyo, vice-président en charge du marketing et de la communication, lors de la présentation de l’accord. Désormais mieux armés pour affronter la concurrence anglaise, les Culés espèrent retrouver, un jour, un derby de Barcelone à la hauteur de celui de la capitale madrilène. Une rivalité ancienne qui serait ainsi dépoussiérée grâce à l’attractivité barcelonaise sur le continent asiatique.
Par Robin Delorme