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Barça, marche arrière toute !
Meilleure défense de Liga avec l’Atlético de Madrid avant d’affronter le Real, Barcelone impressionne par son équilibre. Normal : le leader espagnol a su profiter des changements de l’intersaison pour s’améliorer derrière.
Le saviez-vous ? Lors des cinq dernières saisons de Liga, la couronne de défense la plus efficace du pays s’est installée sur la tête de l’Atlético de Madrid. À chaque fois. Sauf en 2014-2015. Cette année-là, l’élève barcelonais avait réussi à se montrer meilleur que le professeur madrilène dans cette matière. Cette année-là, le roi catalan s’était également adjugé les trois compétitions majeures qu’il avait disputées (championnat, Coupe, Ligue des champions). Coïncidence ? Peut-être. Toujours est-il que concurrencer les Colchoneros dans ce qu’ils font de mieux reste un signe extrêmement positif. Bonne nouvelle pour le Barça actuel, puisque c’est exactement ce qu’il est en train de faire. Avec sept minuscules buts encaissés depuis le mois d’août en seize journées dans l’épreuve nationale, Barcelone rivalise clairement avec l’Atlético (sept pions mangés également). Évidemment meilleure arrière-garde du pays, cette dernière se montre bien plus solide que celle du Real, rival à onze caramels gobés (en quinze parties).
Umtiti et Ter Stegen au top
Assez étonnant, quand on jette un coup d’œil à la catégorie défenseurs des effectifs respectifs. Chez les assoiffés d’indépendance, pas de Sergio Ramos, de Marcelo, de Daniel Carvajal ou de Raphaël Varane. Non, seulement un Gerard Piqué trentenaire, un Samuel Umtiti désormais intouchable et un Jordi Alba qui a été titularisé à peine vingt fois lors de l’édition précédente. Javier Mascherano ? L’Argentin de 33 ans, qui devrait partir dans les semaines à venir, est aujourd’hui fatigué, et son niveau le condamne au banc. Thomas Vermaelen ? Un corps agonisant qui n’a pas dépassé la barre des quinze matchs depuis 2012-2013. Lucas Digne ? Même pas le centième du talent de Marcelo. Aleix Vidal ? Un type à qui aucun entraîneur ne semble vouloir faire confiance.
Oui, mais voilà : les éléments titulaires du moment paraissent au top. Alba retrouve petit à petit sa forme étincelante, la bataille d’autonomie menée par une partie du peuple agit comme un produit dopant dans les veines de Piqué, et Umtiti – le meilleur défenseur de Liga en 2017 ? – est tout simplement énorme. Ajoutez à ça l’apport de Nélson Semedo dans le couloir droit, surprise plutôt bonne venue de Benfica, ainsi que la grosse santé de l’oublié Marc-André ter Stegen – le meilleur portier de la planète en 2017 ? –, et voilà déjà quelques éléments de réponse justifiant l’immobilisme chronique des filets du portier allemand.
Neymar de défendre
Mais la réussite de la ligne de derrière barcelonaise n’est pas seulement l’histoire de défenseurs bons ou mauvais. Après avoir lâché 139 millions d’euros en trois ans dans ce secteur, le club a finalement dû attendre certains changements pas forcément désirés pour retrouver le bon tuyau. Ainsi, certains considèrent que le départ de Neymar cet été a constitué un mal pour un bien. Sans doute moins motivé à l’idée de fournir les efforts de repli nécessaires par rapport à l’époque de son arrivée, le Brésilien pouvait apporter un certain déséquilibre à une équipe déjà composée de Luis Suárez et Lionel Messi, pas vraiment réputés pour kiffer tacler. « Le transfert de Neymar a provoqué un changement dans la façon dont nous jouons. Nous avons perdu un très grand potentiel offensif, mais cela nous a aussi favorisés sur le plan défensif, n’a d’ailleurs pas caché la puce argentine dans Marcaen novembre. Nous sommes actuellement mieux armés dans l’entrejeu, mieux organisés aussi, et cela fait que nous sommes plus forts défensivement. »
La touche Valverde
Un changement aussi psychologique que tactique permis par son nouvel entraîneur, Ernesto Valverde. Sans doute plus pragmatique que ses prédécesseurs, le technicien passé par Villarreal, Valence ou Bilbao n’hésite pas à déconstruire le classique 4-3-3 catalan pour en dessiner un 4-4-2 beaucoup moins sexy sur le papier (avec un duo défensif devant la défense composé d’Ivan Rakitić, Sergio Busquets ou Paulinho). En clair, Valverde s’en cogne : s’il faut réduire l’esthétisme de son équipe pour densifier l’entrejeu et le renforcer, le coach hispanique ne se pose pas mille questions. Une simplicité qui s’est parfaitement installée après l’agitation de l’été et qui manquait peut-être ces derniers temps chez les Blaugrana. Suffisant pour accrocher un clean-sheet sur le terrain du Real Madrid, contre lequel le Barça a pris au moins un but lors des cinq dernières confrontations ?
Par Florian Cadu