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Barça, Londres d’un doute ?
Ce soir à l'Emirates Stadium, le tenant du titre s'avancera en ultra favori dans son duel avec Arsenal qui marquera aussi les retrouvailles de Thierry Henry et son ancienne équipe. La force de frappe offensive catalane face aux largesses londoniennes, l'affaire semble pliée. Mais attention ! Car en face, les Gunners sont peut-être les mieux armés pour faire trembler le Barça.
C’est un destin bien contrariant qui escorte Thierry Henry depuis plusieurs mois. Auteur d’une saison toute proche du néant, tant sur le plan de sa production que sur son temps de jeu, les deux étant intimement liés, le Barcelonais retrouve pourtant quelques sensations depuis quelques matches. Oh, rien de bien affriolant mais par les temps qui courent, hein… Et puis nouvelle tuile ! Plus que tout autre, Henry voulait éviter Arsenal en Ligue des Champions. Il l’avait dit, clamé même, et sans doute un peu trop fort. Car le sort, ce coquin, a entendu et n’a rien trouvé de plus drôle que de mettre son ancienne paroisse sur la route des siens. Et en répétant sur tous les tons, dans toutes les langues son peu d’envie de croiser le fer avec les Gunners, le Français a un peu mis Pep Guardiola dans l’embarras à l’heure du choix. Déjà peu enclin à donner sa confiance au Titi depuis plusieurs mois, le coach catalan pourrait très vite trancher la question des retrouvailles.
Pep carbure à “Gladiator”, pas à “Love Story” ! De toute façon, il faut bien le dire, le retour de l’ancien King des Canonniers (226 buts en 369 matchs, trois Coupes d’Angleterre, deux titres de champion, quatre couronnes de meilleur buteur, meilleur réalisateur de l’histoire du club, trois fois joueur de l’année,….) doit être nuancé. D’abord parce que la vraie maison de Henry, c’était Highbury, pas cet Emirates qu’il n’a pas eu le temps d’apprivoiser et avec lequel il n’avait pas un feeling dingue selon son propre aveu de l’époque. Ensuite parce que Henry ou pas, c’est pas ça qui va perturber le Barça, proprement irrésistible depuis un an et demi. Au vrai, à la place d’Arsène Wenger, la meilleure nouvelle serait peut-être même de voir son ancien poulain aligné face à ses boys. Car le reste de l’équipe bleu et grenat fait flipper. Mais vraiment flipper.
Zlatan et le fantôme d’Eto’o
Pétaradant vainqueur de toutes les compétitions auxquelles il a participé l’an passé, soit un sextuplé unique dans les annales (Ligue des Champions, Liga, Coupe du Roi, Supercoupe d’Europe, Supercoupe d’Espagne et Championnat du monde des clubs), Barcelone est encore en lice cette saison dans les deux compétitions majeures pour lui, co-leader de son championnat et en piste pour un back to back en C1 inédit depuis le doublé de l’AC Milan il y a exactement vingt ans. Évidemment, le symbole de cette réussite quasi sans égale dans l’histoire porte un nom : Lionel Messi. Époustouflant en temps ordinaire, l’Argentin est carrément stratosphérique depuis un mois. Des buts en pagaille et surtout la sensation de pouvoir démolir n’importe quelle défense à lui seul. Et heureusement pour les Blaugranas ! Car la machine est un peu moins bien huilée que l’an passé. Bien évidemment, la possession de balle est toujours là et il n’est même pas question d’envisager de la leur confisquer, qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il grêle. Mais la traduction de cette emprise est moins évidente. Les raisons sont multiples : légère et logique usure, adversaires mieux préparés et surmotivés, blessures majeures (Xavi, Iniesta notamment) et surtout… Ibrahimovic !
Faut pas se raconter d’histoire, le Suédois n’a pas remplacé Eto’o. Bien entendu, l’ancien Interiste peut toujours avancer qu’il n’est arrivé que cette saison alors que le Camerounais était dans la place depuis plus de cinq ans. Mais leurs profils, assez dissemblables, peuvent aussi faire office d’explication. Là où Big Sam virevolte, décroche, se décale pour la cause collective, Zlatan se veut plus moins mobile, moins altruiste même s’il demeure probablement plus génial que son prédécesseur. Le hic pour les adversaires, c’est que ce Barça moins efficace est devenu, l’air de rien, une redoutable machine à bien défendre. Pas à défendre tout court, hein, que la nuance soit bien claire. Mais le pressing haut imposé aux adversaires se révèle encore plus étouffant que l’an dernier. Ou comment se muer en mur quasi infranchissable sans avoir à s’arcbouter devant ses bois.
Arsenal a peut-être les clés
Face à un Barcelone hermétique, étouffant et toujours saignant, que peut bien espérer Arsenal ? Rien et tout à la fois. A première vue, la défense londonienne est à peu près assurée de prendre un sacré bouillon ce soir, elle qui vole en éclats dès qu’elle croise la route de strikers qui en ont dans le short. Or, on le sait, inutile de songer à gravir les derniers cols sans une défense en béton armé. Une affaire pliée d’avance donc. Sauf que ladite affaire n’est pas si simple. Car Barcelone va jouer contre la formation qui est probablement la plus proche de lui en termes de maîtrise collective même si les individualités londoniennes ne sont pas exactement du même niveau que les stars catalanes, et on ne compte même pas Messi. N’empêche, par sa faculté à sortir la gonfle sans s’affoler, à progresser en passes courtes de ligne en ligne, Arsenal est vraiment armé pour se sortir du pressing haut qui, dans ces conditions, pourrait se révéler trop haut. Car en position de recul défensif, Barcelone n’a jamais impressionné grand-monde et il pourrait y avoir du grabuge.
D’autant qu’en complément, les Canonniers sont, eux aussi, experts en conservation de balle et là encore le doute demeure sur l’aptitude barcelonaise à courir après le cuir, ce que peu d’équipes, pour ne pas dire aucune, ne lui ont encore imposé. Et, à bien y réfléchir, même s’il cultive une part de méthode Coué, Arsène Wenger n’a pas peut-être pas tout à fait tort de penser : « Nous devrons bien sûr annihiler leurs forces. Mais Barcelone aura le même problème. Ils représentent une menace, collective et individuelle, mais nous aussi. Si nous sortons le meilleur de ce que nous savons faire, nous pouvons battre n’importe quelle équipe dans le monde » . Oui, sur bien des points, Arsenal peut poser des problèmes inédits à Barcelone. Et comme au poker, on lui suggérerait bien de relancer. Juste pour voir…
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