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Barça, le vrai roi d’Espagne

Par Florian Cadu
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Barça, le vrai roi d’Espagne

Manchester City ? Paris ? Non, Barcelone : dernière équipe d’Europe invaincue en championnat cette saison, le club catalan impressionne. Avec un certain talent, mais surtout grâce à son caractère étonnant.

21h20, Saint-Sébastien, dimanche 14 janvier 2018. Le public est heureux au stade d’Anoeta. Il y a de quoi : dans un peu plus d’une heure, la Real Sociedad – qui mène alors 2-0 après des buts de Willian José et Juanmi Jiménez – sera sûrement devenue la première équipe de Liga à avoir fait tomber le grand Barcelone cette saison. Suffit d’attendre et de hurler son soutien aux joueurs locaux tout en serrant les dents. Des actions antagonistes, et donc impossibles à réaliser. Une demi-heure plus tard, la mission a pris du plomb dans l’aile. Les Catalans ont pris le temps de se rebeller, et le tableau d’affichage indique que les deux teamssont à égalité. La fin de la soirée sera finalement frustrante pour les Bleu et Blanc, qui encaissent deux pions supplémentaires et laissent leurs adversaires partir du Pays basque avec les trois points en poche. Comme s’il n’y avait rien à faire. Comme si le scénario avait été écrit à l’avance.

Mené de deux unités après une entame de match ratée, le Barça s’en est donc sorti de belle manière. Presque sans souffrir. Dans une enceinte où il ne s’était plus imposé depuis 2007, qui plus est. Avec en tête de gondole un Luis Suárez énorme (doublé, une passe décisive), un Lionel Messi décisif (365e but en Liga sur un joli coup franc de 35 mètres) et un Paulinho surprenant (auteur de la réduction du score juste avant la pause). Comme souvent. Et puisque Manchester City s’est incliné quelques instants plus tôt, voilà le leader espagnol seul club d’Europe invaincu en championnat pour cette édition 2016-2017. Belle performance.

Pas d’équivalent, tout simplement

Une perf’ qui ne doit rien au hasard, et qui va peut-être enfin diriger la lumière vers la bande d’Ernesto Valverde. Jusque-là, et même s’ils n’ont pas oublié le parcours barcelonais actuel assez dingue, les médias ont préféré s’arrêter sur le formidable jeu léché des Sky Blues de Pep Guardiola, sur la puissance offensive du Paris Saint-Germain ou sur la méforme du Real Madrid. Pourtant, ce que proposent les Blaugrana est tout aussi stupéfiant. Large leader de Liga (neuf unités d’avance sur l’Atlético de Madrid, 19 sur la Maison-Blanche), meilleure attaque (52 réalisations contre quarante pour Valence), deuxième meilleure défense (neuf pions encaissés contre huit pour les Colchoneros), la contrée d’Andrés Iniesta n’a plus connu la défaite toutes compétitions confondues depuis le 16 août 2017 et une visite au Santiago-Bernabéu lors de la Supercoupe retour.

Comment expliquer cette réussite ? D’abord, évidemment, par les joueurs majoritairement alignés par Valverde : tous les titulaires sont solides, et aucun n’a véritablement connu de passage à vide. Raison pour laquelle l’ancien de l’Athletic Bilbao fait très peu tourner (onze éléments à plus de 980 minutes en Liga ; tous les autres en comptant moins de 630). S’ils doivent parfois fournir un mot d’excuse au professeur pour des absences justifiées (blessures de Samuel Umtiti, d’Iniesta, de Sergi Roberto…), les remplaçants font parfaitement le taf. Avec une mention spéciale pour Thomas Vermaelen, revenu d’entre les morts pour suppléer à merveille Umtiti.

Réaction, intelligence et sérénité

Plus calculateur qu’auparavant, le Barça démontre aussi et surtout un sacré caractère combiné à une belle intelligence. Lorsque les grands rendez-vous surviennent, la troupe de Messi ne se met pas une pression dingue. Et si elle ne se sent pas dans un jour suffisamment bon pour gagner 3-0 comme chez le rival madrilène, elle sait se contenter de ne pas perdre. C’est ce qui s’est passé à l’Atlético (1-1), à Valence (1-1) ou à Turin (0-0). Elle est également capable de résister à une période de tempête, aussi relative qu’elle soit, comme le montre sa mauvaise première mi-temps traversée au Bernabéu sans que ses filets n’en tremblent pour autant.

Et puis, Suárez et ses potes réagissent toujours à temps. À Saint-Sébastien donc, mais aussi à l’Atlético (égalisation à la 82e minute), à Valence (idem) ou, dans un autre registre, contre le Celta de Vigo (égalisation deux minutes après l’ouverture du score). Enfin, que dire de ses prestations à domicile ? Simple : les locataires du Camp Nou y ont bastonné tous les squatteurs qui ont voulu s’y incruster, à l’exception de Vigo. Et par au moins deux uppercuts d’écart (seul Séville s’est permis de quitter les lieux avec un 2-1 dans les dents). D’où la stupide question qui devient aujourd’hui sérieuse : après Bilbao et Madrid (en 1929-1930 et 1931-1932, époque où la compétition ne comptait que 18 journées), Barcelone peut-il faire partie des invincibles du championnat espagnol ?

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