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- Ce qu'il faut retenir de la 10e journée
Barça et Real engrangent, Bilbao montre les muscles
Faciles vainqueurs de Getafe et de Las Palmas, Blaugrana et Merengues poursuivent leur bonhomme de chemin en tête de la Liga et distancent un peu plus le trio de suiveurs composé par Atlético, Celta et Villarreal. L'Athletic Bilbao, après un début d'exercice compliqué, s'affirme quant à lui comme un candidat crédible à l'Europe.
L’équipe du week-end : Athletic Bilbao
Aimable et accueillant, le Benito Villamarin offre à l’Athletic Bilbao un climat des plus basques. Sous des trombes d’eau et une température fraîche, les Leones prennent, dès le coup d’envoi, le contrôle de la rencontre. Le Betis, incapable de sortir la tête du seau, peut même s’estimer heureux de ne rentrer aux vestiaires qu’avec deux pions de retard. Deux banderilles estampillées Iñaki Williams qui, d’un tir soudain à l’entrée de la surface et d’une Madjer sur un service de Raúl García, prend la relève d’un Aritz Aduriz toujours aussi fin, mais sans réussite face aux cages. Bien malgré lui, le canterano bilbayen relance pourtant le suspense en concédant un penalty pour une main baladeuse. Une réduction du score de Rubén Castro qui reste anecdotique : après avoir tutoyé la barre d’Adán, l’ancien Colchonero décoche une lourde frappe qui officialise la seconde victoire consécutive des Leones. Des Basques qui, grâce à une série de cinq rencontres sans défaite, se replacent dans la course à l’Europe et s’affirment comme de sérieux concurrents pour les Villarreal, Valence et FC Séville.
Le Don Quichotte du week-end : Sergi Roberto
Depuis l’arrivée providentielle de Sergio Busquets lors de la saison 2008/09, aucun produit de la Masia ne s’est imposé comme un indéboulonnable du milieu de terrain blaugrana. Thiago Alcántara et Cesc Fàbregas, bien qu’importants, ne se sont ainsi jamais imposés comme de dignes successeurs de Xavi et Iniesta. Une mission des plus compliquées que Sergi Roberto est en passe de réussir. De nouveau titulaire face à Getafe, celui qui a intégré l’équipe première dès 2010, et en est un membre à part entière depuis 2013, a éclaboussé la rencontre de sa classe. D’abord passeur décisif d’une aile de pigeon pour Luis Suárez, il remet ça en début de second acte avec une ouverture millimétrée pour Neymar. Deux actions d’esthète qui s’accompagnent d’un travail de tous les instants et, donc, de compliments de la part de Luis Enrique, qui l’a longtemps couvé avec le Barça B : « Sergi traverse une superbe passe. Il faut en profiter. » Avec la litanie de blessés qui garnit l’infirmerie du Camp Nou, Sergi Roberto devrait conserver encore pour un temps la confiance de Lucho.
Vous avez raté Real Sociedad-Celta de Vigo et vous n’auriez pas dû
D’un coup de pétard des trente mètres, Pablo Hernández transperce les filets txuri-urdin et offre trois points homériques au Celta de Vigo. En soi, une juste récompense pour celui qui, depuis son arrivée en Galice à l’été 2014, n’a reçu que critiques et quolibets de la part des aficionados celtiñas. Depuis le début de saison, cet international chilien ne cesse de gagner en importance dans le système du Toto Berizzo. Un système résolument offensif qui a encore fait des siennes à Anoeta. Mené par deux fois, et un doublé de l’inévitable Agirretxe, le Celta répond du tac au tac par l’intermédiaire de l’enfant de la maison. Iago Aspas, de retour au premier plan après des passages ratés à Liverpool et Séville, prend ainsi le relais de Nolito, pour une fois muet, et permet aux Galiciens de rester au coude-à-coude avec le Real. Un duel équilibré qui, après de multiples opportunités pour les deux équipes, penche finalement du côté des visiteurs lorsque Hernandez envoie, de volée, le cuir dans la lucarne de Rulli. Un pion décisif qui fragilise encore plus David Moyes, mais qui renvoie le Celta à trois petits points du Real et du Barça.
La polémique de la machine à cafe con leche : Halloween et la mauvaise blague blaugrana
Le stade de Getafe est le cauchemar de tous les gratte-papier en charge du suivi de la Liga. Sans zone mixte et sans organisation, les arcanes du Coliseum Alfonso Pérez racontent à leur façon le certain amateurisme qui règne dans le club de la banlieue madrilène. Les joueurs du FC Barcelone en sont désormais au fait. Victorieux sans forcer et sans s’inquiéter, ils profitent de l’après-match pour se parer de leurs plus beaux costumes d’Halloween. Une blague qui se transforme en « scandale d’État » lorsqu’ils débarquent dans la salle de presse des Azulones, où Victor Fernandez répond aux questions des journalistes. Gerard Piqué, toujours dans l’œil du cyclone, se rend rapidement compte de la bévue – « Merde, nous nous sommes plantés » , évoque-t-il dès son entrée dans la salle -, mais ne peut empêcher la machine à polémique de se mettre en route. Après les critiques acerbes des médias pro-merengues et le mal-être des joueurs de Getafe, Iniesta a finalement appelé Pedro Léon, capitaine de Getafe, pour s’excuser : « Nous acceptons ses excuses. Andrés m’a dit qu’ils ne souhaitaient pas interrompre la conférence de presse de Victor. Ils cherchaient la zone mixte. » Quelques indications dans les coursives de l’antre de Getafe n’auraient pas été de trop…
Le golazo du week-end : Alen Halilović
Rare recrue du Sporting Gijón, Alen Halilović ne cesse de se mettre en lumière. Le jeune Croate, une nouvelle fois à la mène, n’a pas fait qu’inscrire le seul – beau – but de la rencontre. Non, il s’est également acoquiné, par deux fois, avec les montants du Molinon. En voilà un qui devrait retrouver les Ramblas barcelonaises d’ici la fin de saison…
L’analyse définitive : la guérite du Bernabéu a de la ressource
Le puzzle de Rafa Benítez commence, doucement mais sûrement, à prendre forme. Contraint à faire appel à sa jeune garde pour cause de nombreux patients à déplorer dans l’infirmerie – James, Bale, Sergio Ramos, Carvajal, Benzema… -, l’entraîneur merengue semble avoir trouvé la formule gagnante. Jesé, Lucas Vázquez, Casemiro et Nacho, promis à un rôle de second couteau, sont actuellement les hommes forts du leader de la Liga. Une demi-surprise, tant ces jeunes pousses squattaient la guérite et les travées du Santiago Bernabéu sous Carlo Ancelotti. « Des joueurs dont personne ne pensait qu’ils allaient avoir des minutes nous donnent des points, argumente-t-il suite à cette victoire face à Las Palmas (3-1). Le fait que des joueurs formés au club aient des minutes nous aident à grandir. Quand je suis arrivé, certains disaient qu’il n’y avait pas de canterano… » Même si peu sexy, le jeu de ce Real rassure les socios nostalgiques qui rêvent d’un temps où leur Fabrica permettait au fanion blanc de trôner sur le toit de l’Espagne et de l’Europe.
Les déclas du week-end
« J’ai pleuré de rage, car ce nul me semble comme une défaite. L’effort d’une ville et d’un effectif ne peut s’envoler pour de petits détails. Ce n’est pas une question de tactique ou de technique. Les enfants de la rue savent mieux jouer au football que nous. » José Ramon Sandoval, qui « joue sa vie » sur le banc de Grenade, n’a pu contenir sa colère suite à l’égalisation de l’Espanyol dans les derniers instants de la rencontre. Pour sûr, les Andalous se traînent toujours dans la zone rouge.
« L’erreur de Giménez fait partie des détails du football. Celui qui joue sait que ces situations peuvent arriver. Moi, je me focalise sur d’autres choses, comme lorsqu’en seconde mi-temps, mon équipe n’a pas eu le ballon et s’est réfugié à défendre. » Plus que d’enfoncer son jeune central uruguayen, Diego Simeone a préféré taper sur son collectif qui, à défendre son petit but d’avance, a été puni par un Depor qui retrouve de son super (1-1).
« Ils doivent faire attention avec ces choses, parce que s’ils perdent le Clásico, ils verront les unes qui leur diront qu’ils ont enlevé leurs masques. (Quant à Piqué, ndlr) il demande qu’il ne soit pas sifflé… » Après la bourde des Barcelonais, Angel Torres, président des Azulones, l’a mauvaise. Reste à savoir si la prochaine réception des Blaugrana se fera à Getafe, lui qui a annoncé que son club pourrait quitter la ville.
Et sinon, que pasa
Fayçal Fajr, débarqué à La Corogne depuis Elche cet été, s’éclate en Galice, en atteste sa superbe frappe enroulée face à l’Atlético. Une caresse sur laquelle Oblak ne peut rien, si ce n’est remercier son équerre d’avoir conservé le point du nul.
Pourtant sur la pente ascendante, le FC Séville est retombé dans ses travers sur la pelouse de Villarreal. Dépassés techniquement, les Palanganas offrent décidément un visage frileux sans leur maître à jouer Banega et repartent du Madrigal avec une défaite qui aurait pu être bien plus sévère (2-1).
Surprise du début de saison, Eibar, toujours sixième, ne semble pas vouloir s’arrêter en si bon chemin. Une nouvelle fois victorieux, cette fois face au Rayo Vallecano (1-0), les petits Basques auraient même pu inscrire le but de la journée si la frappe des trente mètres de Keko n’avait trouvé la barre transversale.
Stade mythique de Liga, Mestalla n’en reste pas moins l’un des plus difficiles. Pourtant faciles vainqueurs du derby de Valence (3-0), les Chés ont quitté la pelouse sous les huées. Des sifflets destinés à Nuno, toujours en conflit avec Negredo et De Paul, deux des chouchous de l’aficion des Naranjas.
⇒ Résultats et classement de Liga
Par Robin Delorme, à Madrid