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Barça : et maintenant, on fait quoi ?
Luis Enrique souhaite donc prendre un bol d’air dès la fin de la saison. Cette annonce ne répond pas à toutes les questions qui entourent l'avenir du Barça.
Pourquoi maintenant ?
« Je dois être fidèle et juste envers mes propres pensées.(…)Je renonce à un poste d’entraîneur pour la saison prochaine. La raison est claire : la façon dont je vis cette profession, avec une recherche permanente de solutions, de choix propres à améliorer l’équipe. Cela implique peu de temps de repos, de déconnexion. La fin de saison va arriver, je vais me reposer et cela va me faire du bien. C’est la raison principale. » Si la question du « pourquoi » trouve une réponse dans les paroles de l’Asturien de naissance, le « maintenant » se trouve dans le résultat du soir. Mis sous pression par les médias depuis sa prise de poste, Luis Enrique subissait cette relation depuis la déroute connue au Parc des Princes. Très agacé par les questions posées par le journaliste de TV3 Jordi Grau dans l’après-match, le coach s’est à nouveau pris le bec avec la presse sur ses choix tactiques après la victoire récente contre l’Atlético de Madrid, insinuant que l’auteur de la question analysait mal les schémas de jeu. Annoncer son départ sur une victoire 6-1 sans aucune contestation possible, c’est plus habile. Et on le comprend tout à fait.
Quelles conséquences sur la fin de saison du Barça ?
« Maintenant, il me reste trois mois à passer ici. Nous restons encore engagés dans toutes les compétitions, même si dans l’une d’elles, nous sommes dans une situation difficile. Cependant, je suis convaincu que nous aurons une opportunité d’inverser la tendance. Avec l’aide de tous et si les planètes s’alignent, ce match peut être l’occasion d’un renversement de situation. Quoi qu’il arrive, il nous reste aussi d’autres challenges pour terminer cette saison de la meilleure façon possible. C’est ce que mérite le club. » Là aussi, Luis Enrique fait bien de se pencher sur les échéances à venir, sans oublier la référence astrologique qui fait baisser la température dans la salle. Annoncer son départ à l’avance, cela peut amener les joueurs à deux types de comportement : soit terminer en roue libre et se démobiliser sans complexe, soit rendre un hommage appuyé à son futur ex-patron sur le terrain. Au vu du prestige du club et du respect envers les socios, la seconde option devrait être privilégiée. Si la C1 relève du domaine de l’utopique, le Barça est en finale de Coupe du Roi et un point devant le Real Madrid en Liga, qui compte un match en moins. De quoi envisager un Clásico crucial le 23 avril prochain, au Bernabéu.
Quelle trace laissera-t-il en tant qu’entraîneur du FC Barcelone ?
Il ne faut pas se le cacher, faire partir Lucho par la petite porte serait un vrai manque de respect. Car si l’homme est un brin têtu, il n’en reste pas moins un redoutable tacticien, doublé d’un mâle avec une vraie paire de cojones. Capable de prendre la succession d’un football de possession en perte de vitesse sous Tata Martino, il sera parvenu à le faire évoluer en jeu de transition, marqué par l’alternance entre le jeu court et le jeu long, une philosophie couronnée d’un triplé historique C1-Liga-Coupe du Roi en 2014-2015. Élogieux envers son collègue hier, Guardiola lançait une phrase simple, mais si vraie : « À Barcelone, il faut moins écouter les autres et prendre des décisions impopulaires. » Lors de l’été 2014, Luis Enrique recrute Luis Suárez, condamné par la FIFA pour morsure sur un adversaire jusqu’à la fin du mois d’octobre. Avec un joueur à la réputation de fou furieux, qui aurait pu présager une telle réussite ? Enfin, pour les plus antimadridistas, Luis Enrique, c’est quand même le joueur qui a quitté le Real Madrid pour le FC Barcelone au cours de sa carrière, pour y finir capitaine. Mieux vaut ne pas gâcher sa sortie d’entraîneur…
À quoi va ressembler la suite de sa vie ?
Après une année de repos mérité aux Asturies ou ailleurs, il sera sûrement temps pour Luis Enrique de retrouver une équipe à diriger. Passé par le Barça B, l’AS Rome, le Celta Vigo puis le Barça, sa prochaine écurie devrait être d’un standing similaire au Barça. Si l’homme ne connaît aucune expérience dans le championnat anglais, son CV d’ancien vainqueur de la Ligue des champions devrait séduire des équipes du haut de tableau à tenter l’expérience, quand son pic de forme sera de nouveau atteint. Qui sait, d’ici un an, Arsenal cherchera peut-être un remplaçant à tonton Arsène… Et puis au pire, il y a toujours le vélo pour envisager une reconversion. Luis Enrique Indurain.
Los lagos de Covadonga, sin palabras …😍 pic.twitter.com/5iexDEKGP5
— LUISENRIQUE (@LUISENRIQUE21) 29 août 2016
Si Sampaoli est le candidat du clan Messi, qui est celui du clan Jérémy Mathieu ?
Derrière le départ de Luis Enrique se cacherait donc aussi – et peut-être surtout – la volonté de Lionel Messi de voir débarquer son compatriote Jorge Sampaoli. Sauf que la vie, mon petit bonhomme, ce n’est pas une personne qui décide et toutes les autres qui suivent comme des ovins. Quelle est la légitimité de Messi à décider de l’identité du prochain coach du Barça ? Claquer des quadruplés contre Alavés et Grenade autorise-t-il à se sentir au-dessus du reste du vestiaire ? Non. Alors chacun des membres de l’effectif blaugrana a le droit de profiter de ce que l’époque appelle « la démocratie » pour donner son avis et soutenir un candidat à la succession de Luis Enrique. Tout le monde, y compris Jérémy Mathieu. Du haut de ses trente-trois ans et de ses 86 matchs avec le Barça, l’homme aux cheveux de feu est condamné à être un sujet de débat. Qu’importe, son contrat en Catalogne expire en juin 2018. Un contrat qu’il honorera jusqu’au bout et qui n’aura un sens que s’il partage sa dernière saison avec un « Mister » qu’il connaît par cœur. Un monstre tactique qui a eu sous ses ordres deux équipes encore engagées en Ligue des champions (Monaco et le PSG). Un amoureux du beau jeu qui partage avec Mathieu le point commun d’avoir sévi à Sochaux entre 2005 et 2008. Un monsieur qui saurait redonner un coup de fouet à ses stars endormies du Barça. Un homme qui s’appelle Guy Lacombe.
Par Antoine Donnarieix