- Ligue 1
- 7e journée
- Evian/Lorient
Barbosa fait de la résistance
On dit souvent qu’un joueur atteint le maximum de son potentiel entre 25 et 30 ans, quand il est au top physiquement et suffisamment mature. Cédric Barbosa a attendu d’en avoir 35. Après près de 20 ans de professionnalisme et quelques années de galère, celui qui fut un temps considéré comme le chat noir du foot français est désormais au sommet de son art. Il était temps.
Alès, Montpellier, Rennes, Troyes, Metz, Evian. Le parcours de Cédric Barbosa ne fait pas vraiment bander. Ses stats non plus. Jusqu’à la saison dernière du moins. Quand il débarque à Evian en National en 2009, on se dit qu’il va mettre un terme à sa carrière dans l’indifférence générale, avec l’étiquette de chat noir du football français. Une réputation entretenue par Frédéric Antonetti. En 2007, lors d’un match entre Metz et Nice, Barbosa commet une faute grossière sur Ederson, qui s’apprêtait à mettre le ballon en touche pour que son coéquipier Jeunechamp puisse se faire soigner. Un coup de sang pas franchement apprécié par l’ancien coach niçois. « Espèce d’imbécile, beugle-t-il alors sur son banc. Cette espèce d’imbécile continue de jouer encore. A chaque fois qu’il est dans un club, ils descendent. »
Le chat noir
La remarque est dure – « De la part d’un éducateur, c’est choquant, surtout sur les bords d’un terrain » -, mais pas totalement fausse. Barbosa a en effet connu les affres de la relégation avec quatre de ses cinq premiers clubs (Alès, Montpellier, Troyes et Metz). « Je pense que cette mauvaise image a refroidi quelques clubs qui ont souhaité, à un moment donné, me recruter, avoue Barbosa l’année dernière sur Canal+. Je pense aussi que ma grave blessure au genou, en 2004, quand j’étais à Rennes, n’a pas joué en ma faveur. » Une blessure qui gâche totalement son parcours en Bretagne puisqu’après une première saison pleine, il n’entre plus du tout dans les plans de László Bölöni. Suite aux descentes successives avec Troyes et Metz, « Ced le maudit » fait un choix de carrière fort en rejoignant un nouveau-né, alors pensionnaire de National : Evian Thonon Gaillard.
Barbosa n’avait plus connu la Troisième division depuis la saison 1996-1997 à Alès. « J’ai pris un risque en venant ici, en National, reconnaît-il sur Ma chaîne sport. J’ai fait pas mal d’efforts mais j’ai agi comme je le fais souvent : avec mon cœur. Ça n’a pas été évident. Ton ego en prend un coup lorsque tu as connu le haut niveau et que tu te retrouves en National… Mais il faut aller au bout des décisions qu’on prend. » Cette décision, il ne la regrettera pas. Venu à Evian « avec l’état d’esprit d’aider le club » , le natif d’Aubenas ne se doute pas qu’il va retrouver la Ligue 1 en seulement deux ans. Champion de National avec la meilleure attaque et la meilleure défense, puis champion de Ligue 2, l’ETG découvre l’élite du football français après seulement quatre années d’existence. Grâce à ces deux titres, Barbosa dépucèle enfin son palmarès, lui qui n’avait jusque-là gagné qu’une Coupe Intertoto en 1999 avec Montpellier. Le signe indien est vaincu.
Au top à 36 ans
Il participe également à ce qui constitue l’un des exploits majeurs de la courte histoire du club évianais, à savoir la victoire contre Marseille en 32e de finale de la Coupe de France le 9 janvier 2011 (3-1), grâce notamment à son ouverture du score. Pour son retour en Ligue 1, il réalise certainement la meilleure saison de sa carrière. Huit buts, huit passes décisives et une influence grandissante sur le jeu des Haut-Savoyards. Ni rapide ni costaud, Barbosa est un milieu de terrain à l’ancienne qui joue principalement sur ses qualités techniques et sa vision du jeu. Son professionnalisme et son hygiène de vie irréprochables lui permettent de prolonger le plaisir cette année, à l’âge de 36 ans. Pour sa douzième (et dernière ?) saison en Ligue 1, celui qui rêvait de jouer un jour à Benfica, le club de son cœur, est une nouvelle fois parti sur de très bonnes bases (trois buts en six matches). Avec un dernier objectif, celui d’aider Evian à se maintenir avant de raccrocher les crampons.
Quentin Moynet