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Barbosa : « Ça sent bon, mais attention… »
Blessé, Cédric Barbosa profite de son temps libre pour se faire une petite coupe de cheveux. « Ça va, il ne m’a pas coupé les oreilles ». Ouf, le briscard d’Evian Thonon Gaillard va pouvoir en dire plus sur la bonne saison du club de Haute-Savoie, bien parti pour se maintenir.
Cédric, si l’on oublie la défaite face à Rennes la semaine dernière, ton club se porte plutôt bien pour le moment…
Ouais, ouais. De toute façon, si tu regardes depuis le début, je pense que l’on peut dire que pour nous, cette saison est une bonne saison. On est promu, on se retrouve dixièmes, c’est forcément quelque chose de bien. Après, il faut faire attention, on n’est pas encore à l’abri.
Ça commence à sentir bon, quand même…Oui, ça commence à sentir bon. Mais tant que tu n’as pas les points, tu doutes… Notre calendrier n’est pas évident, et même si tout le monde dit qu’on est pas mal, moi je vois qu’on a un déplacement compliqué à Valenciennes, après on reçoit Toulouse et Lyon, puis trois matchs au couteau. On va à Ajaccio, on reçoit Nice puis on va à Brest. Donc ça serait bien de prendre trois points avant de jouer les derniers matchs. Et puis bon, on a Montpellier au milieu aussi… Aujourd’hui, il suffit de perdre deux matchs de suite pour se retrouver dans la charrette avec les autres… Si on ne se met pas vite à l’abri, ça peut devenir compliqué. Après, on sait aussi que si on continue comme cela, on peut gagner une ou deux places. Rien n’est terminé. On va voir comment ça se profile.
Comment tu expliquerais cette homogénéité, justement ?Je pense que toutes les équipes de Ligue 1 sont focalisées sur l’aspect tactique. C’est bien organisé, il n’y a pas beaucoup d’espaces pour les attaquants… Il faut aussi insister sur le fait qu’aujourd’hui, il n’y a pas vraiment d’équipe qui est au-dessus du lot, comme on peut le voir dans d’autres championnats comme en Espagne et même en Angleterre, où le quatrième est largué. En France, ça reste ouvert à tout le monde. On voit qu’une équipe comme Montpellier, que tout le monde voyait craquer, peut faire des choses très intéressantes avec son collectif.
Cette homogénéité, c’est une force ou une faiblesse ?De toute façon, je pense que dans notre championnat, il manque quelques stars. Mais économiquement, on ne peut pas rivaliser. C’est comme ça que je le vois. Cela étant, je ne crois pas que notre championnat est devenu plus faible. Peut-être qu’il s’est rajeuni, et que du coup, on est un peu plus naïfs, plus stéréotypés, mais quand on regarde les joueurs qui viennent de l’étranger, qui sont passés par des bons clubs, comme Klasnic ou Köller, ils rament bien quand ils arrivent France. Pastore ? Il n’a que 22 ans et une langue à apprendre. On va lui laisser un peu de temps. Souviens-toi de Valdo.
Le départ de Bernard Casoni à la mi-saison a été assez brusque. Comment s’est passée l’arrivée de Pablo Correa ?Y a eu un moment de transition, évidemment. On ne peut pas dire que du jour au lendemain, tout s’est passé nickel. Après, il est arrivé à la tête d’une équipe qui n’était pas mal classée, ce qui est quand même plus simple que de prendre une équipe à la ramasse. Mais il a bossé dans la continuité de Bernard Casoni, et au bout d’un bon mois, tout s’est bien passé. Il s’est adapté au groupe et aujourd’hui, on en tire les bénéfices. Ça a pris le temps qu’il a fallu.
Pablo Correa a la réputation d’être un entraîneur assez défensif, mais pourtant, vous pratiquez un jeu assez plaisant, non ?Je pense déjà que c’est lui qui a fait un effort. Je pense qu’il a récupéré un groupe qui avait déjà une certaine façon de procéder. Il a bien évidemment voulu apporter sa touche personnelle, mais je ne pense pas qu’il a tout révolutionné. On est vraiment dans une continuité. Quand on regarde l’équipe, elle n’a pas beaucoup évolué. On a toujours voulu jouer en faisant attention à ne pas prendre de buts, c’est toujours ainsi aujourd’hui. Après, pour ce qui est de sa réputation, il a un message qui est celui de beaucoup en France. C’est ce que je te disais tout à l’heure : ne pas prendre de but et être rigoureux. Cela étant, notre effectif est assez technique pour qu’on soit plaisants à voir.
« En repensant à moi trois ans en arrière, je ne fais pas le malin ! »
Tu as passé toute ta carrière en France. Ça ne te frustre pas de ne pas avoir découvert un autre championnat ?Moi j’ai toujours évolué ici, donc ça ne me frustre pas plus que ça. Après quand tu entends d’autres joueurs, qui ont joué en Espagne, en Allemagne ou en Angleterre, te raconter leurs expériences, ça peut te donner envie, mais moi, je suis fier d’avoir fait ma carrière ici. Une expérience à l’étranger aurait pu me plaire, mais aujourd’hui, je suis content.
Tu as commencé l’aventure Evian TG en National, ça doit être quelque chose de fort de gravir les échelons aussi vite…C’est quelque chose de très, très fort. Parce que quand tu as passé la majeure partie de ta carrière en Ligue 1 et qu’à un moment donné, tu dois faire le choix de partir à l’étranger, en Turquie, ou de jouer en National ou en Ligue 2, tu te poses beaucoup de questions. A un moment donné, tu prends ta décision. Aujourd’hui, je ne la regrette pas du tout ! Mais en repensant à moi trois ans en arrière, je ne fais pas le malin ! Le projet était séduisant, mais jamais j’aurais pensé que nous puissions gravir les échelons aussi vite.
D’ailleurs, parles-nous un peu du moment où tu as rejoint Evian…Ma volonté était initialement de rentrer à Montpellier. Je n’en ai pas eu l’opportunité, on n’a pas voulu de moi. Je te cache pas que ça m’a mis un petit coup au moral, mais le projet d’Evian m’a séduit, le président me connaît depuis longtemps. A un moment, il fallait que je prenne ma décision. Je m’entraînais avec l’UNFP, la saison de National avait déjà commencé… Pour ma famille, c’était important qu’on se pose.
Tu commences à te faire vieux, comment vois-tu ton avenir ?Déjà, si tout va bien, on va rester une année de plus en Ligue 1, et j’ai prolongé d’un an ! Alors l’avenir, dans l’immédiat, il est ici et je ne vois pas pourquoi il serait ailleurs. Je vais profiter, profiter de mes derniers instants, car on ne va pas se mentir, je suis plus proche de la fin que du début ! Je ne me pose pas de questions, j’avance comme ça, avec plus ou moins de réussite. Ça me fait plaisir, ce qu’il se passe cette année. Je profite de mes collègues, de mon équipe, du travail des autres, car je ne suis pas quelqu’un qui fait la différence tout seul !
Vous avez pas mal de briscards à Evian. Comment se passe le passage de témoin avec les jeunes ?Ça se passe très bien. On a des jeunes qui sont très à l’écoute, ce qui n’est pas toujours le cas. Et puis sur le terrain, on montre qu’on est là. Puis on est dans un club qui a des valeurs, les gens s’attachent à ce que les anciens prennent les devants et donnent une bonne image.
Tu parlais de Montpellier tout à l’heure, tu aimerais qu’ils soient champions ?Montpellier c’est mon club de cœur. Je l’ai toujours dit. J’y ai passé six saisons magnifiques, avec des hauts et des bas. C’étaient mes plus belles années de footballeur. Même dans les mauvais moments, on y vivait bien. Je suis très content pour eux. J’aimerais vraiment qu’ils aillent jusqu’au bout. En janvier, je pensais que ce serait dur, aujourd’hui, je pense qu’ils peuvent le faire ! Ce qui m’embête, c’est qu’on doit bientôt les jouer…
Propos recueillis par Swann Borsellino