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- Le joueur de la 17e journée
Barbosa, 36 ans et toutes ses dents
Un doublé, trois points importants et surtout, un sourire. Le sourire de celui qui prend son pied sur un terrain de foot à bientôt 37 ans. Joueur de cette 17e journée, Cédric Barbosa profite du terrain à 100% et croque dans le ballon à pleines dents. Il faut dire que le bonhomme, qui jouait en National il y a quelques saisons de ça, revient de loin.
Cédric Barbosa est un homme de cœur. Mardi soir, la veille d’une rencontre déjà importante face à trois, l’heureux père de famille souhaite un bon anniversaire à sa fille, mais voit son pote Gaël Danic se briser le péroné. Titularisé le lendemain au Parc des Sports d’Annecy, le natif d’Aubenas a donc deux dédicaces à faire. Deux buts à mettre quoi. Et tant pis pour Yohann Thuram. 90 minutes plus tard, tout est réglé et Cédric quitte la pelouse tout sourire, avec le goût du boulot bien fait. Pas du genre à se jeter des fleurs, le Haut-Savoyard remercie ses coéquipiers pour l’avoir mis dans de bonnes conditions, son staff pour lui avoir accordé sa confiance alors qu’il ne se juge « pas terrible » en ce moment. Modeste, bosseur, heureux et parfois buteur. L’histoire de la longue carrière de Cédric Barbosa.
Montpellier refuse de le reprendre
On l’oublie souvent, mais la saison dernière, Cédric Barbosa a remporté le championnat de France. Non, il n’a pas participé à l’épopée montpelliéraine. Et alors ? Le MHSC, c’est son « club de cœur » , là « où il a passé les plus belles années de sa carrière » . Le garçon n’est pas rancunier. Car au moment où il quitte le FC Metz au début de l’été 2009, Barbosa a envie de revenir à Montpellier, mais le club ne veut pas de lui. « Ça m’a mis un petit coup au moral » sabre d’ailleurs l’intéressé qui, sans club à ce moment précis, s’entraîne avec l’UNFP. Le CV du joueur parle pour lui, mais la seule piste sérieuse, en Turquie, ne le chauffe pas plus que ça. En contact avec le président de Croix de Savoie, l’ancêtre de l’ETG, Barbosa pose ses couilles sur la table. « Dans ces moments-là, tu te poses beaucoup de questions. Mais pour ma famille, c’était important qu’on se pose » se rappelle-t-il. La saison de National commencée, le joueur s’engage avec le club haut-savoyard. « En y repensant, je ne fais pas le malin ! » rigole l’intéressé, alors séduit par le projet. Un pari payant puisque l’ETG s’offre deux montées en deux ans. Barbosa retrouve la Ligue 1 et la lutte pour le maintien. Son terrain de jeu favori.
Cédric Barbosa fait partie des joueurs qui font la Ligue 1. C’est comme ça. Pas ultra-talentueux, pas médiatique, sympathique et accessible, il est de ceux qui apportent cette dimension humaine appréciable sans se la jouer vieux con. Également passé par Rennes, Troyes et Metz, il laisse des bons souvenirs un peu partout. Plus homme de coups qu’homme de statistiques, le joueur de 36 ans a réalisé l’une des plus belles saisons de sa carrière l’année passée, avec un joli bilan de 8 buts et 8 passes décisives. Cette année, après son doublé dédicace, Barbosa facture cinq pions. Mais attention, il est en mission. Pour motiver ses joueurs Pascal Dupraz, l’entraîneur d’Évian, a annoncé que s’ils atteignaient la barre des 23 points à la trêve, ils auraient plus de vacances. Les adversaires des Haut-Savoyards sont prévenus : ils devront se méfier d’un père de famille en quête d’un nouvel an avec sa tribu. Une tribu qui, comme son chef de file, ignore jusqu’à quand Barbosa portera les crampons. « Tant que la santé et l’envie sont là, je serai là » balance celui qui, en fin de contrat à l’issue de cette saison, ne s’est toujours pas entretenu avec ses dirigeants. À coups de doublés, il saura les convaincre.
Par Swann Borsellino