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Baptiste Aloé : « Avec Bielsa, on était sous tension »
Depuis l'été 2015, Baptiste Aloé, vingt-deux ans, est prêté par l'OM à Valenciennes. Le défenseur central marseillais, révélé par Bielsa, retrace son parcours, évoque ses souvenirs aux côtés de l'entraîneur argentin et confie son enthousiasme quant à l'avenir de l'OM, qu'il s'écrive avec ou sans lui.
Tu as été opéré il y a un mois du ménisque. Ça va mieux ?J’ai repris la course ce week-end, mais je ne sais pas encore quand je pourrai revenir sur les terrains. Début décembre, si tout va bien, je pourrai reprendre l’entraînement, mais tout dépend de la façon dont mon genou réagit d’ici là. Il faut y aller étape par étape.
C’est ta deuxième saison en prêt à Valenciennes. Qu’est-ce qui t’a motivé à venir dans le Nord en 2015 ?Quand je suis arrivé ici, VA était en L2 depuis une saison, mais je savais que le club avait d’excellentes infrastructures pour une équipe de seconde division. Le stade est de très bonne qualité, le centre d’entraînement également. Et puis j’aimais bien les voir jouer lorsqu’ils étaient en L1, j’ai toujours trouvé qu’on cherchait à proposer du beau jeu ici.
Le club est toutefois en milieu de tableau actuellement. Panique à bord ?On a fait un très bon début de saison, mais c’est vrai qu’on vient d’enchaîner trois défaites consécutives et un match nul à domicile. On est dans une mauvaise dynamique et on paye sans doute une baisse de forme. Notre groupe n’est pas très conséquent et on subit peut-être le contrecoup de notre préparation et de notre bon début de saison. Mais l’objectif reste le même : créer un engouement, enchaîner les bons résultats et aller chercher la montée en L1.
Qu’est-ce qui t’a marqué en arrivant à Valenciennes ?La pluie et le froid, forcément (rires) ! Plus sérieusement, la gentillesse des gens, je dirais. Ici, tout le monde est hyper chaleureux, c’est assez incroyable à voir. Mais ça a quand même été très difficile pour moi en arrivant : Valenciennes, c’est quand même très loin de Marseille. En plus, c’était la première fois que je quittais ma ville. Je vivais encore chez mes parents à l’époque et je l’ai vraiment mal vécu. C’était le grand saut pour moi. Alors, forcément, ça a été difficile à vivre, mais il fallait reprendre le dessus. En tant que footballeur, tu n’as pas le droit de t’arrêter sur des détails comme ça.
Tu as hésité avant de signer ou pas ?Disons que j’ai eu des offres au début du mercato en 2015, mais j’étais censé rester à l’OM, alors j’ai tout refusé. Malheureusement, Bielsa nous a quittés après seulement une journée et je n’entrais pas du tout dans les plans du nouvel entraîneur. Alors, comme VA comptait sur moi, je suis venu ici.
Le départ de Bielsa, vous l’avez vécu comment dans le vestiaire ?On ne s’y attendait pas du tout. On se disait que s’il avait dû partir, il l’aurait fait au tout début de l’été. Du coup, on pensait qu’il ferait encore une saison avec nous… Mais là, on a tous été surpris. Surtout que l’on n’a pas eu plus d’explications que les journalistes. Le lendemain de sa conférence de presse, il nous a convié à l’entraînement et nous a relu sa fameuse lettre. Rien de plus.
C’est Bielsa qui t’a fait débuter en championnat. Quel souvenir tu gardes de lui ?J’adorais Bielsa. Quand on est jeune, il nous apprend énormément sur le plan tactique. Je ne m’en suis pas rendu compte tout de suite, mais, avec le recul, j’ai fini par comprendre que c’était un très grand entraîneur, de loin le plus exigeant que j’ai jamais rencontré. Ses séances d’entraînement étaient complètement dingues. Il était toujours derrière nous à donner des consignes, nous faisait des séances vidéo interminables où l’on regardait encore et encore nos déplacements, nos erreurs ou autres. Surtout, il fallait que ce soit comme il le souhaitait, sinon ça gueulait grave.
Ça s’est bien passé au début avec Dória, que tu as envoyé sur le banc alors qu’il venait d’être recruté pour huit millions d’euros ?Il n’y a jamais eu de soucis entre nous. Lorsqu’on s’est vus cet été, on a même pas mal rigolé ensemble. En 2014, il venait d’arriver en France et je pense qu’il comprenait la situation. Il savait qu’il allait lui falloir quelque temps pour convaincre le staff. C’était pareil pour moi d’ailleurs : je n’étais pas dans les plans de Bielsa au début. C’est à force de travailler dur à l’entraînement qu’il a fini par me faire confiance.
Sous l’ère Bielsa, l’OM séduisait sur le terrain pour son engagement. Il y avait le même état d’esprit à l’entraînement ?Ouais, c’était très compétitif. Bielsa criait sans arrêt, nous replaçait, nous encourageait. Si bien que ça a failli en venir aux mains plusieurs fois entre certains joueurs. On était sous tension quand même.
Bon, passons à la question que tout le monde se pose. Est-ce que toi tu sais ce qu’il y avait dans sa fameuse glacière ?De l’eau, ça c’est sûr. Après, je ne sais pas (rires). Ce qui est certain, c’est que cette glacière symbolise bien tous les fantasmes qu’il a suscités à l’OM. Je suis fan de ce club depuis que je suis petit et ça faisait bien longtemps que je n’avais pas ressenti autant d’engouement au Vélodrome. Marseille lui doit beaucoup, finalement.
Dans ce cas, j’imagine que les mois passés avec Bielsa sont tes plus beaux souvenirs de footballeur jusqu’à présent ?Ça, c’est indéniable. Surtout que je ne m’y attendais pas. Tout est venu super vite pour moi : c’est l’année de ma première titularisation en championnat, de mon premier but et de ma première convocation en équipe de France espoir.
Avec le recul, tu en veux à Élie Baup de ne pas t’avoir fait confiance avant, toi qui avais été élu meilleur jeune du centre de formation de l’OM en 2013 ?Non, je n’ai aucune amertume. C’est quand même Élie Baup qui m’a fait découvrir le monde professionnel en me faisant jouer un match de Ligue Europa. Je pense que je n’étais tout simplement pas prêt à l’époque, je manquais encore d’expérience.
Élie Baup t’avait comparé à Koscielny il y a quelques années. Tu prends ça comment ?Comme un compliment, forcément. C’est une comparaison très flatteuse, mais c’est à moi d’écrire mon histoire. Je ne veux pas être celui que l’on compare à tel ou tel joueur, je veux me faire un nom.
C’est un peu la merde à Marseille. Tu vois ça comment depuis Valenciennes ?C’est une bonne chose que le club ait été racheté. De l’argent va rentrer dans les caisses et on sent que l’engouement reprend petit à petit. On se dit que l’OM va enfin pouvoir acheter des joueurs d’un certain standing et concurrencer le PSG. C’est une très bonne chose pour le club et pour le foot français.
Tu penses que tu auras ta place au sein de cet OM-là ?C’est impossible à savoir. C’est quand même ma deuxième saison en prêt, donc il faudra en discuter avec les nouveaux dirigeants. Ce qui est sûr, c’est qu’à long terme, je veux réussir à Marseille. Peu importe les chemins par lesquels je dois passer.
Aujourd’hui, on te chambre à Valenciennes pour cette fameuse affaire OM-VA qui semble encore présente dans les têtes ?Quand, je suis arrivé, certains m’en ont parlé. Je sens qu’il y a encore quelques rancunes chez les plus anciens, mais la plupart y font allusion uniquement pour chambrer. De toute façon, on ne peut pas me faire chier avec ça : je n’étais même pas né au moment de l’affaire (rires).
Propos recueillis par Maxime Delcourt