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« Si l’Italie arrête de jouer avec la peur, elle peut faire quelque chose dans cet Euro »

Propos recueillis par Tristan Pubert

Après cette qualification arrachée dans les ultimes secondes face à la Croatie (1-1) grâce au but de Mattia Zaccagni, l’Italie s’autorise encore le droit de rêver avant d’affronter la Suisse en huitièmes de finale. Entre deux tours, c'était l’occasion de donner la parole à trois anciens internationaux, pour qu’ils reviennent sur cette phase de groupes et sur la suite de la compétition. Andiamo !

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Casting :

Federico Balzaretti : international italien (16 sélections), finaliste de l’Euro 2012.

Roberto Donadoni : international italien (63 sélections), demi-finaliste de l’Euro 1988, demi-finaliste de la Coupe du monde 1990, finaliste de la Coupe du monde 1994 et sélectionneur de la Nazionale de 2006 à 2008.

Claudio Gentile : international italien (71 sélections), demi-finaliste de la Coupe du monde 1978, demi-finaliste de l’Euro 1980, vainqueur de la Coupe du monde 1982.


Quel bilan tirez-vous de cette phase de groupes ?

Balzaretti : Je pense qu’on n’a pas eu l’occasion d’exprimer notre meilleur football, notre véritable potentiel. On peut tirer trois enseignements différents sur les trois matchs : le premier contre l’Albanie (2-1) était dans l’ensemble bon, la réaction a été très bonne après le but concédé. Contre l’Espagne (0-1), c’était très difficile, et contre la Croatie (1-1) c’était moyen.

Donadoni : Cette phase de poules a été vraiment compliquée pour l’Italie, dans un groupe loin d’être évident. Le premier match contre l’Albanie a été globalement maîtrisé, malgré ce but concédé rapidement. Contre l’Espagne et la Croatie, on s’y attendait, ça a été deux batailles difficiles. Tout n’a pas été parfait, j’ai senti un peu un manque de personnalité. Mais le plus important est d’avoir obtenu cette qualification.

Gentile : Ça n’a pas été simple et on a souffert jusqu’au bout avec trois matchs difficiles, mais c’est une bonne chose que l’Italie ne soit pas perçue comme une équipe favorite, c’est souvent à ce moment-là qu’elle excelle. C’est ce qui s’est notamment passé pour nous en Espagne en 1982 (la Nazionale remportera ce Mondial avec Gentile en défense centrale après une phase de groupes médiocre, NDLR). Les premiers matchs dans une compétition internationale sont souvent difficiles, on joue avec la pression de bien faire, la pression du résultat, la pression de la presse aussi. Il y a tellement de choses qui peuvent conditionner les joueurs.

Avoir comme points positifs des joueurs défensifs n’est pas forcément bon signe, cela veut dire que l’Italie subit plus qu’elle fait subir.

Roberto Donadoni

Quels sont les points positifs et négatifs à retenir de ces trois premiers matchs ?

Donadoni : Je pense que l’Italie n’a pas montré toutes ses qualités durant cette phase de poules. Et notamment contre l’Espagne, où on sentait une équipe qui était plus préoccupée par l’adversaire que par elle-même. Dans les transitions, ça manquait de fluidité, de lucidité, de solution autour du porteur de balle. Défensivement, cette équipe a montré des garanties avec un Donnarumma décisif et exemplaire sur ces trois matchs, tout comme Calafiori qui est sur sa lancée de la saison avec Bologne. Mais avoir comme points positifs des joueurs défensifs n’est pas forcément bon signe (rires), cela veut dire que l’Italie subit plus qu’elle fait subir.

Balzaretti : Pour moi, cette solidité défensive reste très positive avec des individualités qui répondent présent : Donnarumma, Calafiori mais aussi Bastoni. On est une équipe difficile à manœuvrer. En revanche, en phase offensive, on doit faire mieux. On manque très clairement de tranchant, de dynamisme, ce qui s’explique en partie par la crainte et la peur qu’ont certains joueurs de prendre des risques. Avec le ballon, il va falloir montrer plus de qualité, c’est le style de jeu que prône Spalletti, donc on se doit d’attendre plus que ça.

Gentile : Nous avons beaucoup de jeunes joueurs qui n’ont pas encore une grande expérience et je pense qu’ils n’ont pas exprimé pleinement leurs qualités. On pouvait sentir une certaine crainte d’oser et de prendre des risques. Paradoxalement, avec le but de Zaccagni, l’Italie a montré qu’elle avait du caractère, et pour la suite de la compétition, c’est extrêmement important.

 

Le match nul arraché dans les ultimes secondes face à la Croatie (1-1) peut-il être un déclic pour l’Italie ?

Gentile : Bien évidemment ! On l’a vu sur les images, ça a délivré tout le monde. Marquer un but dans les ultimes secondes témoigne de la force et du courage de cette équipe. Balzaretti : Lorsque tu es quasiment éliminé et que tu parviens à marquer un but de la sorte, c’est un signal fort. Mentalement, ça peut vraiment nous débloquer. Bien évidemment, l’Italie n’est pas favorite et beaucoup d’équipes sont supérieures, mais cette force mentale, et ce caractère peut permettre d’aller très loin.

Donadoni : Avant d’être un déclic, ce match nul arraché dans les dernières secondes permet surtout à l’Italie de se qualifier et en quelque sorte de mettre au second plan le contenu. C’est le plus important.

 

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Face à l’Espagne, la Nazionale n’a quasiment pas existé. Est-ce que ce match est révélateur des limites de cette équipe ?

Balzaretti : On sait très bien qu’il y a un monde d’écart entre l’Espagne et nous, à tous les niveaux. L’Italie est en reconstruction et a beaucoup de jeunes joueurs, qui manquent encore d’expérience au niveau international. Mais je pense aussi que nous avons joué ce match avec beaucoup de peur et d’appréhension.

Donadoni : L’Italie a affronté une fabuleuse formation espagnole, mais aussi avec beaucoup de crainte, ce qui a permis aux Espagnols d’imposer leur jeu. L’Italie n’est pas nettement inférieure à l’Espagne, mais sur ce match, il y a eu une équipe qui s’est montrée conquérante et l’autre beaucoup plus méfiante.

Gentile : C’est clair que l’Espagne a surclassé l’Italie. L’Espagne est sûrement l’équipe qui a fait la plus forte impression sur ces trois premiers matchs. J’ai été impressionné par le talent des joueurs espagnols et leur fougue, comme Nico Williams et Lamine Yamal. La différence s’est faite au niveau de l’audace, et l’Italie en a manqué.

C’est clair que l’Espagne a surclassé l’Italie. La différence s’est faite au niveau de l’audace, et l’Italie en a manqué.

Claudio Gentile

Que doit améliorer Luciano Spalletti pour la suite ?

Donadoni : Spalletti est arrivé il y a moins d’un an, il est encore en train de bâtir un projet. Il fait du mieux qu’il peut avec les joueurs dont il dispose. C’est sa première expérience à la tête de la sélection et ce n’est pas simple.

Gentile : Il dispose d’un effectif de qualité et pour le moment, il s’en sort plutôt bien. Sur les deux premiers matchs, il a utilisé une défense à quatre et a compris que ce n’était pas forcément le meilleur dispositif, il est passé ensuite à une défense à trois contre la Croatie. Il sait aussi s’adapter à l’adversaire et ne reste pas figé sur ses principes. On a un très bon sélectionneur, et je suis persuadé qu’il réussira à trouver les solutions pour la suite de la compétition.

Balzaretti : C’est un entraîneur qui développe un football offensif, de possession, chose qu’on n’a pas encore eu l’occasion de voir, sauf sur quelques phases de jeu. Si l’Italie améliore son animation offensive et surtout si elle arrête de jouer avec la peur, elle peut faire quelque chose dans cette compétition. Je pense que Spalletti est encore à la recherche de son système, la meilleure formation, on le voit quand il a changé de système tactique contre la Croatie (après avoir évolué à quatre derrière contre l’Albanie et l’Espagne, les Azzurri sont passés à trois contre la bande de Modrić, NDLR). Il innove sans cesse, cherche à s’adapter aux adversaires et n’a pas encore trouvé la formule. Mais ça va venir, je l’espère.

En sortant du « groupe de la mort », les Azzurri ont-ils fait le plus dur ?

Donadoni : Le plus dur arrive maintenant. Même si l’Italie était dans un groupe difficile, avec cette formule de qualification, ce n’est pas un exploit de se qualifier. Pour une nation comme l’Italie, passer le premier tour, c’est le minimum.

Balzaretti : Ce qu’il faut retenir, c’est vraiment la manière dont on s’est qualifié. Ce but de Zaccagni va donner de l’énergie à cette équipe, ça c’est certain, car on s’est vraiment fait peur. Psychologiquement, je pense que sortir de ce groupe difficile de cette manière-là va apporter une certaine confiance pour la suite de la compétition.

Gentile : Une chose est sûre, ce groupe a permis aux Azzurri de se jauger face à différents adversaires, de niveau différent et de style de jeu différent. L’Italie a été dominatrice contre l’Albanie et aussi à certains moments contre la Croatie, mais elle a également été dominée, contre l’Espagne. Les rencontres contre l’Albanie, l’Espagne et la Croatie ont été trois physionomies différentes. Cette expérience va servir pour la suite de la compétition.

Il faut arrêter d’avoir peur et jouer sans complexe. C’est la clé pour la suite de la compétition.

Federico Balzaretti

Êtes-vous confiants pour le huitième de finale face à la Suisse et plus généralement pour la suite ?

Balzaretti : Cette Italie n’est pas venue à cet Euro dans l’optique de le gagner, mais les adversaires savent qu’affronter l’Italie n’est jamais simple. La Suisse ne doit pas être sous-estimée, elle a montré de très belles choses. C’est une équipe expérimentée, avec des tops joueurs qui évoluent au meilleur niveau en Europe. C’est une nouvelle compétition qui commence, et on ne joue pas de la même manière un match en phase de groupes qu’à élimination directe. Il faut arrêter d’avoir peur et jouer sans complexe. C’est la clé pour la suite de la compétition : cette équipe a de la qualité, mais ne doit pas se brider, elle doit jouer de manière libérée, sinon, on aura des regrets.

Donadoni : Bien évidemment que je suis confiant. L’Italie ne peut pas voir ce match contre les Suisses comme un obstacle insurmontable. C’est le terrain qui parle, les Azzurri doivent aborder ce huitième de finale avec confiance et détermination. Il ne faut plus faire de calcul, mais entrer sur le terrain avec de la confiance et de la détermination. Ils se sont qualifiés in extremis dans les dernières secondes, ce but de Zaccagni doit les rebooster et leur faire comprendre qu’ils ont les ressources pour changer le destin. Et ça, toutes les équipes n’en sont pas capables.

Gentile : J’ai été impressionné par ce que les Suisses ont proposé, notamment contre l’Allemagne. C’est une équipe disciplinée tactiquement, capable de faire le jeu avec des joueurs de qualité. L’Italie reste favorite, mais devra montrer beaucoup plus si elle souhaite passer. Je reste persuadée que cette équipe n’a pas encore exprimé son meilleur football et qu’elle peut faire beaucoup mieux. Et la manière dont elle s’est qualifiée, cela peut vraiment lui donner de la force pour la suite de la compétition. Pourquoi pas jusqu’au bout. (Rires.)

Le récap du jour : petits Suisses devenus grands et coups de foudre

Propos recueillis par Tristan Pubert

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