- Ligue 1
- J35
- Nice-PSG (3-1)
Balotelli, talentueux chambreur
Auteur de l’ouverture du score, Mario Balotelli s’est offert une grosse prestation contre Paris. Mais l’attaquant a aussi su s’amuser sur l’une des faiblesses évidentes de Paris : sa nervosité. Autant dire qu’il excelle dans ce domaine.
Le constat n’est pas nouveau : depuis le début de sa carrière professionnelle, Mario Balotelli n’a jamais caché sa double facette. Son visage de footballeur hyper talentueux se mélange constamment avec sa moitié maléfique. Celle qui irrite adversaires comme partenaires. Celle qui dérange ou amuse. Mais qu’on se le dise : l’un ne va pas sans l’autre, et cette fusion paradoxale est la définition même de l’attaquant. C’est pour elle qu’il est adoré. Pour elle aussi qu’il est haï. Pour elle qu’il ne laisse personne indifférent. Pour elle qu’il aime parfois jouer au football, aussi, et qu’on aime le regarder.
Face au Paris Saint-Germain, la soirée était idéale pour exprimer ces deux faces. Un match de gala, contre la meilleure équipe du pays ces dernières années, et devant son propre public. Alors, Balotelli a commencé par faire parler son génie. Avant la demi-heure de jeu, Super Mario a contrôlé, merveilleusement protégé sa balle devant Marco Verratti, et envoyé instinctivement une praline au fond des filets de Kevin Trapp, égalant par la même occasion son meilleur bilan statistiquement parlant sur une saison (quatorze buts en championnat) sous les yeux de Giampiero Ventura, le sélectionneur de son pays. Outre le but, l’avant-centre a défendu comme rarement, a décroché comme souvent, s’est étonnamment battu, a tenté raisonnablement (deux frappes, trois dribbles) et a moins perdu de ballons que d’habitude (91% de passes réussies). Bref : il a été très bon, que ce soit sur le plan individuel ou collectif.
Le vice intelligent
Et puis, comme il avait tout de même envie de s’amuser avec ses ennemis du jour, il a décidé de faire parler son côté énervant. Sauf que cette fois, il l’a utilisé à bon escient. Voyant que le champion en titre paraissait hyper nerveux, Balotelli a appuyé sur les nerfs parisiens. Avec le smile, bien entendu. Jamais loin quand les embrouilles naissent, l’Italien est ainsi allé titiller Edinson Cavani, qui venait de bousculer grossièrement Lucien Favre. Défense de son coach ou simple plaisir personnel ? Lui-même ne doit pas avoir la réponse à cette question. Peu importe, finalement. Toujours est-il que ses paroles à l’intention de l’Uruguayen n’avaient qu’une seule ambition : continuer de frustrer le mental des hommes de la capitale pour que ces derniers perdent une partie de leur moyen. Évidemment, le vice balotellien ne s’est pas arrêté en si bon chemin. Après quelques dribbles chambreurs sur le côté gauche, Mario est de nouveau allé embêter Cavani sur un coup de pied arrêté, tournant autour de lui, le touchant légèrement, lui chuchotant quelques douceurs à l’oreille. Le truc insupportable, mais absolument pas sanctionnable par le corps arbitral.
Le spectacle s’est achevé avec son remplacement par Mickaël Le Bihan à un quart d’heure du terme. Une sortie longue, longue, longue… Accompagnée de quelques gestes exagérés. Et voilà comment des terminaisons nerveuses peuvent rompre. Si Cavani réussira à rester sur le terrain, Thiago Motta craquera finalement dix minutes plus tard, suivi peu après d’Ángel Di María. Bien entendu, ces cartons rouges ne portent pas le sceau de Balotelli. Mais sûr que son comportement, qu’on peut trouver drôle ou détestable, n’a pas aidé à calmer la colère parisienne. Ça, Mario le sait parfaitement. Après tout, le bonhomme de 26 ans est passé par les deux Milan, Manchester City ou Liverpool, a croisé les pires crapules du ballon rond et a même joué avec certaines d’entre elles. Or, l’expérience, c’est aussi ça. Et quand on est déjà naturellement doué dans ce domaine…
Par Florian Cadu