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Balotelli rentre à Brescia
Présenté ce lundi à ses nouveaux supporters, Mario Balotelli a donc décidé de s’engager avec Brescia, promu en Serie A. Un choix qui comporte forcément une part affective pour celui qui a grandi non loin de la ville lombarde, mais qui est aussi dicté par son ambition de retrouver la Nazionale. Et pour se retrouver aussi, sûrement.
Lundi 12 août, Mario Balotelli a fêté ses 29 ans. Même sans y être, on se peut se douter que l’anniversaire fut beau et mémorable pour les chanceux qui y étaient. Cette fois, Balotelli n’a pas tiré de feux d’artifice depuis sa salle de bain ou proposé une liasse de billets pour qu’un ami se jette à l’eau en scooter. Ou du moins, on ne le sait pas encore. Non, ce qui est sûr, c’est que Mario Balotelli s’est offert un cadeau d’anniversaire qui marque un tournant dans sa carrière de footballeur. Signer à Brescia, qui retrouve l’élite neuf ans après sa dernière fois, ne comporte aucune forme de logique sportive sur le papier pour un attaquant de 29 ans passé par l’Inter, le Milan, Manchester City ou encore Liverpool. C’est plutôt en tout début de carrière ou pour vivre ses dernières années en pro que l’on retourne chez soi. Sauf pour Mario Balotelli, qui rentre aujourd’hui à la maison avec quatre voire cinq ans d’avance. La conséquence d’une carrière qui aurait dû être beaucoup plus belle. Forcément décevant, mais aussi un peu excitant.
Balotelli ne danse pas le Flamengo
Que ce soit clair : si le buteur international italien a signé dimanche un contrat d’un an renouvelable à Brescia en divisant son salaire par deux, c’est avant tout parce que les offres n’étaient pas nombreuses. Dans une interview accordée au Canal Football Club en mai dernier, Balotelli n’était pas vraiment chaud à l’idée de rejoindre Brescia dès cette saison, espérant alors sûrement autre chose : « Un jour, je jouerai à Brescia. L’année prochaine, je ne pense pas, mais un jour oui. Ce serait la première fois que je jouerais à la maison. » Preuve que Super Mario ne pensait alors aller filer un coup de main aux Rondinelle que plus tard. Mais, même avec ses 41 buts en 76 matchs de Ligue 1 ces trois dernières saisons, Balotelli n’a pas réussi à redonner confiance. À pousser une grosse écurie européenne à retenter le pari, à convaincre Roberto Mancini qui ne l’a plus appelé en sélection depuis bientôt un an. Quelques candidats ont bien frappé à la porte : la Fiorentina, qui sort d’une saison galère (16e du dernier exercice), le Hellas Vérone, promu et club historique de l’élite italienne, ou enfin Flamengo qui a tout tenté jusqu’à la dernière minute pour installer Balo du côté de Rio de Janeiro.
L’exode sud-américain a même longtemps pesé dans la balance tant l’offre économique était alléchante. Le Giornale di Brescia, qui a suivi le feuilleton avec passion, révélait même dans ses colonnes le pactole promis à Balo’ par l’équipe de Zico : 5,4 millions d’euros par an, assorti d’une prime de 10 millions à la signature. Alléchant. Et surtout plus, beaucoup plus que les 3 millions par an accessibles seulement via les bonus que Balotelli s’apprête à toucher chez les Biancoblù, toujours selon le canard local. Le président Massimo Cellino, dont la réputation d’homme à poigne et de mangeur d’entraîneurs s’est construite à Cagliari – en changeant 36 fois d’entraîneurs en vingt ans de présidence – rappelait d’ailleurs pour Sky Sports dès la mi-juillet que d’autres paramètres que le plan sportif retardaient l’arrivée de Super Mario dans son club : « Si Balotelli avait simplement l’envie de jouer au football, il n’aurait aucune difficulté à trouver une équipe. Cela se voit qu’il se concentre aussi sur d’autres paramètres, sinon il serait déjà chez nous. » Aujourd’hui il l’est, et il ne faut pas non plus minimiser la portée de cette décision.
Séduire ou mourir
Car en restant en Europe, qui plus est à Brescia où il est attendu comme l’homme providentiel, Balotelli envoie un message clair : il n’a pas encore mis le football de haut niveau de côté. Pour la Gazzetta dello Sport, il aurait même été incité directement par Roberto Mancini à rentrer au pays pour avoir une chance de disputer l’Euro 2020. Retourner à Brescia signifie aussi pour Balotelli la possibilité de se rapprocher de sa mère, Silvia, et de son frère Enock qui a signé chez les amateurs de Pontisola, près de Bergame. Cela implique aussi de devoir endosser le costume de leader, d’exemple sur et en dehors du terrain, tout ce que Balotelli n’a jamais réussi à faire dans la durée depuis le début de sa carrière. Ce retour en Serie A, qui ne se fera pas avant le 25 septembre face à la Juventus (du fait d’une suspension de quatre matchs à purger qu’il traîne de son passage à l’OM), marque aussi la fin d’une ère : Balotelli n’intéresse plus grand-monde, et se retrouve à disputer le maintien pour la première fois de sa vie professionnelle à 29 ans. Un âge où les buteurs arrivent pourtant normalement à maturité.
Mais pour Dario Hubner, ancienne gloire et buteur du club, qui a réagi au micro de Radio Sportiva, s’il y a un bien un challenge qui peut le relancer, c’est Brescia : « Balotelli peut encore faire la différence en Serie A, et surtout trouver ici de quoi le stimuler, contrairement à ailleurs. » Le choix de Balotelli engendre même enfin une certaine forme de romantisme, où il est encore possible que l’affect joue un rôle prépondérant et puisse surpasser le simple besoin de s’en mettre plein les poches au moment de faire un choix. Il arrive pour fouler la pelouse du stade Rigamonti, à deux kilomètres de là où Mario a tapé ses premiers ballons, à l’oratorio de Mompiano lorsqu’il était petit. Une pelouse, aussi, sur laquelle un certain Roberto Baggio a réalisé ses dernières magies, de 2000 à 2004.
Par Andrea Chazy