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Balotelli, quatre ans plus tard
Face à l’Arabie saoudite ce lundi, Mario Balotelli a de grandes chances de refouler un terrain avec le maillot de la Nazionale sur les épaules, quatre ans après sa dernière apparition. Un événement attendu par toute l’Italie, qui espère démarrer un nouveau cycle avec Balotelli comme tête de gondole.
Le cap des quatre ans ne sera donc pas franchi. Quarante-sept mois après sa sortie à la mi-temps d’Uruguay-Italie, Mario Balotelli est de retour dans le groupe azzurro. L’attente fut longue, les appels du pied furent nombreux, la scintillante lumière annonçant la fin de l’hibernation se présentant enfin. Aujourd’hui, Super Mario peut à nouveau prendre plaisir à chambrer ses coéquipiers, Lorenzo Insigne en tête, étaler sa joie sur les réseaux sociaux et où bon lui semblera. Si la satisfaction personnelle de représenter son pays est réelle, il sait aussi que cette fois, le public italien est derrière lui. Espère même de lui. Un revirement récent provoqué par le raz-de marée de l’échec suédois, dont Balotelli est peut-être le seul à avoir tiré des bénéfices. Si l’Italie avait franchi l’obstacle suédois, Ventura aurait été maintenu, et l’engouement autour d’un retour de l’attaquant niçois n’aurait très certainement pas été tel. Mais lors de cette double confrontation où l’Italie n’a pas marqué, les tifosi ont surtout cherché un homme doté d’un peu de génie. Et que ce soit sur le terrain ou sur le banc, l’absence de Balotelli a indéniablement pesé.
Cure de jouvence à Nice
Si la méfiance fut si tenace, c’est aussi parce que l’Italie a longtemps gardé en mémoire le Balotelli explosif qui ne s’était pas encore assagi sur la French Riviera. Lors de la Coupe du monde 2014, dernier grand rendez-vous disputé par Balo, la mascarade fut totale. À peine avait-il posé le pied sur le sol brésilien qu’il demandait en mariage sa fiancée de l’époque, provoquait l’Angleterre en demandant un bisou de la reine, passait à côté de l’événement ensuite avant d’être remplacé dès la pause face à l’Uruguay. Pas terrible comme dernière image, et ce ne sont pas ses deux saisons à Liverpool puis Milan qui auraient pu faire changer d’avis ses détracteurs. Pourtant même en 2015 et 2016, Balotelli a toujours pensé à l’équipe nationale. Lorsque le tirage de l’Euro fut dévoilé, l’homme aux trente-trois sélections était alors « impatient » d’en découdre avec la Belgique, l’Irlande ou… la Suède. Réponse d’Antonio Conte : « « Il est impatient de quoi ? De jouer l’Euro ou de le regarder à la télévision ? C’est à lui de montrer qu’il peut faire partie de la liste, comme pour tous les autres d’ailleurs, mais lui a tellement, mais tellement à prouver ! »
Pas de regrets à avoir, ce n’était pas son moment, tant du point de vue de la discipline requise par la machine huilée de Conte que par l’état de forme de Super Mario. Petit à petit, en grande partie grâce à sa cure de jouvence niçoise, Balotelli a remonté la pente. Petit à petit, l’Italie s’est mise de nouveau à le regarder d’un autre œil, celui rempli d’espoir qui s’était mis en retrait et qui a même pensé ne plus s’afficher. Lorsque Ventura lui dit qu’il doit « faire plus » , Mario s’exécute. Insuffisant toutefois pour le revoir à nouveau aider son pays à se qualifier pour la Coupe du monde. Sa déclaration en octobre 2017 à la suite de ce nouvel appel manqué ressemble alors à un cri de détresse : « Je ne sais pas ce que je dois faire. Quand je me comportais comme un imbécile, ils étaient tous prêts à tomber sur moi, à me critiquer, à me dire que je devais prendre en maturité. Je l’ai fait. Je suis maintenant le premier à arriver à l’entraînement et le dernier à repartir, et j’essaye d’emmener mon équipe vers la victoire à tous les matchs. Le résultat ? Encore une fois, je n’ai pas été appelé.(…)J’ai déjà changé et je me sens désormais comme un leader. » Une question de temps pour qu’il ne le montre.
Mancini croit en lui
L’exaspération de Balotelli aurait d’ailleurs pu atteindre un autre niveau lorsque le sélectionneur par intérim Luigi Di Biagio laissait penser qu’il allait le prendre avant finalement de faire comme ses prédécesseurs. Un chemin que n’a donc pas pris Roberto Mancini, qui n’a pas hésité un seul instant avant de convoquer Mario Balotelli. Un entraîneur qui l’a côtoyé durant cinq saisons, à un moment de sa vie où Balotelli pouvait faire tout et n’importe quoi. Et qui, malgré tout le passif, l’estime beaucoup, comme il le criait déjà en 2016 : « J’espère que cette expérience en France, qui a bien commencé, peut vraiment le ramener au niveau qui était le sien il y a quelques années, puis en équipe nationale. Il a des qualités étonnantes, et pour ceux qui ne le connaissent pas, c’est vraiment un bon gars. » Qu’il le veuille ou non, l’attaquant est aussi un symbole de cette nouvelle Italie, la tête de gondole du cycle à venir.
S’il parvient à rendre les espoirs qui ont été placés en lui, c’est donc un rôle de leader que Balotelli aura à endosser auprès de joueurs plus jeunes que lui. En conférence de presse, Mancini donne le sentiment d’y croire : « Depuis qu’il est jeune, Balotelli est un joueur de classe. J’ai confiance, il a gagné en maturité et ces deux dernières années le prouvent. Cela dépend de lui. » Le train est donc bel et bien passé une deuxième fois. À bientôt 28 ans, c’est le moment ou jamais.
Par Andrea Chazy