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Balotelli, l’heure des grands débuts à Brescia a sonné
Après avoir purgé les quatre matchs de suspension qu’il traînait de sa dernière visite en France, Mario Balotelli pourrait faire ses débuts avec Brescia face à la Juve ce mardi soir pour la 5e journée de Serie A. Un événement attendu par toute une ville, avec cette éternelle question qui reste en suspens : Balotelli est-il enfin au bon endroit ?
À Brescia, l’attente est telle autour de Mario Balotelli qu’on en oublierait presque le bon début de saison des Rondinelle. Avec deux victoires après quatre journées et un buteur, Alfredo Donnarumma, qui compte déjà trois réalisations, on pourrait légitimement penser que le cas personnel de Mario Balotelli passerait logiquement au second plan. À tort, et même s’il n’a pas encore pu disputer le moindre match officiel sous ses nouvelles couleurs. La faute à une suspension de quatre matchs pour un tacle sur Daniel Congré qui lui collait aux basques depuis son passage à Marseille. Ce qui signifie que ce mardi soir, avec la réception de la Juve au Rigamonti, les tifosi de Brescia pourraient voir Balotelli fouler pour la première fois la pelouse de son nouveau jardin avec la tunique lombarde sur les épaules. Un cas de figure que n’a pas pu esquiver Eugenio Corini, la tête pensante de l’équipe, en conférence de presse ce lundi : « Voir Mario dès la première minute ? Je vais y réfléchir, et j’y réfléchirai jusqu’au dernier moment. Je dois comprendre ce que j’y gagne et ce que j’y perds, mais je suis content des prédispositions de Mario au sacrifice. J’attends de sa part des choses précises, je veux qu’il s’adapte à l’équipe, même si c’est évident que l’équipe doit aussi s’adapter à lui pour qu’on en tire le meilleur. »
Balotelli Fit Model
Afin que le mariage entre Balotelli et la ville où il a grandi opère, l’ancien de l’Inter et du Milan doit forcément changer d’attitude. Ça tombe bien, car dans une interview accordée à DAZN, Balotelli l’annonce : il est dans la forme de sa vie. Ou presque : « Je suis tranquille. J’ai davantage travaillé lors des derniers mois que lors des dix dernières années. Je m’entraîne pour être au mieux, cela m’importe peu de savoir contre qui je vais jouer, car l’important, la chose fondamentale même, c’est d’être bien physiquement. C’est normal de ne pas avoir encore le rythme, car je n’ai fait que deux matchs amicaux, mais je suis convaincu de trouver le bon rythme ici. Je ne me suis jamais senti aussi bien aujourd’hui qu’à 20 ans, lors de mon passage à Manchester City. »
Difficile de savoir si Mario dit vrai, car seuls deux matchs amicaux disputés pendant la trêve internationale face à Mantova (Serie D) et au Frosinone d’Alessandro Nesta (Serie B), match qui a vu Balo inscrire son premier pion, peuvent plaider en sa faveur. De là à voir Balotelli retourner l’enceinte bresciana face à la Juventus ce mardi soir, qu’il n’a plus affrontée depuis 2016, il y a un monde. Balo ne se met d’ailleurs pas plus de pression que ça à quelques heures de potentiellement affronter une Vieille Dame qui sera de toute façon privée de Cristiano Ronaldo, laissé au repos par Maurizio Sarri : « Jouer contre la Juve est un match comme un autre pour moi, je chercherai à marquer comme pour n’importe quel autre match auquel je prends part. Parce que je veux gagner. » Inutile de préciser alors que n’importe quel tifoso se revendiquant de Brescia serait ravi de le voir frapper dès sa première face à l’octuple champion en titre.
De l’azzurro dans les yeux
Si répondre à l’attente de tout Brescia serait déjà un pas en avant, Balotelli se doit aussi de viser plus haut que la seule mission d’apporter un coup de main dans l’opération maintien du promu en Serie A. Non, Mario Balotelli se doit d’avoir un autre objectif, plus important, plus conforme à son statut. Sans parler d’un nombre de buts inscrits, le natif de Palerme doit pouvoir encore prétendre un jour à revêtir le maillot de la Nazionale. C’est en partie aussi pour cela qu’il est revenu en Italie, et qu’il aurait accepté l’offre de Brescia sur les conseils de Roberto Mancini. Le sélectionneur italien, interrogé au micro de Rai Due au cours de l’émission La Domenica Ventura, n’a d’ailleurs pas manqué d’en placer une avant la première de Balotelli en championnat : « Il est en pleine forme, c’est un bon garçon, j’espère qu’il pourra revenir enNazionale. Sa volonté de revenir est importante pour tout le monde, les listes sont toujours ouvertes jusqu’à juin. Les joueurs savent ce qu’ils doivent faire. » Les paroles d’un homme qui connaît parfaitement les traits de caractère du bonhomme, dont il a été le coach à l’Inter et à City.
Or, depuis sa trente-sixième et dernière sélection, honorée face à la Pologne il y a plus d’un an maintenant, aucun autre buteur transalpin n’a su porter convenablement dans la durée la tunique de bomber. Un constat qui laisse forcément la porte ouverte à ceux qui continuent d’espérer de voir l’état de grâce de Balotelli un jour. À se dire qu’à 29 ans, il reste encore quelques espoirs de le voir tout casser dans un club, pour une ville qui n’attend que lui. Les plus audacieux peuvent même essayer de se convaincre que l’âge de la maturité est là et qu’il ne peut pas se permettre de décevoir celles et ceux qui l’ont vu grandir et qui seront au stade le dimanche. Un scénario sur lequel mise, prudemment, Luca Toni, champion du monde 2006, pour la Gazzetta dello Sport : « Brescia, c’est sa maison. Je ne dis pas qu’il ne peut pas se manquer, mais il est dans l’endroit idéal pour faire quelque chose d’important. LaNazionale? Il ne doit pas y penser maintenant, il verra plus tard. Pour y arriver, il devra d’abord bien faire à Brescia. » Maintenant que toutes les composantes sont connues, il ne reste plus à Mario qu’à terminer le travail. Pour s’offrir un plaisir immense, redonner un sens à une carrière qui n’en a jamais eu jusque-là. Ou bien pour terminer une histoire qui ne s’est, jusque-là aussi, jamais déroulée comme prévu.
Par Andrea Chazy