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Balotelli, l’Allemagne pour rebondir ?
Ce soir, l’Italie affronte l’Allemagne lors d’un match amical de luxe. Un match un peu spécial pour Mario Balotelli, en difficulté depuis le début de la saison, et qui a justement joué contre les Allemands, lors de l’Euro 2012, son meilleur match avec la Nazionale. Idéal pour se relancer.
Physiquement, on n’a pas revu Mario Balotelli sur un terrain de football depuis le 6 novembre, et la deuxième mi-temps au Camp Nou. Mario était entré sur la pelouse déterminé, avait même montré quelques jolies choses, mais n’était pas parvenu à faire la différence. Et, finalement, c’est un peu ça, le problème : Mario ne fait plus la différence. Lors de son dernier match de championnat, à domicile contre la Fiorentina, il avait été fantomatique, ce qui a tendance à l’énerver et à lui faire faire n’importe quoi. Il avait ainsi poussé gratuitement le gardien de la Fiorentina, Neto, et avait récolté un carton jaune, synonyme de suspension pour le match suivant. Un geste symbole du moment que traverse l’attaquant milanais. Lui qui avait été si déterminant la saison dernière, en inscrivant 12 buts en 13 matchs de Serie A et en transcendant le Milan AC vers la Ligue des champions, n’arrive plus à planter. Depuis le début de la saison, toutes compétitions confondues, il a récolté plus de cartons jaunes (9) qu’il n’a marqué de buts (7). Son dernier pion remonte au 15 octobre, lors du Italie-Arménie terminé 2-2. Un mois de disette, tout rond, c’est long pour un Balo.
Huit cartons rouges
Heureusement, l’odeur de la Nazionale peut aider le joueur. Avec l’Italie, Mario semble toujours plus serein. Et qui dit plus serein, dit plus décisif : quatre buts lors de ses cinq dernières sélections. Or, vu l’adversaire qui l’attend ce soir, on peut être convaincus que le joueur va vouloir poursuivre sa belle série. « Vu la façon dont il s’est comporté ces derniers jours, je pense que les critiques n’ont pas fait de mal à Balotelli. Au contraire, je ne l’ai jamais vu aussi motivé. D’un point de vue footballistique, Mario peut faire encore beaucoup plus, c’est un joueur craint par toutes les défenses du monde » , a affirmé le sélectionneur italien, Cesare Prandelli. Ces affirmations sont, quelque part, une réponse aux propos lâchés quelques heures plus tôt par un autre ancien attaquant du Milan AC, Oliver Bierhoff, qui avait assuré que Balotelli devait changer quelque chose dans son comportement, sous peine de « prendre des risques pour sa carrière » . Difficile de ne pas lui donner raison. Si Mario s’est largement assagi depuis sa période interista ou même sa période mancunienne, il demeure un élément qui a du mal à se tenir à une ligne de conduite stricte.
On parle là d’un attaquant qui a déjà reçu huit cartons rouges dans sa carrière : une moyenne beaucoup trop élevée pour un joueur de 23 ans. On se souvient notamment de sa prise de bec avec l’arbitre de Fiorentina-Milan, en fin de saison dernière, qui lui avait valu deux matchs de suspension, ou encore de son rouge reçu contre le Napoli cette année, alors que le coup de sifflet final avait déjà retenti. À chaque fois, son coach, Massimiliano Allegri, le réprimande. Balo assure qu’il ne le refera plus. Et puis il replonge. Ce qui dessert son équipe, qui, en ce moment et plus que jamais, a besoin de lui et de ses buts. La Nazionale, et ce match amical contre l’Allemagne, est donc un moyen idéal de faire le vide, de se régénérer, et de retrouver de la confiance pour repartir sur le bon pied après la trêve. Car la règle est simple : Mario ne réussit à exprimer toute l’étendue de son talent que lorsqu’il est en confiance. Et qu’il n’est pas « perturbé » par des émotions et des éléments parasites.
Pepito-Mario, pas encore
L’Allemagne est un bon souvenir pour Mario. Le 28 juin dernier, à Varsovie, l’attaquant de la Nazionale inscrit son premier doublé avec le maillot azzurro et choisit bien son moment : lors de la demi-finale de l’Euro 2012 contre les Allemands. Son deuxième but, une frappe monstrueuse en pleine lucarne, marque la compétition tant par sa réalisation que par sa célébration. Mario est ce soir-là le héros national, acclamé par l’Italie toute entière, et même par le reste de l’Europe. Manque de bol, juste derrière, il s’enflamme et affirme qu’il marquera quatre buts en finale contre l’Espagne. Bon, les quatre buts, ce sont les Espagnols qui les inscrivent, et Balotelli termine le match en larmes. Depuis, il a largement contribué à la qualification de l’Italie pour le Mondial 2014 (cinq buts lors des phases de poules) et a également brillé lors de la Coupe des confédérations, même s’il a dû abandonner ses coéquipiers après les phases de groupes à cause d’une blessure.
Pour Mario et pour toute l’Italie, les retrouvailles avec l’Allemagne, même s’il s’agit d’un match amical, ont donc quelque chose de spécial. Déjà, parce que la Squadra Azzurra est clairement la bête noire des Allemands. Coupe du monde 2006, Euro 2012, amicaux : en tout, la Mannschaft n’a plus battu la Nazionale depuis 18 ans. Un tabou auquel les hommes de Joachim Löw aimeraient mettre fin, surtout à quelques mois du Mondial. Le dernier amical entre les deux nations s’était ponctué par un score de 1-1, avec un but de Giuseppe Rossi pour l’Italie. Ce soir, cela aurait d’ailleurs pu être l’occasion de voir à l’œuvre la doublette Rossi-Balotelli, qui sera très vraisemblablement la paire d’attaque lors de la Coupe du monde. Mais Rossi sort tout juste d’une grippe et Prandelli ne veut pas le risquer. Un joli coup du sort que l’on dirait fait exprès pour que Balo se retrouve seul face à ses responsabilités. Comme un grand.
Eric Maggiori