ACTU MERCATO
Balotelli à l’OM, une question de fiertés
Après un trop long feuilleton, Mario Balotelli est enfin un joueur de l’Olympique de Marseille. L’international italien a quitté Nice sur la pointe des pieds pour signer un contrat de six mois avec le club phocéen, qui aura mis sa fierté de côté après l’échec cuisant de l’été dernier.
Marseille l’attendait cet été, il fallait tout simplement patienter jusqu’au mois de janvier. Les supporters peuvent souffler (ou soupirer) : c’est officiel, Mario Balotelli va porter le maillot bleu et blanc lors des six prochains mois. L’attaquant de 28 ans a passé la visite médicale ce mercredi matin, avant de prendre le stylo pour parapher un contrat de courte durée. Les détails ? Ils n’ont pas été révélés par l’OM, mais selon les informations de L’Équipe, le salaire de l’ancien Niçois devrait tourner autour de 4 millions d’euros brut (plus 1,4 million d’euros de parts variables) pour la période. La fin d’un interminable feuilleton, qui aura d’abord vu Jacques-Henri Eyraud, le président marseillais, se faire claquer la porte au nez en août dernier, avant de relancer le dossier avec succès cet hiver. Tant pis s’il a fallu mettre sa fierté de côté, Marseille a une saison à sauver.
Un jeu de marionnettes
Il faut rembobiner cinq mois plus tôt pour revenir au 20 août et à ce tweet publié par l’OGC Nice : « Super Mario 3 » . Une façon pour les Aiglons de mettre un terme aux rumeurs, d’officialiser la décision de Balotelli de rester au Gym, et aussi de mettre un petit taquet au voisin marseillais. « L’OM a raté Balotelli pour 1,5 million d’euros » , avait même lâché le président Jean-Pierre Rivère le lendemain dans les colonnes de L’Équipe. Son homologue marseillais lui avait immédiatement répondu, à l’occasion d’un entretien donné à La Provence. « C’est une blague ! Notre dernière proposition portait sur un contrat de trois ans, avait expliqué Eyraud. Mon sentiment est que l’entourage du joueur souhaitait plutôt un contrat court. L’arrivée de Balotelli était une opportunité. Mais aucune opportunité, aussi talentueuse soit-elle, ne mérite que l’on remette en cause les fondements économiques, l’équilibre sportif et la ligne de conduite, y compris l’éthique que nous nous sommes fixée.(…)L’institution doit toujours primer, encore plus à l’OM. »
Non, l’Olympique de Marseille ne pouvait pas s’être fait balader par l’entourage de l’Italien pendant trois mois pour se retrouver le bec dans l’eau. Un discours ferme qui n’a pourtant pas empêché les dirigeants – ou en tout cas le président – de relancer la piste Balotelli début janvier. Éjecté des deux coupes nationales et de la Ligue Europa, mal en point en championnat, Marseille devait absolument offrir le fameux grand attaquant à un Vélodrome en colère et lassé par l’inefficacité de Germain et Mitroglou. Mais encore une fois, le directeur sportif Andoni Zubizarreta a choisi de ne pas s’impliquer dans ce dossier et Eyraud n’a pas eu la main sur les négociations. Pire, c’est Julien Fournier, le directeur général de Nice, qui a rencontré Mino Raiola à Monaco le week-end dernier pour lui transmettre l’offre de l’OM, affirme Nice-Matin. La suite ? Un mail du président marseillais pour indiquer à l’agent de Balotelli qu’il acceptait ses dernières exigences sur les primes de but par palier. Peu importe l’institution ou la fierté d’un homme, Super Mario devait absolument être marseillais.
Un cadeau empoisonné ?
Balotelli va-t-il être accueilli comme le sauveur par les supporters de l’OM ? En tout cas, il a quitté Nice sur la pointe des pieds, après avoir fait kiffer l’Allianz Riviera par intermittence les deux premières années. Mais le bilan de son ultime saison chez les Aiglons est pathétique : dix matchs, une passe décisive, cinq cartons jaunes et surtout zéro pion. Le résultat d’un manque d’implication, d’une attitude nonchalante et d’une condition physique déplorable, suffisant à exaspérer Patrick Vieira et incitant les dirigeants niçois à se débarrasser d’une star devenue un fardeau, qui aura fait sa dernière apparition sur un terrain le 4 décembre, contre Angers (0-0).
Et si Balotelli va devoir se refaire une santé, retrouver le chemin des filets et se faire une place dans le vestiaire olympien, il reste le maître du jeu. Avec un contrat en or, sans option, ni clause, l’international italien et son entourage pourront encore faire tourner en bourrique les décideurs marseillais, si ces derniers souhaitent prolonger le mariage en juin prochain. En attendant, l’OM espère pouvoir compter sur sa nouvelle recrue pour la réception de Lille, vendredi soir, et compte sur un apaisement au Vélodrome pour la venue de Frank McCourt, le propriétaire du club. Mais pas sûr que l’arrivée de l’attaquant suffise à calmer les tensions, les supporters attendant surtout des progrès sur le terrain, des résultats et une place sur le podium en fin de saison. Reste à savoir quel rôle jouera Balotelli dans ces ambitions.
Par Clément Gavard