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Balo le persécuté
Lors du Nice-Lorient d'octobre dernier, Balo s'était pris un carton rouge pour rien après avoir marqué, montrant que sa réputation l'handicapait et que les arbitres n'étaient pas objectifs avec lui. Lors du Lorient-Nice de samedi dernier, il a pris un nouveau rouge mérité après avoir fait un match atroce, montrant qu'il ne pouvait pas toujours se cacher derrière son image de bouc émissaire.
L’état de grâce est donc terminé. En un peu moins de six mois, Mario Balotelli a joliment démoli l’essentiel du capital sympathie dont il disposait en arrivant en France. Et après son match – il est vrai immonde – contre Lorient samedi dernier, la presse s’est lâchée comme rarement en abordant le cas de l’Italien. Au moment des notes, les gars de Nice Matin y sont allés franco : 0/10 pour Balo. Du côté de L’Équipe, on a été à peine plus clément en lui scotchant un 1/10 qui fait tache. Car au stade du Moustoir, Mario Balotelli a fait bien pire que d’être fantomatique dans le jeu : il a été Mario Balotelli. « Le vrai » Mario Balotelli, comme diraient ses détracteurs. Ceux qui étaient persuadés que l’ancien petit génie du foot italien finirait par tout foutre en l’air. Et ce dernier avait à peine posé le pied sur le sol français, que déjà les oracles tournoyaient un peu partout. « Enfant terrible » , « Sulfureux » et « Il va retomber dans ses travers » étaient devenus des éléments de langage courant, et constituaient le champ lexical des sceptiques. Le problème, c’est que pendant ses premiers mois en France, Balo les a fait taire. Sérieux, appliqué, bon sur le terrain, buteur, il participait en plus de ça au joli feuilleton du début de saison qu’était la course en tête de l’OGC Nice. Encore plus fou, il donnait l’impression d’avoir réussi à faire taire les voix qui lui parlaient. En interview, d’un ton posé, il jurait vouloir avancer dans la vie et donner le bon exemple à sa fille. Même quand il avait pris un carton rouge en octobre dernier, l’arbitre du match avait fini par s’excuser, par admettre que Mario n’avait rien fait, et la Ligue avait annulé la suspension.
Une victime qui n’en est plus une
C’était le 2 octobre dernier. Déjà lors d’un Nice-Lorient, celui de la phase aller, dans les Alpes Maritimes. Balo venait de marquer le but de la victoire, avait mangé un rouge pour rien, et Olivier Thual était devenu l’arbitre qui avait voulu se payer Balo. Clairement, Balotelli payait uniquement le fait de s’appeler Balotelli, et sa mauvaise réputation aveuglait certains des hommes au sifflet. En restant calme et en se contentant de jouer au football, Mario ne rentrait pas dans les cases qu’on avait prévues pour lui. En plus de ça, le fait qu’il cristallise l’attention permettait à Pléa, Cyprien ou Séri de s’exprimer et de progresser. Alors par dépit, par frustration aussi, arbitres et commentateurs avaient décidé de le lyncher gratuitement, et d’oublier de respecter un type qui marquait à l’époque presque un but par match. Sauf que la réalité du Nice-Lorient d’octobre n’est pas celle du Lorient-Nice de ce week-end. Insipide, l’ancien Milanais a envoyé un mauvais coup à Zargo Touré avant de hurler sur Tony Chapron, qui l’a plus exclu pour les insultes que pour la faute. « Il m’a insulté en anglais. Je n’en dirais pas plus, mais c’était du classique » , déclarait Chapron après le match. « Il n’a pas dit grand-chose. L’arbitre avait peut-être envie de se le payer. Parfois, ils mettent des cartons pour rien » , contre-balançait Cardinale, tentant de défendre l’indéfendable. Toujours est-il que Balo en est à son troisième carton rouge de la saison, le deuxième direct, soit un record depuis le début de sa carrière, et que même Lucien Favre ne tentait pas de le protéger en conférence de presse : « Vous pensez que parce que c’est Balotelli, ils sortent le carton rouge ? C’est ridicule. Les arbitres sont parfaitement impartiaux. » Même en France, Balotelli n’a pas trouvé la réponse à son Why always me ?
Par Alexandre Doskov