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Ballon d’or : Ribéry a-t-il vraiment eu sa chance ?

Par Paul Piquard, Antoine Donnarieix et Martin Grimberghs
6 minutes
Ballon d’or : Ribéry a-t-il vraiment eu sa chance ?

Lundi 13 janvier, 20 heures, Pelé annonce en mondovision le sacre de Franck Ribéry, offrant à la France son quatrième Ballon d'or. Ch'ti Franck’, le gamin balafré de Boulogne, ex-paria des médias français, met enfin le monde à ses pieds après une fabuleuse année 2013. Ce scénario, la France en a rêvé, aussi fort qu’elle fantasme sur une victoire de Tsonga à Roland-Garros. Une fois le soufflé retombé, une seule question persiste : Ribéry avait-il un seul instant une chance de faire sauter la banque, et de repartir de Zurich avec 12 kilos d’or sous le bras ?

« Une petite pensée pour Franck » , de la part de Luis Fernandez, « une petite faille dans le système » pour Jean-Pierre Papin, « un véritable scandale » selon Jérôme Rothen, « un petit problème » , dixit Michel Platini, pour qui « l’année prochaine, on va donc revenir et ce sera Ronaldo-Messi, puis dans deux ans Messi-Ronaldo, dans trois ans Ronaldo-Messi ? » . La nomination de Cristiano Ronaldo comme Ballon d’or ne fait pas l’unanimité chez tout le monde. Pourtant, à la vue des résultats et du détail des votes, Franck Ribéry n’a jamais été réellement en position de favori pour ce titre honorifique. Alors, en pensant, en avançant et en écrivant l’inverse, les presses française et allemande en ont-elle trop fait autour du Kaizer ? Possible. Dans le pays qui a inventé le football en tout cas, la question ne s’est jamais posée, comme le raconte Gabriel Clarke, journaliste pour ITV Sport : « Dans la presse, Franck était vu comme un vainqueur potentiel, mais jamais comme un favori. Il y a une grosse différence. Ici, cela aurait été une énorme surprise, si l’ordre final n’avait pas été Ronaldo, Messi, puis Ribéry. » Même son de cloche en Belgique, comme nous l’explique Stéphane Pauwels, aujourd’hui consultant sur Téléfoot : « L’affaire était pliée depuis longtemps. À partir du moment où la FIFA recule la date, c’est plié. »

« La star du Bayern Munich, c’est l’équipe. La star du Real, c’est Ronaldo »

Mais alors pourquoi diable s’est-on obstiné, en France et en Allemagne, à faire de Ribéry un vainqueur potentiel de la gonfle dorée ? L’argument le plus solide du Français a toujours été son palmarès construit au cours de son incroyable saison avec le Bayern. Glouton et sans pitié, le Français a empilé les titres comme Casanova les conquêtes. Mais surtout, sans laisser de miettes à ses concurrents. D’où la réflexion qu’a eue Manfred Münchrath, journaliste au magazine allemand Kicker : « Il avait de très bons arguments. Premièrement, il a gagné la Champions League, le trophée le plus important la saison dernière. Il a aussi remporté l’un des meilleurs championnats du monde, la Bundesliga. Ronaldo, lui, n’a rien gagné. Nous pensions qu’il était raisonnable de donner le Ballon d’or à Franck Ribéry cette année. » Rémy Lacombe, journaliste membre de la cellule Ballon d’or France Football chargée de récupérer les votes des journalistes, poursuit en ce sens : « Compte tenu de l’année de Ribéry et de son palmarès 2013, il avait des vraies chances. Il finit quand même troisième, juste derrière Messi. La chance, elle, a réellement existé. C’est quand même le scrutin le plus serré entre les trois premiers depuis qu’il y a eu la fusion avec la FIFA en 2010. » Placé, mais pas gagnant, le numéro 7 du Bayern aurait fait les frais de l’impression de puissance collective dégagée par le Bayern Munich la saison passée, comme le souligne Clarke : « Le Bayern a bien gagné la Ligue des champions, mais la majorité des gens en Angleterre y a vu le triomphe d’une équipe, pas le triomphe de Ribéry. Ribéry est vu comme un excellent joueur, dans une excellente équipe. Mais la star du Bayern Munich, c’est l’équipe. La star au Real, c’est Ronaldo, la star au Barça, c’est Messi. » Il poursuit : « Il n’est pas la pièce la plus importante du Bayern Munich. Ils ne reposent pas uniquement sur Franck Ribéry, au contraire du Real Madrid avec Ronaldo. C’est un compliment pour le Bayern, mais un désavantage pour Ribéry. »

« Comme les oscars à Hollywood »

Jean-Baptiste Guillot, avocat associé gérant du cabinet RMT, spécialisé dans le droit du sport, est du même avis : « Il lui a manqué d’être encore plus décisif. Ronaldo et Messi ont beau avoir des joueurs fantastiques autour d’eux, ce sont eux, les joueurs phénoménaux. À l’origine, le Ballon d’or est censé récompenser le meilleur joueur, je ne suis donc pas étonné de la victoire finale de Ronaldo, ni même la seconde place de Lionel Messi. » En Allemagne, on a le sentiment que le Français aurait également souffert de son manque de visibilité à l’échelle internationale, comme nous l’explique Münchrath, un brin fataliste : « Je pense qu’il est derrière Messi et Ronaldo, en termes de popularité mondiale. Messi et Ronaldo jouent pour le Barça et le Real Madrid qui sont encore des clubs plus connus que le Bayern à échelle mondiale. En termes de marketing ou de publicité, en Asie par exemple, le Real Madrid et le Barça sont considérés comme des plus grands clubs que le Bayern Munich. En conséquence, Ronaldo et Messi sont des plus grandes stars que Ribéry, et ont donc plus de chances de l’emporter. » Moins influent, moins décisif et moins médiatisé que ses deux concurrents, Ribéry a également pâti du manque de soutien public à son égard, pratique devenue la norme depuis la modification des critères de l’élection, en 2010. Rémy Lacombe s’explique : « Si vous voulez, il y a des campagnes maintenant, c’est un peu comme les oscars à Hollywood. Il y a une campagne qui est faite, les joueurs font la leur. On l’a bien vu avec Ronaldo. »

Une victime du lobbying

En effet, loin de la stratégie quasi militaire organisée par le Real Madrid pour faire élire son joueur, Ribéry n’a, selon Clarke, jamais obtenu le soutien escompté, ni de la part de son club, ni de la part de ses compatriotes : « Il y a eu un vrai duel entre deux camps : les Portugais et le Real Madrid autour de Ronaldo, et le Barça et l’Argentine autour de Messi. A contrario, Zidane a affiché son soutien à Ronaldo. Mais on peut surtout se demander si les Allemands en avaient quelque chose à faire. Joachim Löw n’a pas enregistré de vote. Lahm a mis Ribéry en premier, mais Ronaldo en deuxième et Messi troisième. A-t-il été, au contraire des autres, un peu naïf ? Si tu veux faire gagner Ribéry, tu le mets premier, et tu mets deux autres joueurs qui n’ont aucune chance de gagner. » En France, surtout, les soutiens publics ont fait défaut à Ribéry, certains comme Mamadou Sakho ou Gerard Houllier se prononçant même en faveur du Portugais. La faute à une image écornée ? C’est l’avis de Guillot : « On touche plus à la communication qu’au lobbying. Messi et Ronaldo ont certainement une meilleure gestion de leur image, là où Ribéry est moins mis en avant. Ribéry pour les Français, c’est le bus et Zahia. Il a une image contrastée. » Un avis que partage, déçu, Stéphane Pauwels : « Je suis amer. Moi, je m’en fous complètement de Zahia. Ribéry est un joueur de foot normal comme François Hollande est un président normal. Hollande, il a une maîtresse et il roule en scooter, comme tous les Français. Ribéry, il a fait le con, comme tous les joueurs de foot. » Et comme beaucoup d’autres prodiges avant lui, le Français ne gagnera jamais le Ballon d’or.

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