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- Galles-Slovaquie (2-1)
Bale et Kanu font rougir le pays de Galles
Emmené par un public de feu, le pays de Galles et ses Dragons ont craché sur l’opposition slovaque. Tout en hargne, et jusqu’au bout, pour finalement trouver la délivrance dans les pieds de Robson-Kanu.
Pays de Galles 2-1 Slovaquie
Buts : Bale (10e), Robson-Kanu (81e) pour les Gallois // Duda (61e) pour les Slovaques
« Don’t take me home, please don’t take me home, I just don’t want to go to work. » Qu’on les accuse d’être feignants, ou simplement épicuriens, les supporters gallois ne chôment jamais au moment d’entamer leur chant. Trop heureux d’être là. Trop heureux de pouvoir, près de 50 ans après leur dernière participation à une compétition majeure, se frotter à l’élite. Bordeaux déjà annexé depuis quelques jours, ne reste qu’à conquérir un Matmut qui n’a jamais autant vibré qu’à l’arrivée de ces ventres nourris au houblon et ces bouches pour la plupart édentées. Alors, qu’importent les gueules cassées. Qu’importe la modeste histoire du pays de Galles. Car celle-ci s’écrit désormais avec les pieds de Gareth Bale. Mais aussi ceux d’Hal Robson-Kanu, buteur providentiel et, ce soir, homme à ne pas lutter contre le chômage.
Bale vs Hamšík
Pourtant, il semblerait que face à la Slovaquie, Gareth Bale ait trouvé un adversaire de taille : Marek Hamšík. Entre les deux hommes, c’est un combat qui s’annonce. Un chignon long contre une crête fine, des exploits individuels contre des passes savamment distillées, soit tout un programme. Le round 1 va d’ailleurs tourner à l’avantage du Slovaque. Les banderoles UEFA ont à peine été repliées que le milieu de Naples chipe le ballon au Madrilène, feinte, puis crochète deux joueurs, avant d’aller défier Ward. Le portier goûte à la pelouse, mais Ben Davies, posté derrière son gardien, sauve la patrie. Le round 2 ne se fait pas attendre.
Coup franc aux 25 mètres pour Bale, tir flottant, gardien défaillant : le combat vient de basculer en faveur du Gallois. Qui n’est pas seul dans sa quête de villégiature prolongée. Hargneux et porté par un Joe Allen aux poumons larges, le pays de Galles gagne les duels, met les coups, sait les recevoir, et enferme totalement la Slovaquie dans un périmètre trop petit pour qu’il en sorte du positif. Sur son pupitre, le journaliste slovaque s’agace. Son équipe, trop maladroite et peu inspirée, mérite d’ailleurs amplement les « Kurva » balancés sans retenue. Et qui laissent transpirer une colère qui ne demande qu’à s’exprimer.
Le bobby Robson
Car la Slovaquie n’a pas pris ses tickets pour la France par hasard. Solide, et armée de quelques joueurs à même de faire la différence (Mak, Kucka, Weiss), elle ne doit son désavantage qu’à une mise en route tardive. La fin de première période délivre d’ailleurs ses encouragements. Quelques frappes lointaines, une tête de Škrtel au-dessus, et les hommes de l’Est prennent enfin la mesure du match. Une réalité confirmée au retour des vestiaires, et à mesure que les Gallois faiblissent. Ne reste qu’à appuyer sur le bon bouton. Un bouton nommé Duda. Entré une minute auparavant, le milieu réceptionne le ballon après un bon travail de Mak, distributeur de plaisir, et transforme d’une frappe sèche (60e). La fin du match promet d’être longue pour les Gallois.
Par bouffées, et entre les hymnes de réconfort, les Dragons pointent le bout d’une queue. Bale et Ramsey, de la tête, s’offrent même les occasions de faire exploser le Matmut qui bout. Ce sera finalement pour Robson Kanu, deuxième homme à prouver que le coaching est gagnant en ce début d’Euro. Après un travail de Ramsey, le Gallois de 27 ans s’arrache et glisse sous Kozáčik. Le public, déchaîné, se ferait entendre de la famille Bélier. Mais n’oublie surtout pas de finir ce qu’il avait commencé : « I wanna stay here, drink all your beer, please don’t take me home. » Et la maison attendra.
Par Raphaël Gaftarnik, au Matmut Atlantique de Bordeaux