- Ligue des Champions
- 8e
- Bâle/Bayern
Bâle au centre
Tombeur surprise de Manchester United en phase de groupes, le FC Bâle a les moyens de déstabiliser un autre grand d’Europe ce soir à St. Jakob-Park, grâce à un bon amalgame entre joueurs expérimentés et grands espoirs. A l’image d’Alexander Frei, prolifique comme à ses plus beaux jours, et de Xherdan Shaqiri, le petit génie, qui dispute un match étrange contre son futur club, le Bayern, que certains joueurs et l’entraîneur de Bâle connaissent très bien.
Le parcours
En se qualifiant pour ces huitièmes de finale de la C1, le FC Bâle a signé à la fois une performance historique et un authentique exploit. Performance historique car c’est la première fois que le club de la milliardaire Gisela Oeri, incontestable et incontesté porte-drapeau du football helvète depuis une décennie, parvient à passer la phase de poules de la compétition continentale majeure. Authentique exploit car il a fallu pour ce faire écarter rien moins que Manchester United. A Old Trafford déjà, le 27 septembre, la formation d’Alex Ferguson avait bien failli se faire surprendre par les petits Suisses, qui menaient 3-2 jusqu’à la 90e et cette égalisation heureuse d’Ashley Young. Après avoir inscrit ses six points face à Otelul Galati mais seulement un dans la double confrontation face à Benfica, Bâle disputait le 7 décembre une sorte de 16e de finale lors de la dernière journée de la phase de poules face à United. Dans un St. Jakob-Park en fusion, les Bâlois furent héroïques, remportant ce match décisif grâce à un but en début de rencontre du capitaine Marco Streller et un second à la fin de l’inévitable Alex Frei (2-1, score final). Une performance fêtée en Suisse, mais qui n’a pas tant étonné que ça. « Les nuls ramenés de Lisbonne et de Manchester avaient démontré que Bâle était capable de jouer dans la même catégorie que les grands d’Europe, explique ainsi Marc Fragnière, du site 20minutes.ch. Et puis le fait que la victoire soit obligatoire a sans beaucoup servi à la préparation mentale de la rencontre. Et dans le chaudron de Bâle, tout est possible » . Un chaudron, carrément.
La forme du moment
L’année 2012 n’a pas démarré de manière flamboyante pour les Bâlois, qui ont concédé deux heureux nuls depuis la reprise du championnat : 0-0 contre Sion puis 2-2 (arraché en fin de rencontre) à Berne face aux Young Boys la semaine dernière. Un petit relâchement qui n’étonne pas Marc Fragnière : « Inconsciemment, tout le monde à Bâle est forcément focalisé sur cette double confrontation avec le Bayern » . Les Rhénans peuvent d’ailleurs se permettre de lever un peu le pied en Super League, tant ils disposent d’une confortable avance : six points exactement sur leurs plus proches poursuivants (et seuls rivaux), les Young Boys et Lucerne. Le départ de l’entraîneur Thorsten Fink en octobre (parti à Hambourg) n’a pas eu d’incidence sur la marche en avant du club. Le FC Bâle n’a perdu qu’un seul de ses matchs officiels disputés depuis août. C’était face à Benfica à domicile le 18 octobre.
Le style de jeu
Le nouvel entraîneur Heiko Vogel a gardé le même schéma tactique utilisé par son prédécesseur et compatriote Thorsten Fink. A savoir un classique 442, avec deux centraux à la récupération (le taulier Benjamin Huggel et le jeune Granit Xhaka) et deux milieux offensifs sur les ailes : Fabian Frei et Xherdan Shaqiri. Devant, les duettistes Marco Streller et Alexander Frei font parler leur expérience. Les lignes arrières rassurent un peu moins en revanche, avec Yann Sommer dans les cages, David Abraham et Aleksandar Dragovic au centre, ainsi que Park Joo-Ho et Markus Steinhöfer sur les côtés. La récente arrivée de Philipp Degen doit permettre d’apporter un peu de « bouteille » à cette défense de moins de 24 ans de moyenne d’âge.
Les joueurs à suivre
Le premier Bâlois à surveiller sera Alexander Frei. Pour notre observateur, « c’est le renard des surfaces par définition, il est capable d’être quasiment invisible durant tout un match et de planter deux pions entre la 85e et la 93e » . Après son passage remarqué au Stade Rennais entre 2003 et 2006, il a également réussi ses trois saisons passées au Borussia Dortmund. Et comme son compère Marco Streller, qui y a également longtemps évolué, il connait toutes les spécificités du jeu proposé en Bundesliga. Une chance au moment d’affronter le Bayern, mais aussi une pression supplémentaire pour celui qui reste encore aujourd’hui très populaire en Allemagne. L’autre joueur à suivre côté rhénan est Xherdan Shaqiri, qui va quant à lui découvrir la Bundesliga à partir de la saison prochaine, puisqu’il s’est d’ores et déjà engagé avec le… Bayern, qu’il rejoindra en juin. Cette double confrontation contre son futur club sera donc très particulière pour ce gaucher évoluant sur le flanc droit, trapu et rapide, amené à succéder à Arjen Robben au FC Hollywood. Un mot enfin du méconnu entraîneur Heiko Vogel, qui a débuté sa carrière avec les jeunes du Bayern, ayant notamment sous son aile Philipp Lahm, Thomas Müller et Holger Badstuber, aujourd’hui cadres de l’équipe première. Cette rencontre à enjeu s’annonce donc particulière à plus d’un titre.
Par Régis Delanoë