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Balde Keita, pression double
Présenté comme un crack depuis son plus jeune âge et chargé de faire oublier Kylian Mbappé au sein de l’attaque monégasque, le Sénégalais Baldé Keita n’a pas encore totalement rempli sa mission sur le Rocher. Cependant, par moments, il a donné l’impression de dégouliner de talents.
« Ne me comparez pas à Mbappé, ne me comparez à personne. J’ai mon propre style. Si j’ai cette étiquette de phénomène, c’est que j’ai beaucoup travaillé dans ma carrière. » Dès sa première prise de parole publique en tant que joueur de l’AS Monaco, Baldé Keita a mis la barre haut. « Mbappé » et « phénomène » dans la même quote. Il faut dire que l’ancien de la Lazio est arrivé dans les dernières heures du mercato estival contre 30 millions d’euros – plus gros transfert du club depuis les arrivées de James et Falcao en 2013 – et dans le chassé-croisé des vacances qui a vu Kylian Mbappé rejoindre le PSG. Mine de rien, le gamin de Bondy sortait d’une demi-saison folle sur le Rocher et il n’est pas simple de remplacer le Golden Boy 2017. Baldé est là, en partie, pour ça. Mais aussi pour épauler la vraie star silencieuse de la Principauté, Falcao.
Le déplacement à Lyon
L’an dernier, le duo Mbappé-Falcao fonctionnait à merveille. Cette saison, le Tigre a rugi dans un premier temps avec Mbappé, puis avec Diakhaby, Jovetić et Carrillo sans qu’aucun duo ne donne satisfaction sur la durée. Alors dans l’esprit de certains, la paire Keita-Falcao est la plus à même de (re)dresser la barre au Louis-II. Un fixeur et un joueur de mouvement. Arrivé avec un déficit physique criant puisqu’il n’avait pas fait de préparation avec son ancien club, le Sénégalais a mis du temps à trouver son rythme. Des entrées ici et là, quelconques, et une petite gêne musculaire ont d’abord conjugué ses premières semaines.
Puis est arrivé le déplacement à Lyon. Un vendredi 13. Malgré la défaite dans les arrêts de jeu (2-3), Keita livre un match solide, seul en pointe, et donne une balle de but à Rony Lopes. Viennent ensuite trois matchs de haute volée en Ligue 1 pour autant de buts : face à Caen, à Bordeaux et contre Guingamp. Les deux derniers sans Falcao, blessé. Une prise de pouvoir ? Trop tôt pour le dire. D’autant que son dernier match très moyen à Amiens a rappelé qu’il ne fallait jamais s’endormir sur ses lauriers en Ligue 1.
Il veut tirer un penalty à la place de Fabinho
Malgré tout, le numéro 14 a quelque chose. L’ASM se cherchait un patron offensif de substitution, elle l’a sans doute trouvé. Gros caractère, dribbleur et parfois grande gueule, il a même essayé de rafler la mise sur les penaltys. Face à Guingamp, en l’absence de Falcao, Baldé a voulu tenter sa chance. Pas de bol, c’est Fabinho le préposé à la chose en l’absence du Colombien. Il aura fallu l’arrivée d’Andrea Raggi pour faire comprendre à la recrue qu’à Monaco comme ailleurs, il y a des règles à suivre. Étiquette de phénomène ou pas sur le front. Car malgré tout, sa réputation n’avait pas forcément traversé la frontière italienne pour venir garnir les ragots de Louis-II. Ses 16 buts de l’an passé en Serie A, notamment son finish incroyable avec 8 buts sur les 5 dernières journées, n’étaient pas forcément attendus en haut de la liste.
On a longuement parlé du Danois Dolberg (Ajax), mais aussi des rumeurs Diego Costa et Cristiano Ronaldo. Pourtant, Keita est suivi depuis de nombreuses saisons par la cellule de recrutement de l’ASM. Il est jeune, offensif, possède une gueule, une gouaille et un style percutant. En résumé, il peut vite être bankable. Tout ce qu’il faut pour se faire draguer par l’ASM. D’autant plus dans une équipe qui cherche à faire oublier Mbappé, Mendy, Bakayoko ou Bernardo Silva. Là, avec Tielemans, Rony Lopes et Jordi Mboula, Keita représente l’avenir, mais aussi le présent. À commencer par la Ligue des champions où il n’a pas encore marqué avec l’ASM. À Istanbul lors du dernier match, il a deux balles en or en fin de partie qu’il négocie mal. Deux ballons qui auraient pu (dû) changer l’avenir immédiat du club champion de France dans la compétition. Car face à Leipzig, Keita et sa bande n’ont plus le choix, ils doivent gagner et prier que Porto n’en fasse pas de même en Turquie. Sans quoi, la C1 s’arrêtera un mardi soir de novembre. Et quand on veut faire oublier Kylian Mbappé et confirmer un statut, il n’y a rien de mieux qu’un printemps européen pour le faire.
Par Mathieu Faure