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- Monaco-Lyon (3-2)
Baldé Keita, le chaud et le froid
Sans un but in extremis de Rony Lopes, l'AS Monaco aurait concédé le nul à domicile contre l'OL. Un moindre mal en raison de l'expulsion stupide de Baldé Keita, qui a réussi l'exploit de relancer son équipe, puis de la mettre en grande difficulté en seulement 15 minutes.
En un gros quart d’heure, la France du foot a pu constater l’étendue des compétences de Baldé Keita. Le talent, l’explosivité et la précision d’abord, quand à la demi-heure de jeu, le Sénégalais a accéléré, déposé Houssem Aouar, résisté à Tanguy N’Dombélé, et ajusté Anthony Lopes d’une frappe limpide. L’AS Monaco était au plus bas, menée 2-0, et sa recrue estivale à 30 millions d’euros venait de la remettre sur les rails. Dix minutes plus tard, alors que tout allait bien – l’ASM avait égalisé par Radamel Falcao, penalty en deux temps –, l’ancien de la Lazio a pété sa première durite. Un geste d’humeur anodin, un tir dans le ballon alors que l’arbitre avait sifflé une faute, justifiait un premier jaune, déjà annonciateur d’un retour aux vestiaires prématuré. Le jeune homme de même pas 23 ans – il les aura en mars – a conclu son œuvre d’un tacle non maîtrisé et inutile sur Ferland Mendy quelques minutes avant la pause. Deuxième jaune – le rouge n’aurait pas été scandaleux – et fin de partie pour Baldé Keita, sans que l’on sache si Leonardo Jardim devait alors le remercier d’avoir sorti son équipe d’une impasse, ou le pourrir pour l’avoir laissée à dix pendant toute une mi-temps.
Le talent et le sale tempérament
À moins qu’à la signature du bonhomme, le coach portugais ait déjà compris ce qu’il en retournait d’évoluer avec l’ancien pensionnaire de la Masia barcelonaise. Car l’international sénégalais n’en est pas à son coup d’essai question dérapages. En fin de saison 2016-2017, la plus aboutie de sa carrière avec 16 réalisations, il a dit adieu à la Serie A sur un carton rouge. Un second jaune pour une présumée simulation (inexistante, pour le coup) lors d’une défaite à domicile des Laziali contre l’Inter lors de la 37e journée de championnat. Ce jour-là aussi, Keita y était allé de son petit but (sur penalty) avant de quitter ses coéquipiers. En novembre 2015, en Ligue Europa, il avait eu la délicatesse d’attendre que le match soit plié en faveur des siens pour répondre à une provocation et se prendre son rouge.
Il faut donc le savoir quand on investit lourdement sur lui : en dépit de sa propension à faire la différence, il est aussi capable de dévisser psychologiquement à cause de la frustration ou d’un adversaire malin, en attestent ses 5 cartons jaunes et un rouge reçus l’an passé en Serie A. Un tempérament qui était assez gracieusement toléré à Rome, en raison de son efficacité clinique – 16 buts en Serie 2016-2017 –, mais qui pourrait faire jaser en Principauté. Sans lui, en infériorité numérique, l’AS Monaco a beaucoup souffert et subi l’essentiel de la seconde période. Mais grâce au but tardif de Rony Lopes, on retiendra peut-être plus facilement son but qui a relancé l’ASM que son craquage qui aurait pu plomber l’équipe de la Principauté.
Par Nicolas Jucha