Bakayoko : « OM-PSG, c’est culturel »

Joueur de l’OM, quand commence t-on à penser au match contre Paris ?

Dans la semaine du match. Quand les supporteurs le font sentir et quand les entraîneurs en parlent. Si Marseille est champion et qu’il perd contre Paris, il n’y a pas de mal. Le jour J en revanche, on oublie tout : le classement, les points, car les supporteurs tiennent vraiment à la victoire. Pour ma part, j’en ai pas perdu beaucoup. OM-PSG, c’est culturel. On te le met dans la tête. Au quotidien, dans la rue, les supporteurs, il n’y a pas besoin d’expliquer aux joueurs. C’est automatique. Pourquoi sinon vous auriez appelé un ancien comme moi pour en parler ?

En quoi OM-PSG n’est pas un match comme les autres ?

Du point de vue des supporteurs. A Livourne, où je suis passé après Marseille, les fans venaient nous voir pour nous expliquer de tout faire pour ne pas perdre contre la Lazio. Ils nous racontaient l’histoire du club, les intentions, les rivalités entre supporteurs. Là-bas, ils mettent beaucoup de politique dans le sport. Vous savez, c’est une ville communiste.

« Bernard Tapie organisait des feux d’artifices »

Outre les supporteurs, est-ce que les dirigeants aussi vous font ressentir la particularité de cette rencontre? Causeries ? Doubles primes ?

Ca dépend des dirigeants et des entraîneurs. Tapie par exemple avait affiché dans le vestiaire une coupure de presse au sujet du derby, histoire de nous motiver. Il avait ses stratégies. Après les victoires, il organisait aussi des feux d’artifices. Quant aux doubles primes, le joueur n’a rien compris s’il attend ça pour le motiver. C’est un derby, il n’y a pas besoin de ça quand il est à l’OM. L’engouement du stade te galvanise.

Un classique, c’est plus de plaisir ou plus de stress ?

Le football, c’est faire de l’attraction. Jouer pour les supporteurs. La pression, il faut faire avec. Celui qui gagne est celui qui a le plus donné. Personnellement, c’est plus de plaisir. Les supporteurs viennent voir qui est le plus fort et viennent donner de la joie à ses joueurs.

Sur le terrain, y-a-t-il de l’animosité entre les joueurs ? Plus d’insultes, de fautes, d’intimidations, de SMS chambreurs?

Certains joueurs savent se respecter. Le football n’est pas une guerre même s’il est utilisé pour certaines fins à certains niveaux. J’étais pas dans la tête de mes adversaires, mais moi j’arrivais à gérer et respecter l’adversaire.

« Madagascar, vous savez l’île en bas »

Ton meilleur souvenir d’un OM-PSG ?

C’était lors de ma deuxième saison (ndrl : 2000-2001). J’étais remplaçant. Je rentre à 10 minutes de la fin. Jusque là, il n’y avait pas d’occasion. C’était un match bizarre. Et j’ai marqué. On gagne 1 à 0. Les supporteurs sont rentrés et ils ont tout oublié de mon début de saison (ndrl c’est à l’occasion de ce match qui a eu lieu en février qu’il a ouvert son compteur but). On fait pas exprès de ne pas marquer, donc ce but m’a fait plaisir. Je n’avais pas la confiance de l’entraîneur.

Jouer un PSG-Marseille, est-ce un rêve de gosse ?

Jouer pour Marseille est un rêve de gosse. Quand tous les matchs, le public est là. Même dans les moments difficiles, même pour les matchs de deuxième division, même pour les matchs amicaux. Imaginez la passion. Ca n’enlève pas l’estime d’un clasico, mais chaque week-end, à Marseille, c’est un plaisir. Tu fais du foot pour des stades pleins.

Selon toi, peut-on encore parler de rivalité entre Paris et Marseille ?

L’OM reste l’OM. La ferveur populaire dans le Sud, c’est quelque chose qu’on ne pourra pas enlever. Le football souhaite l’OM à la hauteur. Malgré la domination de Lyon, Marseille reste connu dans le monde entier. Notamment en Afrique. A Madagascar -vous savez l’île en bas – nous disputions un match avec la sélection de la Côte d’Ivoire. Les spectateurs se sont pointés avec des maillots de Marseille. La rivalité dépend des joueurs qui passent, qui marquent le club quand on est petit. On remporte la Ligue des Champions, ensuite Paris gagne une coupe d’Europe. Ca reste dans la tête.