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Bahebeck, l’éternel retour de flamme
Comme beaucoup de garçons issus de la formation parisienne, Jean-Christophe Bahebeck a tout cassé chez les jeunes avant de buter sur la marche du PSG QSI. Dans une équipe qui attend le retour de Neymar, Cavani et Mbappé, Bahebeck s’est pourtant envolé pour l’Asie avec le PSG de Thomas Tuchel trois ans après son dernier match officiel avec Paname. Prêté chaque année, le joueur de 25 ans est toujours sous contrat avec le PSG.
On a longuement évoqué la génération 1993 durant la Coupe du monde de la France, celle de Pogba, Umtiti, Varane, Thauvin et Areola. Quatre d’entre eux ont même été sacrés champions du monde des moins de 20 ans en 2013. En finale face à l’Uruguay, Thauvin jouait à gauche et son penchant à droite s’appelait Jean-Christophe Bahebeck, joueur très prometteur chez les jeunes au Paris-SG où il enfilait les buts (meilleur buteur en U15, U17, U19 puis en CFA).
Alors que Paul Pogba et Samuel Umtiti sont actuellement en vacances du côté de Los Angeles avec une réplique de la Coupe du monde, Bahebeck, lui, s’est envolé pour l’Asie avec le PSG. Tous les ans, le natif de Saint-Denis retrouve la capitale durant l’intersaison. À l’exception du millésime 2014-2015 (15 matchs, 2 buts), l’attaquant de 25 ans a constamment été prêté par son club formateur : à Troyes (2012-2013), Valenciennes (2013-2014), Saint-Étienne (2015-2016), Pescara (2016-2017) et Utrecht (2017-2018). Hasard ou non, il ne s’est imposé nulle part. Soit parce qu’il était encore trop tendre pour la Ligue 1 soit parce que le sort s’est acharné contre lui, comme aux Pays-Bas où après des débuts intéressants (3 buts en 6 matchs), il se blesse gravement au tendon d’Achille en octobre 2017. Avant cela, il avait quitté un Saint-Étienne-Bastia en ambulance, victime d’un affreux malaise à la mi-temps. Ou quand le sort s’acharne. Dans les faits, l’attaquant n’a plus rejoué un match officiel depuis 10 mois et sa grave blessure survenue aux Pays-Bas.
Une attaque d’enfants où JCB est le doyen
Encore sous contrat au PSG pour un an, Bahebeck est pourtant dans les 24 joueurs convoqués par Thomas Tuchel pour la tournée à Singapour qui doit se terminer par le Trophée des champions contre Monaco, le 4 août, à Shenzhen en Chine. En attaque, le champion du monde U20 est même le doyen puisqu’il mène une escouade composée de Timothy Weah (18 ans), Virgiliu Postolachi (18 ans) et Alexandre Fressange (17 ans). Avec les absences de Neymar, Mbappé, Cavani et Di María, le PSG est légèrement dévêtu pour préparer sa saison. Alors Tuchel mise sur les jeunes ainsi que Bahebeck, sous contrat. Jesé, lui, est prié de se trouver un studio d’enregistrement loin de la capitale. De là à dire que Jean-Christophe Bahebeck entre dans les plans de Tuchel, il y a un monde.
Validé par Ancelotti
Pour le moment, la carrière de l’ancien grand espoir du club n’a jamais vraiment décollé (96 matchs de Ligue 1, 8 buts) alors qu’il était annoncé comme très prometteur par ses formateurs. Bon des deux pieds, à l’aise sur phase arrêtée, rapide, Bahebeck semblait armé pour le haut niveau, y compris au PSG où, par séquence, il s’est montré décisif. « On a un très bon jeune ici : Bahebeck. Et on veut lui donner plus de temps de jeu » , balance même Carlo Ancelotti lors de son arrivée en janvier 2012. Il faut dire que la réputation de « JCB » fait le tour du Camp des Loges comme le rappelle Martin Mimoun, ancien coéquipier en jeunes, lors d’une émission diffusée sur SFR Sport : « Il était bien au-dessus du lot. Je me souviens, on jouait en U17, et au bout de 20 minutes, il met un coup franc de trente mètres et un retourné acrobatique double barre rentrante, deux buts d’anthologie. Et Jean-Luc Vasseur, le coach, le sort en lui disant : « Tu as montré que tu n’avais rien à faire dans cette catégorie, va t’asseoir. » »
Été 2014, sa masterpiece
Après une préparation estivale XXL (6 buts), il gratte du temps de jeu sous Laurent Blanc à la sortie d’une Coupe du monde 2014 qui voit certains internationaux revenir tardivement, s’offrant même une place dans le XI de départ lors du Trophée des champions face à Guingamp. Dans la foulée, il est décisif face à Monaco, Toulouse et Lorient en moins de deux mois et délivre une passe décisive à Cavani pour le but de la victoire à Nicosie en Ligue des champions. Une bonne forme qui coïncide avec une prolongation de contrat jusqu’en 2019 (son contrat actuel). Sa première partie de saison 2014-2015 est sans doute sa meilleure. La seule avec un minimum de continuité dans le jeu au cœur d’un effectif ultra concurrentiel sur les côtés du 4-3-3 (Cavani, Lucas, Lavezzi, Pastore). Mais pour le gamin qui a fait ses premiers pas dans le football avec le club de Persan, la marche PSG était sans doute trop haute.
Approché par l’OM, Bordeaux et le PSG à 14 piges, Bahebeck prend la direction de Paris qui, à l’époque, commençait à donner sa chance aux jeunes du cru (Sakho, Chantôme, Sankharé, Ngoyi, Arnaud). Il y a quatre ans, alors qu’il reprend avec le groupe du PSG, il croise Zlatan Ibrahimović dans le vestiaire. Le Suédois lui demande combien de buts il a planté lors de son prêt à Valenciennes. « Deux en 21 matchs » , raconte Bahebeck lors de l’ancienne émission de Pierre Ducrocq diffusée sur France Bleu Île-de-France. « Et là, il m’a dit avec son accent : « Pfff, et tu penses que c’est bien ? Bahebeck : 2 buts, 21 matchs… Zlatan, c’est 2 matchs, 21 buts ! » C’était énorme. Depuis, il n’arrête pas de me chambrer. Mais je préfère ça plutôt qu’il ne me calcule pas du tout. » Quatre ans plus tard, Ibra n’est plus là, et Bahebeck est toujours au PSG pour ce qui devrait être sa dernière rentrée avec son club formateur.
Par Mathieu Faure