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Baggio, Stoichkov et le Giants Stadium

Par Valentin Pauluzzi
Baggio, Stoichkov et le Giants Stadium

Qui dit Italie-Bulgarie, dit demi-finale du Mondial 1994. Les Bulgares face à la bande à Arrigo, tout ça aux States et sous un grand soleil. Le foot qu'on aime, quoi.

« 36 degrés, 100% d’humidité, c’était une Coupe du monde de bonhommes ! Avant de disputer le match, on transpirait des tempes rien qu’en restant immobile, alors imaginez quand nous étions en mouvement. » Antonio Benarrivo pose le cadre de la rencontre. L’Italie et la Bulgarie s’apprêtent à entrer sur le terrain. Le Giants Stadium de New-York est plein à craquer : « Et il est rempli d’Italo-Américains. Personnellement, c’est le meilleur souvenir que j’ai de cette Coupe du monde. D’une certaine façon, on a fait revenir les immigrés en Italie durant quelques semaines. On sentait énormément d’affection autour de nous, cela nous donnait une force incroyable. » Joël Quiniou est au sifflet. C’est parti.

Le festival Baggio-Albertini

Personne n’attendait la Bulgarie à ce stade de la compétition, ni l’Italie d’ailleurs. Toutefois, le prestige différent des deux sélections ne pouvait les mettre sur un pied d’égalité : « Eux n’avaient rien à perdre, nous énormément. Quelle génération ils avaient ! Comment ne pas citer Stoichkov, il pouvait faire basculer la rencontre quand il voulait, surtout sur coup de pied arrêté. » La Squadra Azzurra se dispose en 4-4-2. Benarrivo, lui, prend position au poste de latéral gauche, place qu’il a récupérée lorsque Maldini a basculé dans l’axe suite à la blessure de Baresi : « Après un début difficile, on restait sur deux victoires à la dernière minute contre le Nigeria et l’Espagne. Du coup, on était vraiment lancés et enthousiastes. » La Bulgarie n’est pas en reste, elle vient de sortir l’Allemagne championne du monde en titre. La tactique, elle, est cependant plus prudente avec un 5-3-2 recroquevillé.

La 1re mi-temps est un véritable attaque-défense, les occasions de buts se succèdent pour les Azzurri et deux individualités se mettent particulièrement en valeur. L’inévitable Roby Baggio, mais aussi Demetrio Albertini qui sort l’une des plus belles prestations de sa carrière. L’élégant milieu de terrain du Milan touche le poteau, oblige Mikhailov à une jolie claquette, puis offre une passe décisive divine. « L’action part de moi côté gauche, je donne le ballon à Demetrio dans l’axe qui envoie une superbe louche au-dessus de la défense pour Baggio. Une action superbe qui correspondait aux schémas de Sacchi, on avait beaucoup bossé là-dessus. » C’est déjà le but du 2-0 après 25 minutes de jeu, puisque Baggio, encore lui, avait ouvert le score à la 20e, cette fois sur une action personnelle en réceptionnant une touche de Donadoni.

Une histoire de penaltys

« C’est notre meilleur match de la compétition, on a largement dominé la première mi-temps, mais on s’est compliqué la vie avec le penalty de Stoickhov juste avant la pause. » Et effectivement, le scénario en seconde période est différent, la Nazionale pense surtout à défendre : « Ce que l’on a fait excellemment, les milieux de terrain nous ont donné un gros coup de main. » Les Bulgares, eux, ne seront pas du même avis. En cause, deux situations très chaudes qui auraient pu déboucher sur deux autres pénos, une main de Costacurta et une faute de Mussi sur Letchkov. Quiniou a encore les oreilles qui sifflent : « Il n’y a rien à dire sur ce match. S’il y a eu une équipe qui a bénéficié d’un penalty, c’est la Bulgarie, s’il y a eu une équipe qui a croqué, c’était l’Italie. C’était un match à sens unique. Hristo, je l’ai connu à Parme, on est même encore en contact. Sa réaction est normale, c’est le charisme du leader qui a parlé, il devait hausser le ton et pointer du doigt l’arbitre. » Il a fait même mieux, il lui a craché au visage, selon les propres propos du Bulgare.

L’Italie l’emporte ainsi 2-1 et file en finale, mais les festivités sont modérées. En effet, Roberto Baggio est sorti sur blessure à la 71e : « Au final, ce n’était pas si grave puisqu’il joue contre le Brésil, mais c’est vrai que ça a gâché un peu la fête. Cette finale, on savait que les plus frais l’auraient gagné, nous on était tous cramés. Si Sacchi l’avait compris, on aurait pu être champions du monde. Il y avait Zola qui avait très peu joué et qui était super motivé, Signori qui avait refusé de jouer ailier gauche et qui s’était donc clairement brouillé avec le sélectionneur. Sans oublier Conte au milieu. Titulariser ces trois joueurs aurait pu changer la donne en finale. » Des regrets et une petite énigme : après avoir perdu la finale de la Champions League contre le Milan avec le Barça, Stoichkov s’incline cette fois face à l’Italie. Et pourtant, c’est bien lui qui est sacré Ballon d’or quelques mois plus tard : « C’est vrai que Maldini aurait mérité de l’avoir ou d’autresMilanisti, mais n’oublions pas que Hristo a fini meilleur buteur du Mondial. » Au final, Stoichkov n’a pas tout perdu.

João Neves, le prince de la ville

Par Valentin Pauluzzi

Propos d'Antonio Benarrivo recueillis par VP

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