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Bafé Gomis, mieux qu’une série TV
Sifflé sous le maillot de Saint-Étienne, sifflé sous le maillot lyonnais, Bafé Gomis a une énième fois reconquis Gerland en mettant un but décisif et en le célébrant d'une manière humiliante pour le peuple vert. Pour qui roule-t-il vraiment, en fait ?
Les scénaristes d’Homeland ne devraient pas trop la ramener. Parce qu’à écouter certains supporters lyonnais, le coup de l’ennemi de l’intérieur qui tergiverse, il y en a un qui l’incarne avec beaucoup plus de profondeur que Nicholas Brody : il s’appelle Bafétimbi Gomis, et il en est déjà à sa quatrième saison. Ce dimanche, lors de son match contre Brest, il y a eu une scène qui fait dire que c’est peut-être le moment clé de la série que l’on est en train de vivre. L’attaquant marque le but de la victoire. Déjà, ça, dans un stade qui l’a sifflé sévère, c’est pas mal. Mais il y a mieux : au moment de célébrer sa réalisation, l’attaquant se met à genoux, et il refait sa panthère. Celle qu’il faisait lorsqu’il marquait des buts à Saint-Étienne, où il avouait imiter Alex, le buteur brésilien qui l’avait enchanté ado dans les tribunes de Geoffroy Guichard. Provocation ? Non, parce qu’il y avait l’accessoire. Avec une perruque de lion sur la tronche, Gomis faisait de suite plus Gone. De quoi attiser encore plus la haine de ses anciens supporters, mais ça, c’est une autre histoire.
Un début d’histoire délicat
Pour l’instant, les scénaristes sont concentrés sur le lavage de cerveau qu’il opère sur les supporters lyonnais. Et c’est plutôt déroutant. Il débarque en 2009 pour un peu moins de 15 millions d’euros. À l’époque, on dit de lui qu’il accepte de passer à l’ennemi parce qu’il cherchait à quitter Saint-Étienne tout en maintenant son nouveau rythme de vie à 300 000€ mensuels. Pas de quoi faire passer la pilule, dans les deux sens. Dès lors, dès qu’il y a un souci dans le petit monde lyonnais, c’est sur le natif de la Seyne-sur-Mer que les supporters lyonnais tapent. S’il lui arrive d’avoir des absences dans la saison, il ne faut pourtant pas oublier que c’est en grande partie grâce à lui que son équipe se hisse sur le podium en 2011, alors que le club tout entier est miné par le clash Puel-Aulas. Et puis, pour trouver une saison où il claque moins de dix buts en championnat, il faut retourner à l’exercice 2005-2006. Quand même.
Il reste contre la volonté d’Aulas
Cette intersaison, sa situation a encore évolué. Comme il a toujours le même salaire, alors que l’OL entend changer son train de vie, Aulas a usé de tous les stratagèmes pour le foutre dehors. On a parlé d’offres venant de Russie, de Fulham. Gomis n’a pas voulu en entendre parler. Il devait dans le même temps se défaire d’une sordide histoire de mœurs avec l’ancien Stéphanois Benalouane. De quoi faire dire à certains fans des Gones que le buteur travaillait encore pour le compte des Verts et qu’il était chargé de faire couler le club. Hier, il a prouvé le contraire. C’est parce qu’il croit en tous les coups lorsqu’il occupe le front de l’attaque, que son équipe peut jouer avec deux pointes. Comme un symbole, son but est inscrit grâce à une passe géniale de Malbranque, pur produit lyonnais qui a saboté Saint-Étienne l’an dernier. Du coup, les spectateurs de Gerland se sont dit que Bafétimbi roulait en fait pour eux depuis le début. C’est en ce sens qu’ils l’ont acclamé à sa sortie du terrain. Attention pourtant, un retournement dans les prochains épisodes n’est pas à exclure.
Par Romain Canuti