S’abonner au mag
  • Culture foot
  • Musique

Babe : « Quand tu n’es pas pour les Rangers, t’es obligé de les détester »

Par Matthieu Rostac
Babe : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Quand tu n&rsquo;es pas pour les Rangers, t&rsquo;es obligé de les détester<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

En partie écossaise et anglaise, la formation Babe partage actuellement sa vie entre Londres et Bruxelles. Après avoir écumé les scènes bordelaise et glaswégienne. Autant dire que Gerard, Tom et Michael ont rapporté un peu de football dans leurs bagages, accompagné souvent d'un regard critique envers le football moderne. Où il est question du Celtic, de Willie Johnston, de l'arrogance du Barça et même de... Ronaldinho dans les rues de Kirkcaldy. Ouais.

Vous supportez quelle équipe ?

Gerard : Ceeeeeltic ! En grande partie parce que ma famille est originaire d’Irlande. J’ai grandi dans l’amour du Celtic.Michael : C’est un sale catholique ! (rires) Certains d’entre nous supportent le Celtic, ouais. On est originaires de la côte Est de l’Écosse donc moi, je supporte les Raith Rovers. Ils n’ont pas de liens religieux avec quiconque. En tout cas, pas officiellement. Le premier match des Raith Rovers auquel j’ai assisté, c’était la finale de la Coca-Cola Cup, la Coupe de la Ligue écossaise, en 1994. On avait battu le Celtic aux penaltys. Je crois que ça reste le plus grand moment de l’Histoire du club. L’année suivante, forcément, on a été en Coupe des coupes et on s’est fait sortir par le Bayern Munich au premier tour. Mais c’était comme un conte de fée pour un petit club comme le nôtre. Le truc, c’est que j’ai commencé à le suivre quand ils étaient au top et depuis, ils n’ont cessé de chuter. Mais bon, je les aime, c’est tout.Tom : Je supporte le Clapton FC, une équipe antifasciste qui joue en Essex Senior Football League (l’équivalent de la PH française). Ils ont plus ou moins les mêmes idées que le club de Sankt Pauli. Le noyau dur des supporters, qui doit se composer de cinquante mecs, a fait le choix de suivre ce club parce que les tickets pour la Premier League sont devenus bien trop chers et que l’ambiance dans les stades est devenue stérile. Les stewards qui te disent de t’asseoir, par exemple, ou encore qui empêchent les supporters de chanter. J’ai assisté à ça quand j’étais à l’Emirates Stadium il n’y a pas si longtemps. Ce qui est complètement absurde. Donc le Clapton FC est à l’opposé de ça : on fait des effets pyrotechniques, on a des banderoles, etc.Michael : C’est la même chose avec le Celtic, d’ailleurs. La Green Brigade s’est fait dégager du Celtic Park. Les autorités essaient « d’assainir » les tribunes pour rendre le football attractif pour tout le monde. Mais en faisant ça, ils tuent la raison principale pour laquelle ça rend ce sport si jouissif.

Maintenant, vous vivez à Bruxelles. Vous suivez un peu la Jupiler League ?

Michael : Ça fait seulement dix-huit mois qu’on est là et non, on n’a pas vraiment eu le temps d’aller voir un match de Jupiler League au stade. Mais juste à côté de là où l’on vit, de l’autre côté du parc, il y a le stade de l’Union Saint-Gilloise. On devrait y aller, surtout que le stade a l’air super cool. Juste une petite tribune mais tout en Art Déco.Tom : En revanche, on vivait à Bordeaux il n’y a pas si longtemps et on a été voir quelques matchs.Gerard : Ouais, je me rappelle un Bordeaux-Benfica. Ils avaient perdu 4-2. Ce qui m’a marqué surtout, c’est leurs chants stupides.
Les trois : « Alleeeeez… Bordeaux ! » Tom : Moi, ce qui m’avait impressionné, c’est le système d’ultras. Ils ont un seul mec qui guide le virage. Je n’avais jamais vu ça auparavant.Michael : En parlant de ça, je suis allé il y a quelques semaines à Vicente-Calderón voir un match de l’Atlético Madrid et c’était une expérience… Unique. Je veux dire, bien sûr, la qualité de jeu développée était bien plus élevée que celle qu’on voit dans le championnat écossais. Mais ce qui m’a marqué, c’est le virage entier qui ne s’arrête jamais de chanter pendant tout le match. C’est quand même vachement cool, surtout quand t’es juste à côté et que tu ressens tout.

Gerard, toi qui es fan du Celtic, tu peux nous parler un peu plus de cette rivalité entre Celtic et Rangers ?

Gerard : Tu sais, quand j’ai découvert la musique, j’ai un peu lâché le foot. Jusqu’à mes 21 ans, en fait. Donc je me tiens un peu à l’écart de toutes ces rivalités et je dois reconnaître que même étant gamin, aucun de mes potes ne m’a mené la vie dure parce que j’étais fan du Celtic.Michael : Je crois surtout qu’on n’a pas été touchés par ça parce qu’on n’est pas des Glaswégiens d’origine, qu’on vient de la Côte Est. Si tu grandis à Glasgow, la ville est organisée de façon à ce qu’elle soit divisée. C’est un truc historique un peu con. Les Eastenders sont majoritairement catholiques et le Sud est protestant. C’est dans ces quartiers que sont construits Ibrox Stadium et Celtic Park. C’est géographique. Je crois que quand tu grandis à Glasgow, tu apprends comment éviter toute discussion au sujet du football ! C’est plus facile. Bon, c’est pas du même niveau que grimper dans un taxi à Belfast et parler de ta ferveur, bien sûr, mais il y a toujours quelque chose sur place.Tom : Pour ma part, j’ai vécu à Sheffield et je peux te dire qu’au lycée, les mecs fans de Sheffield United refusaient clairement d’être potes avec ceux de Sheffield Wednesday, et vice versa. Je me rappelle être allé voir un match de Sheffield United à Bramall Lane avec les fans de WBA, l’équipe que supporte mon père, et j’ai pas vraiment kiffé. Donc j’ai opté pour Wednesday. Ils étaient pas mauvais à l’époque. Ils avaient ce mec en prêt de Barcelone, Rodri, mais il s’en est pas très bien sorti avec l’anglais ! (rires)

Pour revenir aux Rangers, vous pensez quoi de leur descente ?

Tom : Yeaaaaaaaah !

Vous êtes contents qu’ils soient descendus ?

Michael : Ouais ! Je ne suis pas un fan du Celtic mais en Écosse, quand tu n’es pas pour les Rangers, t’es obligé de les détester. Parce qu’ils sont des… Des ordures. J’ai un seul ami fan des Rangers et il est l’exception, le seul fan des Rangers convenable parmi les deux millions qui les supportent. Ce sont juste des pourritures ignorantes. Bon, faut reconnaître que c’est aussi de la jalousie parce qu’ils ont eu beaucoup de succès par le passé, notamment dans les années 90. Ally McCoist avait d’ailleurs remporté le Soulier d’Or par deux fois et tout le monde pensait qu’il était monstrueux. Jusqu’au moment où tout le monde s’est rendu compte que c’était plus facile de marquer en Écosse ! Ça en devenait presque ridicule. Je crois que c’est le club qui a le plus de trophées nationaux au monde. Mais en même temps, pendant qu’ils écrasaient la Premier League, ils faisaient baisser le rang UEFA en perdant à chaque fois en tour préliminaire de Ligue des champions donc bon…Tom : Michael, tu te rends compte qu’en fait, t’es un fan du Celtic ? (rires) Michael : Non, c’est faux ! Bon, je dois reconnaître que mon joueur préféré reste Henrik Larsson. Il était ostensiblement trop bon pour jouer en Écosse mais il est resté quand même. C’était le dernier joueur de classe mondiale qu’a connu la Premier League écossaise. Plus sérieusement, je suis juste un non-fan des Rangers. Un jour, j’ai croisé un groupe de supporters et l’un d’eux avait une pancarte sur laquelle il y avait un Teddybear – un des symboles des Rangers – et le slogan : « Personne nous aime et on s’en fout ! » Je crois qu’ils aiment bien être haïs. Et puis le fait d’avoir cette image politique de droite, royaliste, ça les aide pas non plus. La majorité des potes que tu vas te faire à Glasgow est pour le Celtic parce qu’historiquement, le club et les fans sont plus progressistes, plus ouverts d’esprit.Gerard : Pour tout te dire, mon coloc qui n’y connaît rien en foot m’a dit : « C’est quelle équipe qui fait les marches orange ? » Je lui réponds que ce sont les mecs fans des Rangers. « Ah ben c’est eux que j’aime pas ! C’est eux qui me réveillent le dimanche matin avec leurs trucs ! » Mais si tu regardes, dans une moindre mesure, on peut comparer ça à Manchester United en Angleterre. Parce qu’ils gagnent tout. Michael : Ça a un peu changé depuis quelques années. Depuis que Abramovitch a acheté Chelsea, on a eu cette mouvance des gens fortunés qui font l’acquisition d’un club. Manchester City en est le meilleur exemple. Et je crois que c’est plutôt compréhensible que les gens ne les aime pas parce qu’ils y voient une sorte de tricherie.Tom : Je crois que Abramovitch a été inquiété par la justice parce que la façon dont il gérait les finances du club n’était peut-être pas légale. En tout cas, pas en accord avec les règles de la FA anglaise.Michael : J’ai un peu le même sentiment avec Barcelone depuis les deux dernières saisons, même un peu avant, durant l’ère Guardiola. Je les trouve très suffisants et arrogants et, alors qu’ils avancent cette idée de club de socios, ils ne sont rien de plus qu’un autre club capitaliste qui amasse l’argent.Tom : C’est toujours bizarre d’avoir l’UNICEF et la Qatar Foundation sur un seul et même maillot, hein ?

Vous êtes très critique envers le système du football moderne.

Tom : J’ai lu un article récemment sur la mort du grassroot football et c’est vrai : l’argent brassé par le football en Grande-Bretagne n’est pas réparti correctement par la suite. Et tu peux le voir dans les compétitions internationales avec des joueurs qui sont pauvres techniquement, ou en tout cas moins bons que d’autres qui ont investi dans le grassroot football. Et c’est pareil pour les supporters, qui ne sont pas récompensés. Prenons l’exemple d’Arsenal. Quand ils ont fini de construire l’Emirates Stadium, le club a promis que certains tickets seraient vendus 15£ aux supporters. Sauf que maintenant, pour un match de catégorie A, en tribune haute, ton billet, tu l’as pour 180£. Où est l’intérêt pour le supporter ? C’est pour ça que je supporte le Clapton FC. Les supporters sont là et le jeu est toujours aussi pur. Clairement, le capitalisme est en train d’étrangler le football.Michael : Il faut reconnaître que ce système a amené un football incroyablement beau à voir, notamment en Premier League. Donc le capitalisme ne tue pas vraiment le football mais c’est sûr que d’ici vingt-cinq ans, le système sera tellement ruiné qu’on sera incapable de produire de tels joueurs à nouveau et donc un tel jeu.

Parlons de choses moins sérieuses : votre meilleur souvenir de foot ?

Tom : La finale de Ligue des champions 1999. Manchester United était en train de perdre contre le Bayern. Je matais le match avec mon père. Lui me disait : « Tom, s’il te plaît, éteins la télé. » Et je lui ai dit : « Non, je viens de faire une prière pour Manchester United ! » (rires)

Donc c’est toi qui aurais fait gagner Manchester ?

Tom : Ouais, exactement. En tout cas, je m’accorde une part de crédit !Michael : Bon, moi, c’est un peu pourri mais… C’est quand les Raith Rovers ont amélioré leur stade à la fin des années 90. Pour l’inauguration, le Bayern Munich est revenu jouer un match amical et on les a battus 1-0, avec un but de Didier Agathe.Gerard : Ah, Didier Agathe, on l’adore !Michael : Il a joué plusieurs saisons au Celtic après et il était bon défensivement. Attends, il faisait partie de l’équipe qui était arrivée en finale de la Coupe de l’UEFA en 2003. Mais son premier club, c’était les Raith Rovers, faut pas l’oublier !Tom : C’est pas Ronaldinho qui a failli être prêté aux Raith Rovers ?Michael : Ronaldinho ? (rires) Tom : Ouais, juste avant qu’il signe au PSG, je crois qu’ils ont voulu l’envoyer s’aguerrir en Écosse parce qu’il était trop frêle. Genre il était à ça de signer… Quoique, je sais plus.Michael : Non, mais t’imagines Ronaldinho dans les rues de Kirkcaldy ? (rires)

Ça semble assez fou, en effet. D’ailleurs, quelle est l’histoire la plus folle que vous ayez lue, vue ou entendue en matière de foot ?

Gerard : Je me souviens de cette faute qu’avait subie Roy Keane dans la surface. Le mec le blesse, le traite de tricheur et lui dit de se relever. Quelques matchs plus tard, Roy Keane se venge et lui met un énorme tacle. Et puis bon, Zizou et son coup de boule sur Materazzi.Michael : Ouais, tu veux de la violence, quoi !Tom : Il y avait ce joueur, Willie Johnston. Il a joué pour les Rangers et ensuite à WBA. Il était fou. Il jouait sur l’aile et lors d’un match avec les Rangers, il mettait tellement la misère au Bayern qu’à un moment, en pleine phase de jeu, il s’assoit sur le ballon en face des défenseurs. Les mecs étaient putain de furieux. Quand il jouait aux USA, les supporters lui offraient de la bière quand il allait tirer les corners ! Et lui la buvait ! Le mec s’est quand même fait sortir d’un math amical par les flics, qui le braquaient avec leurs armes, parce qu’il contestait la décision arbitrale et qu’il ne voulait pas sortir du terrain. Un bon mec. Vraiment.Michael : J’ai entendu une histoire complètement dingue récemment. Tu vois qui est Marvin Andrews, le joueur trinidadien qui a joué dans plein d’équipes différentes en Écosse ? Eh ben, le mec a signé son contrat avec les Raith Rovers en pleine nuit dans une bagnole sur un parking de Kirkcaldy. Et figure-toi que le truc avait été organisé par nul autre que Gordon Brown, l’ancien Premier ministre britannique, accessoirement gros fan des Rovers ! (rires)

Le premier album de Babe, Volery Flighty, est sorti chez Moshi Moshi le 10 mars Le Facebook de Babe Le Soundcloud de Babe

Paris lâche ses premiers points à Reims

Par Matthieu Rostac

À lire aussi
Articles en tendances
10
Revivez la victoire du PSG contre Gérone  (1-0)
  • C1
  • J1
  • PSG-Gérone
Revivez la victoire du PSG contre Gérone (1-0)

Revivez la victoire du PSG contre Gérone (1-0)

Revivez la victoire du PSG contre Gérone (1-0)
21
Revivez Monaco - FC Barcelone (2-1)
  • C1
  • J1
  • Monaco-Barcelone
Revivez Monaco - FC Barcelone (2-1)

Revivez Monaco - FC Barcelone (2-1)

Revivez Monaco - FC Barcelone (2-1)

Votre avis sur cet article

Les avis de nos lecteurs:

Dernières actus

Nos partenaires

  • Vietnam: le label d'H-BURNS, Phararon de Winter, 51 Black Super, Kakkmaddafakka...
  • #Trashtalk: les vrais coulisses de la NBA.
  • Maillots, équipement, lifestyle - Degaine.
  • Magazine trimestriel de Mode, Culture et Société pour les vrais parents sur les vrais enfants.
  • Pronostic Foot 100% Gratuits ! + de 100 Matchs analysés / semaine