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B. Jérôme, c’est moi

Par Charles Alf Lafon
B. Jérôme, c’est moi

Crucifié sur la croix des Internets, Jérôme Boateng n'est aujourd'hui plus qu'un meme. Mais c'était surtout un grand joueur, défendant courageusement son bien loin de chez lui sans forcément comprendre pourquoi.

À la 80e minute de cette opposition grandiose entre les deux FCB, Lionel Messi, divin Argentin, met à terre d’un dribble diablement efficace Jérôme Boateng, simple Allemand, puis s’en va piquer par-dessus Manuel Neuer, passé de boss à employé. Un éclair de génie suffisant pour « enflammer les Internets » . Alors que Lionel récupère son titre de « meilleur joueur du monde, si ce n’est de l’histoire » , quelqu’un qu’ « on a la chance de voir évoluer de notre vivant » , Jérôme n’est plus qu’une victime. Sur Twitter, les condoléances se multiplient, Drogba et son clone Lukaku s’en remettent à Dieu, d’un laconique « OMG » . Sur Vine, sa mise à mort est illustrée : il tombe dans une bouche d’égoût, est mis au sol par un catcheur, prend une balle d’American Sniper. Wikipedia l’a décrit : « Le 6 mai 2015, Jérôme Boateng a été brutalement assassiné au Camp Nou. Piétiné, son esprit broyé par un GOAT (Greatest Of All Time) qu’on peut seulement décrire comme étant Lionel Messi. Certains disent que les jardiniers doivent maintenant dévier le trajet de leurs tondeuses pour éviter son corps, toujours en train d’essayer de dénouer ses jambes » . L’humiliation post-mortem continue sur les plateaux télé. Jamie Redknapp, fils de, ancien capitaine de Liverpool et Tottenham, devenu consultant Sky, déclare notamment : « Ce qu’a fait Messi à Boateng est quasiment illégal » . Quasiment, parce qu’il n’existe pas de loi régulant les mises à mort sur pré. Anthony Réveillère est détrôné, Steven Gerrard peut recommencer à respirer, Jérôme Boateng vient d’accéder à la postérité, de la pire des manières possibles pour un défenseur.

Tombé pour lui

Comme bien des décès, celui de Boateng apparaît particulièrement injuste. L’adage « c’est toujours les meilleurs qui partent en premier » n’a jamais apparu aussi vrai, à part peut-être pour Nikola Tesla. Ou Évariste Galois, ce mathématicien génial mort à vingt ans au duel, incarnation du génie romantique. Parce qu’avant cette fatidique 80e minute, Boateng a été très bon. Embarqué dans une guerre qui n’était pas la sienne par un général en reconquête, il a accompli avec les honneurs cette mission presque suicidaire de tenir aussi haut la ligne de front en terrain ennemi. Il était « l’homme de bonne volonté qui, au nom de la charité, se fait le berger des faibles qu’il guide dans la vallée d’ombre de la mort et des larmes, car il est le gardien de son frère et la providence des enfants égarés » , celui qui abattait le pied « d’une vengeance furieuse et effrayante sur les hordes impies qui pourchassent et réduisent à néant les brebis de Dieu » , La Marche des Vertueux – Ézéchiel 25:17. Mais la vengeance du Tout-Puissant ne s’est pas abattu, Lewandowski étant trop court, Müller trop en dehors, Götze trop transparent, et son nom sera l’éternel pour les mauvaises raisons.

R.I.P

À chaque mise en terre, on a toujours un mot gentil, un souvenir, une pensée tendre pour le défunt. Alors allons-y. Qu’il semble loin le temps où Jérôme n’était qu’un mec perdu dans une défense d’Hambourg apathique, la doublure de Micah Richards à City, une solution par défaut perdue avec ses pieds au Bayern. 77 minutes durant, mercredi soir, on se disait qu’il avait complètement dépassé son demi-frère Kevin-Prince, lui aussi entré dans l’histoire face au Barça. Enfin, Jérôme était un patron, il n’était plus qu’un monstre physique, il avait appris à faire des passes, des ouvertures lumineuses même, parfois. Mais aussi à lire le jeu, à intervenir au bon moment. C’est bien simple, l’édifice défensif reposait sur un fil, ou plutôt une corde, puisque c’était lui qui coupait tout, souvent au dernier moment. L’occasion de se rappeler que si Mats Hummels est le meilleur central allemand, et surtout le plus beau, c’est bien grâce à Jérôme que la Nationalmannschaft a résisté à l’ Albiceleste, Messi et consorts. Oui, Boateng méritait – mérite – sa place dans le gratin des défenseurs centraux mondiaux, glissade ou pas glissade. Parce qu’une erreur ne saurait effacer une vie entière de réussite. Aujourd’hui, il est facile de se moquer de l’homme à terre, victime d’un faux gentil néo-tatoué à qui on bâtit déjà des temples. « Quand les dieux deviennent apathiques, les gens vont adorer quelqu’un répondant à leurs attentes » . Mais Jérôme aura sa vengeance, dans cette vie ou dans l’autre. Parce que « oui, Jérome, c’est moi, non, je n’ai pas changé. Je suis toujours celui qui t’a aimé » .

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