- Ligue Europa
- 1/4 de finale
- AZ Alkmaar/Benfica
AZ bat Benfica !
Les Rouge et Blanc d’Alkmaar accueillent ce soir les Rouge et Blanc de Lisbonne. Dernier club néerlandais rescapé des coupes d’Europe, l’AZ de Dick Advocaat battra ce soir Benfica. Cette première manche victorieuse assurera dès aujourd’hui la qualif en demies avant même d’aller enterrer ces pauvres Lisboètes la semaine prochaine dans leur funeste Stade de la Lose !
Une stat incontestable fait apparaître qu’aucune équipe portugaise n’a battu l’AZ ces deux derniers mois. Donc l’AZ va se qualifier pour les demies ! Bon… C’est vrai que l’AZ n’a rencontré aucun club portugais non plus ces deux derniers mois… Mais c’est toutefois la preuve que le Benfica ne part pas du tout favori. Bien au contraire ! Pourquoi ? Remember 1981… Cette année-là, Alkmaar avait atteint la finale de C3, battu de justesse par Ipswich Town (0-3, 4-2). En cette année 2014, ils referont la même chose : l’AZ jouera la finale à Turin le 14 mai prochain, profitant également du statut trompeur d’être la plus « faible équipe » des quarts actuels. Benfica va évidemment tomber dans le piège de la facilité en prenant cette équipe néerlandaise un peu trop à la légère. Qui plus est, étant quasi certains d’être prochainement champions du Portugal, les hommes de Jorge Jesus vont jouer relâchés en se persuadant que l’obstacle AZ sera vite avalé et qu’ils remporteront enfin cette C3 qu’ils n’ont jamais gagnée. Erreur ! Alkmaar va bien faire tomber Lisbonne et ce, dès ce soir à l’AFAS Stadion.
Une épopée européenne extraordinaire !
On pourrait bien sûr prévoir un score très lourd pour les locaux, vu leur écrasante supériorité. Le problème, c’est qu’en C3, l’AZ marque très peu… Son parcours européen en atteste, qui plus est face à des équipes qui n’étaient pas des foudres de guerre. Atromitos Athènes a été expédié en août en tour de barrage (3-1 là-bas et 2-0 au retour). Ensuite en poule, l’AZ a fini 1er ex aequo avec le PAOK Salonique en restant invaincu (avec 3 victoires et 3 nuls) mais avec un total de buts modeste (8 buts en 6 matchs). Ensuite en 16e, les Néerlandais ont écarté le Slovan Liberec, grâce à un petit hold-up à l’extérieur à l’aller (1-0, but de Viergever à la 89e). Au retour, un tout petit nul a suffi (1-1, encore Viergever buteur). En 8e, AZ a sorti un Anji Makhatchkala en pleine déconfiture en Russie : 1-0 à dom puis 0-0 au retour. Pas de quoi pavoiser, donc, au vu de ce parcours. Sauf que… Ce n’est pas un « parcours » mais une aventure ! Une belle aventure débutée le 22 août dernier et qui pourrait se poursuivre à la façon du Bordeaux 1995-1996 qui avait atteint la finale de C3 au moment où ils étaient très mal en championnat. C’est un peu le cas de l’AZ, installé dans le ventre mou d’Eredivisie (7e) après un départ calamiteux. Alkmaar est aujourd’hui en roue libre et ne vise pas les places européennes, ni ne craint la relégation : il n’a plus que cette C3 à disputer crânement. Et puis, ce n’est pas sans fierté que le dernier club néerlandais encore en course s’en est allé cueillir des points importants, nécessaires à un indice UEFA national pas très vaillant.
Du coup, l’AZ n’a plus rien à perdre et il peut poursuivre une belle aventure qui se transformerait en épopée s’il élimine le Benfica. Ce qu’il fera grâce à son coach Dick Advocaat. Dick est arrivé à la mi-octobre alors que le club accumulait les mauvais résultats en Eredivisie. Le bon coach Gertjan Verbeek fut donc éjecté et remplacé par un grand taulier des bancs néerlandais. Pourtant, à l’été dernier, après son échec au PSV (2e derrière l’Ajax et battu en finale de Coupe… par l’AZ, 1-2 !), Advocaat (65 ans) avait décidé de prendre sa retraite et de ne plus entraîner de club. On connaît la suite… Avec Dick aux commandes, l’AZ a plutôt bien redressé la barre en championnat et a poursuivi son bon parcours européen entamé avec Verbeek. L’atout Advocaat par rapport à ce loser de Jorge Jesus, c’est que lui a déjà gagné la C3. C’était en 2008 avec le Zénith Saint-Pétersbourg des Archavine, Fayzulin, Tymoschouk… Son expérience de winner fera la différence. Et puis cette saison sera sans doute la dernière de Dick Advocaat, donné partant quoi qu’il arrive en mai prochain à la fin de l’exercice. Il se murmure d’ailleurs au club que Dick n’est plus trop apprécié… Et alors ? Il peut y avoir de la friture entre le coach et son club sans que ça n’affecte la suite du parcours européen, qui prend une tournure intéressante avec la venue du grand Benfica. Plus globalement, on peut dire que l’AZ est une équipe de coupes. S’il n’a gagné que deux fois le championnat (en 1981 et surtout en 2009 avec Louis van Gaal), l’AZ a remporté la coupe nationale à quatre reprises (1978, 1981, 1982 et 2013). C’est dans cette compète qu’Alkmaar se lâche vraiment, cette saison (éliminé en demies par l’Ajax à dom, 0-1) comme la saison passée (vainqueur surprise mais bien décidé 2-1 face au PSV). Enfin, l’AZ possède les joueurs qu’il faut pour faire mal au Benfica…
Une équipe extraordinaire !
Le club de Frise Occidentale (Ouest des Pays-Bas) joue en 4-3-3 typiquement hollandais avec une ligne d’attaque assez redoutable, composée de deux ailiers classiques (Beerens et Berghuis, en alternance avec le très bon Gudmunsson) et d’un bon numéro 9, Aron Johannsson. Attention à Johannsson ! Ce jeune Américain de 23 ans d’origine islandaise (il est né aux USA, à Mobile) est l’une des plus fines gâchettes d’Eredivisie : avec 16 buts, le 3e meilleur buteur possède un vrai instinct de chasseur. Bon finisseur, il sait aussi se créer ses buts tout seul à la manière d’un Gignac, version TFC. Imprévisible, rapide et bon dribbleur, c’est un poison assez individualiste qui sait également se mettre au service du collectif. Ce qui cadre parfaitement avec le style direct de l’AZ de Advocaat : on saute un peu le milieu pour balancer sur les côtés ou plein axe profond vers Johannsson. Avec à charge pour lui de finir le boulot tout seul ou bien de jouer en déviation. Trouver les ailiers pour qu’ils centrent instantanément devant le but est l’autre point fort de l’AZ. Avec ses deux « pieds inversés » (Beerens à gauche et Berghuis à droite, 8 buts), Alkmaar possède deux très bons attaquants de couloirs techniques, rapides, ondoyants en dribbles et travailleurs. Ils recherchent dans la boîte Johannsson ou le très bon jeune Serbe Nemanja Gudelj, milieu offensif de 21 ans (1 m87, 4 buts). Le jeu direct et très vertical part souvent des rampes de lancement arrières, avec notamment l’axial Gouweleeuw, au jeu long très précis.
Comme toute bonne équipe néerlandaise, les latéraux sont très offensifs. À gauche, l’excellent Viergever (défenseur axial à la base) multiplie les appels et les courses rapides. Audacieux dans sa capacité à créer le surnombre devant, il peut se muer en buteur très opportuniste. Idem pour le latéral droit, Reijnen (qui joue en alternance avec le costaud Suédois Mattias Johansson) : il est très offensif et procède comme son compère Viergever en investissant la surface adverse. Pour conclure, derrière, on peut dire du gardien costaricien Alvaro Esteban que c’est l’un des meilleurs d’Eredivisie. Pas extra, mais sobre et rassurant. Enfin au milieu, outre Gudelj, offensif et parfois plaque tournante du jeu offensif, on trouve deux très bons demis travailleurs, le colosse suédois Viktor Elm et le 6 paraguayen Celso Ortiz. Le jeune international norvégien Henriksen complète par intermittence ce milieu bien rôdé. Le problème de cette équipe plutôt joueuse, c’est qu’elle prend beaucoup de buts en championnat (49 pour, 44 contre). Cela dit, elle est beaucoup plus étanche en Coupe d’Europe et tout comme en Eredivisie, elle sait bien manier l’arme du contre. Une fois de plus, devant, ça se projette très vite et quand Jonannsson est bien lancé, ça fait en général très mal. Voilà… Plus grand-chose à ajouter à part plaindre ce pauvre Benfica, éliminé dès ce soir par plus fort que lui.
Par Chérif Ghemmour