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- 6e journée
- Athletic Bilbao/Bétis Séville
Aymeric Laporte a « arrêté de regarder les papillons »
Titulaire avec l’Athletic Bilbao à même pas vingt ans, Aymeric Laporte aime griller les étapes. Dans l’axe ou à gauche, le Bleuet parfait son apprentissage du haut niveau. Toujours avec une facilité presque déconcertante, surtout depuis qu’il a « arrêté de regarder les papillons ».
« Aymeric Laporte est un gaucher qui nous donne beaucoup de possibilités de jeu, et qui m’a laissé de bonnes sensations pour le peu qu’il a travaillé avec nous. » Ernesto Valverde, nouvel entraîneur de l’Athletic Bilbao, n’est pas du genre à s’épancher en compliments. L’éloge envers son jeune poulain fait presque office d’exception. À vrai dire, le coach des Basques n’est pas le premier à tomber sous le charme de l’international espoir français. Son prédécesseur, Marcelo Bielsa, avait déjà fait de Laporte une valeur sûre. Lancé dans le grand bain professionnel en décembre dernier, l’Agenais de naissance est aujourd’hui un titulaire à part entière de l’Athletic. Mis à part un statut de remplaçant lors du premier match de la saison – il est entré à la 37e minute –, Aymeric Laporte est un abonné du onze de Valverde. Dans l’axe ou sur le côté gauche, il fait le taf. À 19 ans, la performance est de taille. Pourtant, « rien de surprenant à le voir à ce niveau » , dixit Pierre Fernadez, son premier entraîneur au SU Agen.
« Son père a fait le forcing »
Cette trajectoire, impressionnante et précoce, ne laisse pas sans interrogation. Mais comment un natif d’Agen peut-il défendre d’une équipe qui ne recrute que basque ? Joueur de 2000 à 2009 au pendant footballistique du SU Agen, Aymeric Laporte « a un arrière-grand-parent basque si je me rappelle bien » , dixit Alain Delpech, directeur du sport-étude du collège de Miramont-de-Guyenne. Surtout, « les dirigeants de l’Athletic Bilbao l’ont vite repéré lors des matchs d’Aymeric avec la sélection d’Aquitaine » , poursuit l’éducateur qui l’a bichonné durant ses années de quatrième et troisième. Avant cela, Aymeric a découvert les joies du ballon rond au SU Agen. Pierre Fernandez, entraîneur historique et ancien directeur de l’école de football du club agenais, se souvient de son arrivée : « Je l’ai lancé alors qu’il n’avait que cinq ans. Je ne devais pas le prendre au début puisque l’âge minimum était six ans. Son père a finalement fait le forcing et je l’ai pris. La première fois que je l’ai vu sur un terrain, c’était un gosse : je lui ai dit d’arrêter de regarder les papillons. »
Ces lépidoptères, Aymeric a rapidement arrêté de les regarder. « Physiquement beaucoup plus développé que les autres » , selon ce même Pierre Fernandez, il avait le niveau requis pour aller voir plus loin. Beaucoup plus loin. Surtout, un entourage équilibré lui permet de gagner en maturité et stabilité. « Avec Michel Hidalgo, nous voyions qu’Alain Giresse, lorsque nous le supervisions, savait déjà tout faire à onze ans. Mais pour réussir, il lui a également fallu un bon entourage. Aymeric l’a » , poursuit Pierre Fernandez. Rapidement, le club d’Agen devient trop petit. Alors, pendant son adolescence, il part au sport-étude du collège de Miramont-de-Guyenne la semaine durant, et revient chaque week-end pour jouer avec son club d’Agen. « Il a toujours eu une grande intelligence dans la lecture du jeu, et une polyvalence qui faisait de lui un super central comme un bon latéral, se souvient Alain Delpech, directeur du centre. Cela lui a permis de compenser une certaine lenteur. Et puis physiquement, ça a toujours été un beau bébé. » Comme l’intéressé le confirme dans les colonnes de Sud Ouest, « c’est là que tout a changé » .
Prolongé deux fois en un mois
Sa rencontre avec l’Athletic Bilbao, c’est encore son père, vendeur de fruits et légumes, qui la raconte le mieux. En 2009, après une rencontre amicale de la sélection d’Aquitaine face à son homologue de Bizkaia, « je n’étais pas encore de retour à Mont-de-Marsan que le président de l’Athletic m’appelait pour lui (Aymeric, ndlr) proposer de faire un test lors d’un tournoi. Dès le vendredi suivant, Aymeric a pris le train tout seul pour Bilbao et a convaincu de suite. » Après une saison de post-formation à Bayonne, il débarque officiellement en 2010 à Lezama. Rapidement, les comparaisons avec Bixente Lizarazu pleuvent. Lui ne se prend pas la tête. Il continue à cravacher. En décembre 2012, le club incorpore définitivement le précoce Français dans son groupe pro tout en le prolongeant. Dès le mois suivant, une nouvelle prolongation tombe. Cette fois, la clause libératoire de 18 millions d’euros grimpe jusqu’à 27,5 millions. Sous les ordres de Marcelo Bielsa, il finit la saison dans la peau d’un titulaire. Le départ du Loco ne change pas la donne, puisque Valverde, nouveau boss des Leones, lui fait tout aussi confiance. Après avoir fini de « regarder les papillons » , Aymeric Laporte s’apprête à vivre « la saison la plus importante » de sa carrière.
Par Robin Delorme, à Madrid