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Aymé : « Zlatan demande toujours une blague de Camara »
L'enterrement de Lady Di sur un plage de Rio. Voilà comment le quator d'Aymé définit sa musique. Entre ses mélodies acidulées, son synthé 80's et la voix haut perchée de son chanteur, le groupe renvoie aux plus belles heures de Peter Gabriel en y ajoutant sa touche de modernité. Occupé par la sortie de son premier EP et l'enregistrement de son premier album prévu pour début 2014, Aymé enchaîne les concerts dans les salles parisiennes. C'est donc tout naturellement autour d'un café dans le Pigalle des artistes qu'Hugo, son leader vocal, a troqué son micro pour enfiler les crampons et parler ballon. De ce déconneur de Zoumana Camara à Breakbot, rencontre avec un supporter éclairé du club de la capitale.
De quand date ta passion pour le foot ?J’ai commencé il y a 5 ans à supporter le PSG. Je checke tous les blogs 3-4 fois par jour et encore plus depuis l’arrivée des Qataris. Par contre, je n’ai jamais joué. La faute à ma technique nulle, même si j’ai l’endurance d’un Matuidi.
Le PSG donc ?Oui, je suis devenu supporter lors de la saison 2009-2010. Un exercice qui s’est bien ou mal fini, c’est selon les avis (NDLR : le PSG termine 13e, mais gagne la Coupe de France). J’allais souvent au stade grâce aux invitations mais, depuis 2 ans, c’est beaucoup plus verrouillé. En revanche, les grands noms qui portent désormais le maillot me font rêver.
L’image du club a-t-elle changé ?Bien sûr ! Le Parc est moins vivant qu’avant. Moins de chants, moins de bruit. Mais je n’ai pas de regrets, le plan Leproux était nécessaire. Je ne me reconnaissais plus dans le club. Quand un joueur noir adverse touchait le ballon et que t’entendais « qu’un sang impur » , tu te dis « c’est mon club mais… » C’était un truc désagréable. Maintenant, il faut que les supporters reviennent en étant bien triés. Dans le documentaire Parc, y a un mec qui disait qu’il faudrait qu’il y ait une unique tribune où les ultras seraient obligés de se parler et de tout faire ensemble. Boulogne et Auteuil réunis. Ce serait une bonne solution, parce que j’aimais par dessus tout le mélange des classes sociales dans un même lieu. Cette mixité, tu ne l’as pas en musique. Chaque concert a sa classe sociale. De mon côté, j’essaie d’avoir un public de Parc.
Ce même public a eu le droit à Jump de Van Halen en ouverture de PSG-Monaco. Breakbot a merdé grave, non ? Je pense que quelqu’un lui a fait une blague, c’est pas possible ! Y a un de ses potes qui lui a dit : « Tu vas aller au Parc, ça c’est LA chanson ! » Il a été piégé, j’en suis sûr. Pour moi, ce serait un rêve de faire un truc pareil. Je lancerais un mix de Paris ville lumière.
Le premier morceau de votre EP, Make Up, pourrait se rapporter au foot ? Oui, ça parle de ressembler à ses fans, d’être proche d’eux. C’est une vraie question de savoir ce qui arriverait si tu étais face à face avec ton idole. Imagine que tu rencontres Zlatan, tu lui dis que tu l’adores et lui : « Ouais ok… » Je serais ultra impressionné. Après, certains ont l’air accessible, genre Jallet ou Camara. J’adorerais faire la fête avec les Brésiliens, Lucas ou Marquinhos. Il paraît que Lavezzi traîne beaucoup au VIP, mais les boîtes des Champs, c’est pas mon délire. On est plus dans le 11e. Mais j’aimerais leur dire « Venez les gars, on vous emmène faire la fête, faire des vraies soirées. »
Jamais fait la bringue avec un joueur, du coup ?Le seul mec que je connais au PSG, c’est un chauffeur qui me raconte parfois des anecdotes sympas. Zlatan est super pote avec Zoumana Camara, à tel point que Zlatan demande toujours les blagues de Zoumana. Sinon, une fois, j’ai croisé Sirigu à Saint-Ouen. T’imagines ? Je suis allé vers lui en criant : « Salvatore, Salvatore » , mais je pense qu’il a flippé, il est rentré dans sa Mini et j’ai essayé de lui glisser un CD. Sans succès.
Quel joueur verrais-tu bien musicien ?Y en a quelques-uns qui ont essayé et dont je me souviens. Mais j’ai appris que Van der Wiel avait un label, faut absolument que j’aille écouter ce qu’il fait. Après, j’ai vu Pastore dans un magnifique clip où il est avec une nana, guitare à la main, donc ça pourrait être sympa. Mais le mec que je voudrais, c’est Ménez. Quand je l’ai vu dans la pub SFR il y a deux ans, j’ai trouvé que c’était le meilleur. Il a sans doute un talent d’acteur, donc ça pourrait rendre sur scène ! En plus, c’est un joueur que j’aime énormément, même si je n’ai pas apprécié sa réaction contre Benfica (NDLR : le joueur était rentré au vestiaire, mécontent de ne pas avoir bénéficié d’une minute de jeu).
Tu penses justement que les joueurs doivent être exemplaires ?Pas forcément, le foot est déjà assez fade comme ça. Les interviews sont toutes les mêmes, t’as presque envie d’éteindre avant qu’ils viennent au micro et qu’ils ne répètent les 5 mêmes phrases type « Bon match, on a su relever la tête, le collectif a parlé. » C’est pour ça qu’on aime les types comme Zlatan, il a du caractère, il est drôle.
Si votre musique était un joueur, lequel serait-il ? À quels postes évolueriez-vous ?Attends je réfléchis, c’est pas facile ! Pastore… Mais il est trop inconstant, donc c’est pas terrible. À la limite le Pastore contre le Barça l’an passé, fin, technique. Lavezzi, il a de l’énergie, mais il est cramé au bout de 60 minutes, donc non. Je dirais plus Matuidi, car on lâche tout et lui donne son cœur, il ne choisit pas ses matchs. En concert, que ce soit face à 2 ou 200 personnes, on fait toujours le même show. Ensuite, je serais évidemment numéro 9, ou 10. Non, le 9 et demi, en fait. Notre batteur serait le gardien, notre bassiste donnerait le rythme en défense centrale et pour notre guitariste, je vois un milieu de terrain assez offensif. Un créateur qui sait faire des passes.
On a bien compris ta passion pour le PSG. Mais d’autres clubs t’impressionnent-ils ?La Roma, c’est incroyable. C’est une ville que j’adore, sans doute la 2e plus belle du monde. Y a un truc hyper fort là-bas. Tu vois des maillots partout, la moindre baraque à frites porte l’écusson de la Louve. Depuis le début de la saison, Garcia fait un truc super. L’équipe n’est pas extraordinaire, mais elle a quelques grands joueurs. Et lui, il les galvanise.
La Roma, c’est également Totti, non ?C’est ce que j’aimerais au PSG, un mec qui reste au club quoi qu’il arrive. D’ailleurs, j’ai plein de potes qui me disent : « Moi si j’étais joueur, rien à foutre de jouer, de pas jouer, je resterais toujours à Paris. » Sakho aurait pu être celui-là, mais je ne lui en veux pas de nous avoir quittés. Le mec a été propulsé très vite et d’un coup, il est tombé de son piédestal et ne s’en est pas remis. C’est triste, mais au fond, mon souhait, c’est qu’il réussisse à Liverpool et revienne après avoir passé un palier.
Quelles sont tes attentes pour la saison ?En LDC, je pense qu’on peut aller loin, qu’on peut à peu près prendre tout le monde, mis à part le Bayern qui me paraît très fort. Pour la Ligue 1, je suis hyper content que Monaco soit là et même devant à l’heure actuelle. Je veux être champion, mais pas 5 journées avant la fin, je veux du combat, de l’excitation. Au PSG, s’il y a un truc intéressant, c’est la crise annuelle de novembre. Ça permet toujours d’avoir un peu de suspens. Après, je souhaite que ça n’arrive pas cette année et que Monaco garde ce rythme. Idem pour l’OM. S’ils sont trop loin, le « Classique » aura moins de saveur.
En concert, à Paris, mardi 22 octobre à l’International (gratuit) et mercredi 23 octobre au Bus Palladium (6 euros sur place).
Propos recueillis par Raphael Gaftarnik