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Axel Ngando, sans club et sans reproches

Par Andrea Chazy, à Paris

Deux mois après la reprise des championnats, de nombreux footballeurs professionnels sont toujours en quête d’un club. Parmi eux, l’ancien Rennais Axel Ngando. À 31 ans, le neveu de Patrick Mboma garde la forme dans l’attente du rebond. Rencontre avec un éternel optimiste.

Photo : Renaud Bouchez pour So Foot.com
Photo : Renaud Bouchez pour So Foot.com

Remise pied gauche, remise pied droit, accélération, frappe, but. L’exercice est répété au moins cinq fois, comme tant d’autres pendant plus d’une heure, sous le regard attentif d’un préparateur physique et sous une chaleur quasi printanière qui ferait oublier que le mois d’octobre est pourtant déjà bien entamé. Il est 13h50, au stade des Guilands à Montreuil, zone Paris-Est, et les gouttes perlent sur le front d’Axel Ngando. À l’ombre des grandes tours qui ont poussé au pied du métro Gallieni, c’est là que l’ancien Rennais fait monter le palpitant. Contrairement à ces femmes et hommes qui profitent de la piste pour enchaîner les tours, c’est sur le synthétique de ce petit stade du 93 que Ngando travaille ses gammes. D’habitude, le milieu offensif s’entraîne à Rennes, où il vit aujourd’hui avec sa compagne et leurs deux enfants. Cette fois, le natif d’Asnières s’est offert une virée parisienne pour faire coucou à ses parents, qui habitent toujours la région, tout en s’imposant quand même une séance d’entraînement. Histoire de ne pas perdre le rythme. « Le plus important, là, c’est que mon corps soit prêt pour le jour où je vais retrouver les terrains », glisse l’intéressé entre deux gorgées d’eau. Non, Axel Ngando n’est pas de retour de blessure ou en manque de temps de jeu après des divergences techniques. Il est tout simplement, comme des dizaines d’autres footballeurs professionnels, sans club.

« Quand le mercato se termine et que tu réalises que tu n’as pas de club, c’est un peu dur »

Tout l’été, Axel Ngando a attendu que le téléphone sonne. Plus exactement depuis qu’il est rentré fin mai en France après une saison en Azerbaïdjan, à l’Araz Nakhitchevan. Une année qui ne s’est pas super bien passée chez le champion de D2 azéri 2022-2023, promu dans l’élite, où Ngando a débarqué mi-septembre, après cinq journées de championnat, dans une équipe bâtie en quinze jours. « Déjà l’été dernier, le mercato avait été compliqué et je n’avais pas eu 56 offres, rejoue-t-il. Je suis arrivé mi-septembre en Azerbaïdjan, il m’a fallu un peu de temps pour m’adapter. Je suis allé seul là-bas, car mon fils faisait sa première rentrée à l’école, et on ne voulait pas le perturber. Durant la saison, les résultats ont été compliqués, le coach a été viré, ça manquait de stabilité. Tout ça a fait que la saison a été compliquée. » Si l’Araz Nakhitchevan se maintient, il est convenu entre les deux parties qu’il n’y aura pas de saison 2. Après deux semaines de vacances, Axel Ngando reprend un rythme de 4 à 5 entraînements par semaine, généralement le matin, avant de se reposer puis de profiter de sa famille en fin d’après-midi. Il se tient prêt.

Photo : Renaud Bouchez pour So Foot.com
Photo : Renaud Bouchez pour So Foot.com

Même routine en juillet et en août, là où la plupart des footballeurs font leur rentrée. Comme des millions de Français, il suit, après l’effort, l’Euro 2024. Puis les exploits de Léon Marchand et des autres athlètes tricolores aux JO de Paris. Le 1er septembre arrive déjà, l’été a filé, mais la réalité est rude : aucun projet concret ne s’est offert à lui. « Quand le mercato se termine et que tu réalises que tu n’as pas de club, c’est un peu dur, explique Axel Ngando. Mais ça passe, car je me remets tout de suite au boulot. J’ai la tête dans le guidon. Je travaille avec mon agent depuis longtemps, on se dit les choses, et je sentais que le mercato allait être compliqué. Et puis, ayant la trentaine, c’est aussi plus dur dans le foot. Ça bloque des clubs, peut-être moins à l’étranger, mais ça peut jouer. » Au quotidien, il assure que le soutien familial est précieux pour avancer, même quand son fils, qui l’a déjà vu à la télé, lui demande parfois quand est-ce qu’il va retourner sur un terrain. Forcément, à ce moment-là d’une carrière, une question émerge : à 31 ans, sans club, envisage-t-on de raccrocher ? « Jamais. Ma vie, c’est le foot. Je m’entraîne tous les jours depuis que j’ai 12 ans, depuis que j’ai intégré la préformation du PSG (qu’il a quitté par la suite pour aller au centre de formation de Rennes, NDLR). Quand je ne suis pas sur un terrain, je suis moins heureux, c’est normal. Et surtout, je me sens encore en pleine forme. »

Génération 93

Alors que sa séance entre dans sa dernière phase, une série de frappes en mouvement ou arrêtées avec un gardien venu spécialement pour lui, l’une de ses réalisations de près rappelle son premier but en pro. C’était à Lorient, au Moustoir en 2012-2013, un soir de derby où après avoir remplacé Romain Alessandrini la 90e minute, Axel Ngando avait surgi au second poteau, suppléé Jean II Makoun auteur d’un raté un peu honteux et égalisé… dix-neuf secondes après son entrée en jeu. Fred Antonetti avait ri, son manager général Pierre Dréossi aussi. Le gamin de 19 ans, lui, avait écarté les bras pour célébrer devant le public lorientais médusé, entouré de ses coéquipiers. Quelques mois plus tôt, il avait refusé une offre de la Juve pour signer pro à Rennes. Quelques mois plus tard, numéro 10 dans le dos, Ngando est sacré champion du monde U20 avec la génération 93, la sienne, celle de Pogba, Thauvin, Veretout ou encore Areola. « On était une vraie famille, une bande de potes, pose Axel Ngando qui précise, au passage, que ressasser le passé n’est pas trop son truc. À chaque fois qu’on arrivait sur le terrain, on avait une confiance incroyable. On savait que le match ne dépendait que de nous. On était au-dessus. Aujourd’hui, je ne suis plus beaucoup en contact avec eux, car chacun a fait son chemin. Mais ce sont des souvenirs qui resteront. »

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Couvé par Franck Haise chez les jeunes à Rennes, « un meneur d’hommes qui m’a secoué pour que je donne le meilleur de moi-même », la suite ne fut pourtant pas celle des spotlighs d’Old Trafford ou du stade Vélodrome pour le neveu de Patrick Mboma. Mais une carrière garnie jusque-là de 200 matchs pros à Auxerre, Angers, Bastia, Grenoble ou encore à Göztepe, en Turquie. Le tournant ? Une fracture de la malléole en mars 2021, consécutive à une faute subie sur la dernière action d’un match face au Paris FC lors de la 29e journée de Ligue 2. Sa première et seule grosse blessure, cette fameuse pièce qui tombe côté face, qui l’éloigne des terrains plusieurs mois à cause d’une cicatrisation longue, et qui, surtout, l’oblige à patienter jusqu’en janvier 2022 pour retrouver un point de chute, au GF38. « Pour être honnête, j’ai senti que l’intérêt pour moi a commencé à baisser à partir de Grenoble, quand je suis revenu de ma blessure à la cheville, pose Axel Ngando sur le banc de touche du stade des Guilands. Cette période actuelle, plus difficile, m’apprend à ne pas penser qu’au foot. Lorsqu’on va à l’entraînement tous les jours en club, les matchs, on est pris dans l’engrenage. Là, j’ai une vision plus globale comme je n’en ai jamais eu. »

De toute manière, que je gagne 5 000, 10 000 ou 50 000 euros par mois, je ne vis pas différemment. Je n’ai que 31 ans, j’ai toute la vie devant moi.

Axel Ngando

En attendant d’embrasser un nouveau projet, Ngando continue à manger du foot. Il a pris son abonnement à DAZN pour suivre le Stade rennais, le club « de sa ville de cœur » en Ligue 1, mais aussi la Ligue 2 ou encore le Barça, son club préféré. Un programme chargé qui comprend également les grands prix de F1, son autre passion, lui le grand fan de Lewis Hamilton. Au niveau financier, il touche le chômage lié à son dernier contrat à Grenoble, en 2022-2023, car sa dernière expérience en Azerbaïdjan ne lui a pas permis de cotiser en France. « De toute manière, que je gagne 5 000, 10 000 ou 50 000 euros par mois, je ne vis pas différemment. Je n’ai que 31 ans, j’ai toute la vie devant moi. Je ne peux pas faire n’importe quoi, glisse-t-il au moment de prendre congé. Je suis quelqu’un de nature optimiste, pas trop du genre à regarder en arrière, est-ce que j’aurais dû aller là ou non… Ça va revenir. » Peut-être que dans les semaines à venir, sur une pelouse pro de l’Hexagone, on réentendra alors : « Axel, accélère !  » Sa mission serait alors accomplie.

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