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Burnley en bonne Kompany
Après une décennie de kick and rush cher à Sean Dyche, Burnley a pris un tournant cet été en nommant Vincent Kompany comme nouvel entraîneur. Une demi-année plus tard, avec un style de jeu bonifié par le Belge, les Clarets, actuellement premiers, réalisent l’une des meilleures saisons d’un club en Championship et se montrent optimistes quant à une remontée immédiate en Premier League.
Ces deux-là n’étaient peut-être pas destinés à se croiser, pourtant c’est une belle idylle qui commence à naître entre eux. Dans la foulée de la descente du club en deuxième division, après avoir terminé 18e et notamment viré l’éternel Sean Dyche, Burnley a accueilli Vincent Kompany pour un bail de trois ans. Après deux saisons passées sur le banc d’Anderlecht, l’ancien défenseur central a reposé ses bagages au nord de l’Angleterre, déclinant des offres plus attirantes, dont une du Borussia Mönchengladbach. « J’ai examiné en profondeur tout ce que Burnley était et voulait réaliser. J’ai vu un chemin différent des autres endroits, justifie l’ancien international belge. Je sais qu’après un début difficile viendra un avenir incroyable. » Cet avenir, pour le moment, lui donne raison.
Pendant neuf ans et demi, les fans présents à Turf Moor ont dû se farcir le style aride de Sean Dyche, avec un football digne du XIXe siècle et où le résultat primait sur le beau jeu. Dans les faits, cela a marché au vu des deux promotions en Premier League et même du retour dans une compétition européenne en 2018, 51 ans après la précédente. En venant au club fondé en 1882, Kompany souhaitait faire un pas de côté et instaurer sa patte pour permettre aux supporters des Clarets de voir un beau football pour la première fois de leur vie, tout en maintenant la culture mise en place par son prédécesseur. Le Belge voulait entretenir cette équipe combative jouant avec le cœur et que personne n’apprécie jouer, lui qui se souvient des déplacements difficiles dans l’antre de Burnley en tant que joueur. « C’est quelque chose que je veux protéger et ensuite ajouter les idées que j’ai sur le jeu, avouait-il avant le début de saison dans les colonnes du Daily Mail. Nous pouvons changer de système, mais une culture n’est pas un système et c’est difficile à créer. » Un fonctionnement qui a pour l’instant porté ses fruits : en 33 parties en tant que manager de Burnley, le lauréat de l’entraîneur du mois en Championship à deux reprises n’a perdu que trois fois. Avec un jeu plus offensif, basé sur la possession et qui tient en haleine les spectateurs, les coéquipiers de Jack Cork possèdent la meilleure attaque (55 pions), ainsi que la deuxième meilleure défense du championnat (26 buts encaissés). Chinedum Onuoha, ancien compère du Belge à Manchester City, ne tarit pas d’éloge à son égard. « Il est injuste que Vini (Kompany) soit entraîneur en Championship, car il est tellement en avance sur les autres managers de cette division, a-t-il déclaré à Talksport. Dans la façon dont il regarde le jeu, la façon dont il est avec les joueurs. Tout. Il est à des millions de kilomètres devant tous les autres. »
Un disciple de Guardiola
Depuis ses premiers pas en tant qu’entraîneur, Vincent Kompany s’est beaucoup inspiré de ses anciens coachs, mais un se détache des autres : Pep Guardiola. « Il m’a clairement donné l’envie d’entraîner, confiait le natif d’Uccle lors d’un passage à la radio BBC. Il m’a beaucoup aidé à voir le jeu d’une manière différente. » Les deux hommes se sont côtoyés pendant trois saisons et 62 matchs entre 2016 et 2019, et l’influence du technicien de Manchester City a été logiquement colossale sur le jeune coach. « C’était comme être tous les jours à l’université. Il expliquait tout avec une telle clarté, et j’ai énormément appris de lui, révélait l’ex-Diable rouge, qui refusait la comparaison, lors de sa première conférence de presse à Anderlecht. Je ne suis en aucun cas Guardiola, mais je pense avoir été un bon élève. » Un constat approuvé par Josh Cullen, le joueur que l’entraîneur belge a le plus eu sous ses ordres depuis ses débuts avec 107 apparitions (à Anderlecht et Burnley). « Si on regarde nos matchs et le style de jeu que l’on souhaite mettre en place, on voit des similarités entre les équipes de Guardiola et la manière dont Kompany nous place et souhaite jouer, » affirme le milieu de terrain dans les colonnes de Sky Sports. À l’instar des autres apôtres de l’Espagnol que sont Xavi en Liga avec le FC Barcelone et Mikel Arteta en Premier League à Arsenal, le technicien de 36 ans est en tête de son championnat. Au-delà de se retranscrire dans les résultats, sa philosophie de jeu, qu’il a implémentée dans le club du Lancashire, a été façonnée autour de celle du Catalan. Néanmoins, le style de joueur qu’il était, rugueux et impassible, se retrouve également dans le coaching qu’il exerce, lui qui est capable d’envoyer des soufflantes à tout va dans le vestiaire.
Un recrutement judicieux centré autour de jeunes joueurs
Dès son arrivée dans la ville aux 95 000 âmes, Kompany n’a pas chômé. Avec sa chute à l’étage inférieur, le club anglais a dû laisser plusieurs joueurs, désireux de poursuivre leur carrière à l’échelon supérieur, quitter le navire. L’effectif a été rajeuni avec quinze joueurs de 29 ans ou plus (Pope, Hennessey, Tarkowski, Mee, Long, Lennon, etc.) ayant quitté les rangs des Clarets lors du mercato estival. Le Belge a bâti son groupe autour de jeunes joueurs avec un bon potentiel : sur ses quatorze joueurs les plus utilisés, sept ont 24 ans ou moins. « Nous avons cru aux jeunes joueurs, explique-t-il dans les colonnes du Daily Mail. En leur donnant du temps, ils finiront par nous donner plus que ce que nous pouvons nous permettre d’acheter. » Pour réaliser cela, l’entraîneur de la formation anglaise a utilisé deux stratégies de recrutement : la venue en prêt de jeunes pousses d’équipes de Premier League et de Bundesliga non utilisés et la mise à profit de son expertise du marché belge. Depuis sa prise en charge, il a recruté neuf joueurs de la Jupiler Pro League, dont quatre sont des éléments réguliers. Les nouveaux auraient même été impressionnés des connaissances de Kompany sur eux.
Là où la saison passée, Burnley avait recruté trois joueurs (Cornet, Collins et Weghorst) ayant chacun coûté entre 14 et 17 millions d’euros et dont aucun n’évolue actuellement au club, les Clarets ont été plus malins cet été avec des choix judicieux à la fois sur le plan sportif et financier : aucune recrue n’a couté plus de 5 millions. Après 28 rencontres, le Burnley cuvée 2022-23 possède le troisième meilleur total de points d’un club de deuxième division anglaise sur ces vingt dernières années. Historiquement, le Championship est un championnat où ceux qui réussissent finissent par le quitter. Cette saison pourrait constituer une étape avant de répondre aux sirènes d’une formation de Premier League ou d’un top championnat européen. Un temps pressenti pour reprendre les rênes de la sélection belge, Kompany poursuivra jusqu’à la fin de la saison au club, mais les dirigeants pourraient se résoudre à le voir partir sous d’autres cieux dans un futur proche. En attendant, et avec un déplacement à Norwich ce samedi, Burnley profite de l’instant présent.
Par Alexandre Ross