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Avec Valdifiori, l’Italie tient peut-être son vice-Pirlo
Il n'y aura pas Pirlo ce soir au Juventus Stadium, mais son alter-ego sera bien présent. Mirko Valdifiori a découvert la Serie A cette saison et vient même de faire ses débuts avec l'équipe d'Italie. Une jolie récompense pour l'Empoli qui est en passe de se sauver tranquillement.
31 août dernier, Mirko Valdifiori est aligné contre l’Udinese. À 28 ans, il foule les pelouses de Serie A pour la première fois de sa carrière. Sept mois plus tard jour pour jour, le voilà titulaire au Juventus Stadium pour sa première cape avec l’équipe d’Italie. Une trajectoire qui impose le respect et qui est un réel motif d’espoirs pour les nombreux autochtones snobés par les clubs de l’élite. « Ils cherchent toujours les étrangers alors qu’il y a des Italiens à la hauteur, et même parfois dans les divisions inférieures, ce n’est pas juste » , n’a pas hésité à dire l’intéressé lors de la mise au vert avec sa sélection. L’histoire de Valdifiori, c’est un peu la revanche des démunis, ceux qui partent de tout en bas pour gravir les sommets. Toni, Grosso ou encore Materazzi, trois champions du monde et titulaires qui ont débuté leur carrière au troisième, quatrième, voire cinquième niveau. Et dans un sens, Mirko est leur héritier.
Allégorie de l’Empoli
On en parle finalement peu, mais après la Sampdoria, la vraie surprise de la saison est l’Empoli. On ne donnait pas cher de la peau des Toscans l’été dernier, la faute notamment à un mercato estival très discret. Tout miser sur les joueurs qui ont fait remonter l’équipe était un risque, un risque parfaitement calculé et qui a payé. Certes, le club n’occupe qu’une 13e place, mais a 12 points d’avance sur le premier relégable à 10 journées de la fin. La saison aurait pu être encore plus belle sans les 15 matchs nuls. Si seules quatre équipes ont gagné moins de matchs que l’Empoli, le même nombre compte moins de défaites. À titre de comparaison, la Lazio troisième s’est inclinée 8 fois contre 7 pour l’Empoli. Depuis novembre, les Azzurri n’ont perdu que deux rencontres face à la Sampdoria et l’Udinese et restent sur huit matchs sans revers. Des chiffres bruts qui ne rendent toutefois pas grâce au jeu pratiqué et que tout le monde loue en Italie.
Seuls deux nouveaux joueurs ont intégré l’équipe type par rapport à la saison passée, le portier Sepe et le milieu Vecino. Les autres sont tous là depuis un moment et forment un effectif extrêmement bien rodé. C’est évidemment le cas de Mirko Valdifiori qui dispute sa septième saison avec l’Empoli. Il n’est pas un produit du club, contrairement à ce que l’on pourrait penser. Non, le Ravennate a fait ses gammes à Cesena, puis ses débuts pros en Serie B il y a dix ans. S’ensuit la fameuse « gavetta » comme on l’appelle en Italie, une saison à Pavia, une autre à Legnano, tout ça en Serie C1, l’ancienne troisième division, avant d’atterrir en Toscane en 2008. Le binôme avec son entraîneur Maurizio Sarri ne prend forme que quatre saisons plus tard, mais il a déjà les clés du milieu de terrain. « Cela fait des années qu’il joue à ce niveau, je ne vois pas de différences aujourd’hui, c’est juste que personne ne s’en est rendu compte avant » , affirme le technicien à l’indécrottable 4-3-1-2.
Reçu en Nazionale, mention bien
En tout cas, l’Italie entière a pu découvrir « Val de fleurs » contre l’Angleterre mardi dernier. Jeu simple, à une touche de balle, toujours dispo en premier relais, pas moins de 18 ouvertures pour Éder ou Pellè. Seulement quatre ballons perdus et huit récupérés en tout. Parce qu’en plus d’être un très bon organisateur, le natif de Russi combine très bien le destructif au constructif. S’il n’a pas la vista et la frappe de balle de Pirlo, Valdifiori va au charbon et se montre être un joueur plutôt rapide, chose rare à son poste, mais plutôt logique. En effet, un club comme l’Empoli ne peut se permettre le luxe d’un playmaker totalement assisté par ses compères. Alors il cavale, mais ne perd pas pour autant sa lucidité, en attestent ses 38 passes réussies sur 40 face aux Britanniques. Une copie propre qui a duré 68 minutes et qui a peut-être déjà bouleversé la hiérarchie de ce poste.
Verratti qui l’a justement remplacé a de quoi être inquiet, surtout après sa prestation décevante contre la Bulgarie. Pas certain non plus qu’il soit replacé en « mezzala » vu ses projections offensives quasi inexistantes. L’énigme demeure après un Mondial pourtant convaincant. Antonio Conte a donc eu du nez, non pas en convoquant Valdifiori, mais en le faisant débuter lors de cet amical de prestige contre une équipe d’Angleterre en pleine bourre. Il s’agissait de voir si Valdifiori était capable de s’adapter à un match et un contexte différent, ainsi que de sortir des engrenages parfaitement huilés de Maurizio Sarri. Mission réussie. Et une autre est même en passe de l’être, puisque son transfert au Napoli serait déjà bouclé, tandis que le Milan était très intéressé. Voilà une autre marche de gravie, la revanche se poursuit. Luca, Fabio et Marco sont fiers de lui.
Par Valentin Pauluzzi