- CAN 2021
- Gr. E
- Algérie-Guinée équatoriale (0-1)
Avec un point en deux matchs, l’Algérie est au pied du mur
En s’inclinant face à la Guinée équatoriale ce dimanche soir (0-1), l’Algérie s’est enfoncée dans ses incertitudes. Ces mêmes difficultés, visibles depuis plusieurs rencontres, que cette Coupe d'Afrique des nations ne fait que confirmer.
Iván Salvador Edú. Un nom dont les Algériens se souviendront pendant un long moment. Cheveux roses et chaussettes baissées jusqu’aux chevilles, l’attaquant de la Guinée équatoriale a effectivement été l’artisan majeur de la victoire du Nzalang Nacional face à l’Algérie. Néanmoins, ce n’est pas lui qui a inscrit le seul but des siens, mais bien Esteban Obono (70e), reprenant au deuxième poteau une déviation de Josete Miranda sur corner. Qu’importe, l’attaquant de Fuenlabrada aura littéralement rendu chèvre la bande à Djamel Belmadi. Dangereux aux avant-postes, teigneux en défense, Edú a fait la différence. Et il aura été le seul à la faire.
La fête est finie
En face, le manque de réalisme et le déchet technique ont été légion. Pour l’Algérie, l’équation semblait pourtant simple : venir à bout des Équatoguinéens et rattraper le match nul concédé devant la Sierra Leone en ouverture. Malheureusement, rien n’y aura fait. Sur une pelouse indigne d’une compétition internationale, les Algériens ont d’abord failli mentalement. Titularisé en pointe, Baghdad Bounedjah a cristallisé toutes ces tensions, ne paraissant, à aucun moment, être dans le tempo adéquat. Maladroit dans le dernier geste, le « Giroud algérien » a également perdu de sa superbe dans le jeu en remise. Des problèmes de confiance notables depuis plusieurs mois, accentués par une Coupe arabe traversée à vide. Un schéma que ne connaît que trop bien son ami Youcef Belaïli.
Capable de faire preuve d’un génie absolu, l’ailier oranais se transforme rapidement en poids lourd pour ses coéquipiers lorsque son niveau baisse. En attestent ses diverses tentatives en soliste, souvent freinées à l’entrée de la surface, et ses hors-jeu incessants (cinq en 90 minutes). Riyad Mahrez, esseulé, aura bien tenté de faire la différence comme il le pouvait, sur des transversales ou des contrôles déroutants, assisté à maintes reprises par l’infatigable Youcef Atal, autre satisfaction de cette CAN. Privée de ballons par un milieu de terrain étouffé, à l’image d’Ismaël Bennacer, à court de rythme et décevant, et de Sofiane Feghouli, transparent, la ligne d’attaque n’aura été que trop éloignée de son bloc. Une défense qui n’a jamais été aussi friable. Malmenée sur chaque contre-attaque adverse, avec Ramy Bensebaïni, disons-le, nerveux et Djamel Benlamri, quelques fois à la rue (perclus de crampes après une heure de jeu et qui finira par sortir), l’arrière-garde a été loin de rassurer.
Fin de série
En deux parties, le bilan est sans équivoque : 32 tirs, 11 cadrés, aucun but. Sous un autre angle, cette défaite met également un terme à la fameuse série d’invincibilité de 35 matchs pour les Verts. Une statistique probante, qui aura cependant fini par devenir un poids pour la sélection algérienne, comme devenue obnubilée par cette chasse d’un record beau, mais superflu. Difficile en effet d’ajouter une pression supplémentaire à un effectif limité et sur le fil depuis maintenant près de six mois. Car avant d’arriver au Cameroun, l’Algérie s’était déjà cassé les dents en qualifications à la Coupe du monde 2022. Les deux confrontations face au solide Burkina Faso (1-1 à l’aller, 2-2 au retour) avaient ainsi donné un bel aperçu de ce qui attendrait les champions d’Afrique en titre à Douala. Un constat quelque peu biaisé par la victoire en Coupe arabe, venue redonner un soupçon d’optimisme aux supporters.
Mais la réalité du terrain a vite repris sa place. Des conditions de jeu asphyxiantes combinées à des défenses prêtes à tout pour faire tomber la reine. La rudesse de la Sierra Leone a dès lors fait plier sa majesté avant que la vitesse d’exécution d’une Guinée équatoriale « made in Liga », ne la fasse définitivement rompre. Désormais, l’Algérie ne s’accroche plus qu’à une marche. Celle qui la rallie à la Côte d’Ivoire pour la dernière journée et face à laquelle une victoire, obligatoire, lui permettrait de rattraper le train des huitièmes de finale. Ce qui au départ ne devait donc être qu’une opposition de gala s’est transformée en match couperet, pour des rapaces revanchards et en quête de victoire. Attention à ne pas se faire déplumer.
Par Adel Bentaha