Avec un D comme Diego

Il est Argentin et s’appelle Diego. Il avait tout pour être une rock star. Mais Milito n’a pas vraiment le profil du gouailleur sud-américain. Et autant le dire tout de suite, notre homme a plutôt l’air d’un type plutôt ennuyant.

Marco Ansaldo, journaliste à La Stampa, plante d’emblée le décor : « À Gênes, on dit de lui qu’en trois saisons au club, il a marqué plus de buts qu’il ne prononce de mots dans une journée : 48 » .

Essayez d’obtenir une interview de lui en appelant le club, on vous répondra du tac au tac que « Diego est un garçon tranquille qui n’aime pas trop apparaître dans les médias » . Le discours classique d’un attaché de presse un peu chiant pour protéger la star de son équipe ? Même pas.

En fait, Diego Milito s’avère être le genre de type dont on imagine qu’il n’a pas franchement de conversation. On ne lui connaît pas d’autre passion que le football, il n’a ni groupe, ni livre préféré. D’ailleurs, il n’écoute probablement pas de musique et ne doit pas lire bien souvent. Le footballeur qui, une fois son match fini, regarde encore du foot à la télé.

Au Genoa, on est un peu gêné. Il faut dire que ses maillots s’arrachent comme des petits pains, que l’homme est second meilleur buteur de Serie A avec ses 15 pions et qu’il est profondément amoureux du maillot qu’il porte. Enfin quelqu’un capable d’attirer médias, sponsors et de faire enfin parler du club. Raté.

La seule chose que Milito se plait à attirer vers lui, ce sont les ballons. Avant de les pousser au fond des filets. Pour le reste, il laisse couler. On raconte qu’après un triplé qu’il avait planté contre la Reggina, le peu d’amis qu’il fréquente voulaient l’emmener au resto, histoire de fêter ça. Milito a préféré rester chez lui, sur son canapé : il y avait un match qu’il voulait regarder.

À la présentation de l’équipe du Genoa, les dirigeants avaient même invité une danseuse de Tango. Milito se montra incapable d’improviser le moindre pas, quand Gasperini, originaire d’un bled paumé de la province de Turin, enflamma l’assemblée en y allant de ses pas de danses bien-sentis.

Auparavant, Milito avait passé cinq saisons au Racing Club d’Avellaneda, en Argentine. Avant de rejoindre le Genoa, en 2003, pour deux saisons. Puis vint la rétrogradation du club en Serie C1. Un peu dépité, le joueur s’en alla gambader à Saragosse. Trois saisons et des buts à la pelle. Le cœur, lui, était resté en Italie. Après chaque match, il envoyait des textos pour savoir ce que le club avait fait. L’été dernier, tout le monde l’annonçait à Tottenham. Le salaire qu’il y aurait touché était impressionnant. Qu’importe, Milito voulait revoir Gênes.

Retour au bercail cet été, donc. Et aujourd’hui, il régale les tifosi. Sens du but inné, redoutable joueur de tête, sens du placement, l’homme n’est pas un monstre physique (1m79 pour 78 kg) mais compense avec une vista tactique impressionnante. Un attaquant remuant, qui vous sème en un rien de temps. Et toujours la même sentence au final.

Tout à l’heure, c’est à l’Inter du méchant José que Milito montrera l’étendu de son talent. Pas la peine de prêcher des convertis : Moratti aurait déjà fait une offre de 30 millions d’euros pour s’attacher les services du numéro 22.

Lucas Duvernet-Coppola, avec MA