- Ligue des nations
- Quarts
- France-Croatie (2-0, 5-4 TAB)
Le palais d’Olise
De son soyeux pied gauche, Michael Olise a remis l’équipe de France dans le droit chemin. On retiendra de sa prestation contre la Croatie son coup franc direct, mais aussi son énorme influence sur le jeu offensif. Bref, une belle mise en bouche pour la suite de son aventure avec les Bleus.

Olivier Giroud a eu droit à une belle bamboche de la part de la FFF au Stade de France, en ouverture de ce France-Croatie. Huit bons mois après sa retraite internationale, le bomber français n’a pas encore de vrai remplaçant en tant qu’attaquant de pointe. Avec Marcus Thuram renvoyé à Milan pour se soigner et Randal Kolo Muani remplaçant ou utilisé dans un couloir, c’est pour le moment Kylian Mbappé qui occupe le poste sans vraiment respecter la fiche de mission. Quant au numéro 9, c’est le polyvalent prospect Désiré Doué qui le portait durant cette trêve. Derrière son poste de télévision, un autre néo-retraité a dû regarder tout ça avec attention : Antoine Griezmann attend toujours sa cérémonie d’adieu, mais a peut-être déjà trouvé son successeur, en la personne de Michael Olise.
Joue-la comme Jérôme Rothen
Ce dimanche à Saint-Denis, les Bleus avaient une réponse à apporter à leur piètre performance de la semaine à Split. La manche aller avait laissé apparaître un manque criant de créativité, entre un milieu amorphe et une attaque sans lumière. Le mouvement et les éclairs sont venus des pieds d’un homme, entré pour six petites minutes à Poljud, mais cette fois titularisé dans une formule à quatre joueurs offensifs (avec Barcola, Dembélé et Mbappé). Michael Olise, 23 ans, a profité de sa sixième sélection pour montrer ce qu’il avait dans le ventre. Dans un rôle hybride, mi-ailier droit, mi-meneur, en alternance avec Ousmane Dembélé, le natif de Londres a pris les clés du jeu pour rayer les portières croates. Un jeu fait d’aisance sur coup de pied arrêté, de décrochages, de lecture, d’accélérations en repiquant sur son pied fort (le gauche), de dribbles aussi. Les touches de balle sont plus nombreuses que chez son prédécesseur colchonero, mais l’ensemble prend tout de même un style très griezmannien.
Surtout, c’est l’efficacité qui rend la partition intéressante. Avec ses 14 centres et 5 passes-clés, le joueur du Bayern Munich a réussi à faire pencher le jeu de l’équipe de France vers la droite (44% des attaques), là où la gauche était traditionnellement forte avec le duo Mbappé-Hernández. Et à force de tambouriner sur la porte de Croates qui ont fait le dos rond pendant plus de 50 minutes, la solution a fini par arriver. Kylian Mbappé s’était bien arraché pour dégoter une jolie faute aux abords de la surface de réparation. Tout le stade a bien cru que le capitaine allait prendre ses responsabilités pour se muer en homme providentiel. Il n’en a rien été : c’est son jeune partenaire qui a eu cet honneur, déposant le ballon dans les filets d’un Livaković jusqu’ici intraitable.
France - Croatie (1-0) #francro LE BIJOU D'OLISEEEE, 1-0 POUR LES BLEUS ! Michael Olise donne l'avantage aux Bleus, qui n'ont qu'un but à remonter. 📺 Suivez France - Croatie en direct : https://t.co/Qnh6wiQES3 pic.twitter.com/LkYiSDEesd
— TF1 (@TF1) March 23, 2025
Le premier coup franc direct de l’équipe de France depuis Paul Pogba, lors d’un amical en Russie en mars 2018 – celui de Lucas Digne en novembre en Italie était magnifique, mais il a été attribué au dos de Vicario. Le premier coup franc direct de l’équipe de France au Stade de France depuis celui de Dimitri Payet en mars 2016, toujours en amical contre la Russie. Le premier coup franc direct de l’équipe de France en compétition officielle depuis celui de Jérôme Rothen lors d’un déplacement en octobre 2007 aux Îles Féroé.
Le game, il l’a changé
Avant de lancer son émission de radio sur RMC, Michael Olise aura d’abord le droit de faire fructifier ce bon coup de patte. Chose qu’il n’a pas tardé à faire en annexant à son premier but chez les A sa première passe décisive chez les A. Une offrande à Ousmane Dembélé, mais aussi aux 75 000 spectateurs qui ont pu profiter d’une prolongation puis de tirs au but qui s’avèreront heureux. L’ancien joueur de Crystal Palace n’est pas allé au bout de la rencontre, remplacé par Eduardo Camavinga à la 105e, mais l’important est ailleurs : il a trouvé son match référence pour valider sa place dans ce groupe. « Je ne suis pas surpris. J’avais déjà vu ce qu’il faisait de bien au Bayern ; à l’entraînement, on avait vu l’entendue de son talent. Je pense qu’il avait juste besoin d’un petit peu de temps pour se montrer », dépeint son coéquipier Aurélien Tchouaméni.
« Michael a été étincelant dans son registre, il a mis beaucoup de liant avec les trois autres offensifs. Je suis content pour lui. Après un match comme ça, il va gagner en confiance et ça présage d’autres beaux rendez-vous. Il était peut-être un peu timide, sur la réserve et là, il s’est lâché », a complété Didier Deschamps, ne pouvant que se satisfaire de sa trouvaille, dans une période où l’EDF est en quête de nouveaux leaders capables de faire basculer des rencontres. Le vice-champion olympique peut être fait de ce bois-là. « Je suis content parce qu’on a gagné. C’était un match difficile, mais on a fait tout ce qu’il fallait pour l’emporter », réagissait-il au micro de TF1, avec son français LV2. La preuve que le goût ne dépend pas que de la langue : Michael sait apporter de la saveur et développer son propre palais.
Non, la France n’a pas le plus gros réservoir de la planète footballPar Mathieu Rollinger, à Saint-Denis