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Avec l’arrivée de Lionel Messi, l’Argentine est déjà à l’heure de Paris
Dans le pays natal de la Pulga, le feuilleton Messi a été suivi minute par minute depuis jeudi dernier. Déçus par le Barça, beaucoup d’Argentins pensent désormais supporter le PSG de leur héros national. Les médias locaux peaufinent déjà leur couverture exceptionnelle de la Ligue 1.
Tout ce qu’ils veulent c’est le voir heureux. Et en Catalogne il ne l’était plus. L’image de leur idole en sanglots dimanche dernier à Barcelone a été insupportable à voir pour la plupart des Argentins. Surtout quand elle intervenait un mois seulement après l’avoir vu en larmes, de joie cette fois-là, au moment de soulever enfin un trophée avec l’Albiceleste. « Le Barça, je ne veux plus le voir jouer. Même dans mon jardin », tweetait en colère Néstor Gorosito, ancien joueur emblématique de River Plate, San Lorenzo et la sélection. En quelques caractères, « Pipo » et sa crinière balavoinienne résumaient bien le sentiment de nombreux de ses concitoyens en fin de semaine dernière : « Laporta tu n’as pas de pardon. Tu as viré Dieu de ta maison ». Fallait pas qu’il s’en aille. Mais quand le visage de la Pulga, tout sourire au Bourget, est apparu en direct ce mardi à la télévision, c’est une bonne partie de l’Argentine qui a souri avec lui.
Attablé à un café du quartier portègne de Villa Crespo, Ezequiel, 36 ans, ne manque rien de la scène retransmise par une dizaine de télévisions en édition spéciale depuis tôt le matin. À l’écran, Messi, t-shirt blanc « Ici, c’est Paris » , cache sa joie derrière un masque rouge et bleu. « Le voir avec ces couleurs, ça me surprend et me rend heureux, confie-t-il entre deux medialunas, les croissants locaux. Je suis content de le voir quitter un environnement toxique et qu’il aille explorer d’autres championnats. Je voulais le voir dans un autre club que le Barça une fois dans ma vie. J’aurai aimé le voir à Newell’s mais je crois que le budget n’est pas tout à fait le même que celui du PSG. Paris n’était pas l’équipe préférée ici, mais maintenant que Messi y est, oui. Désormais, on est tous Parisiens. »
À quelques pâtés de maison, l’officialisation de l’arrivée du Rosarino dans la capitale française a mis Camiseta Nani en ébullition. À Buenos Aires, c’est la boutique incontournable de tout collectionneur de maillots de football. Ici, on trouve une tunique manches longues de la sélection argentine floqué Gallardo datant du Mondial 98, une autre avec le 16 du premier match de Riquelme avec l’Albiceleste ou encore, et c’est un peu plus surprenant, un maillot du FC Lorient de la finale de la Coupe de la Ligue 2002 perdue contre Bordeaux. Mais ce qui anime le patron Ricardo, ce sont les coups de fils, les messages sur Instagram et WhatsApp, qui n’arrêtent pas depuis la mi-journée. « Tout le monde veut le maillot du PSG avec le nom de Messi. C’est une folie », explique-t-il pendant que son employé floque une tunique parisienne version 2017 avec le numéro 30 et le nom du sextuple Ballon d’or. Business is business.
« La Ligue 1 va être plus couverte que la Liga »
Dans la rédaction du quotidien sportif Olé, le rythme ne faiblit pas. évidemment, Messi fait la une depuis jeudi dernier. Ce mardi, le journal bombe le torse car il se vante, lui aussi, d’avoir annoncé l’accord avec le PSG en exclusivité dans ses pages. Pendant une vingtaine d’années, Olé a rédigé un nombre incalculable de feuillets retraçant l’aventure de la Pulga à Barcelone. Jusqu’à maintenant, la Ligue 1, elle, n’occupait qu’une moitié de page. Un peu plus si un joueur argentin brillait sur les pelouses françaises ou quand Marcelo Bielsa dirigeait dans l’Hexagone. Et maintenant ? « Avec Messi à Paris ça change tout, annonce Bruno Sturari, journaliste au seul quotidien sportif du pays. Je pense que la Ligue 1 va désormais être plus couverte que la Liga. Tout ce qu’on faisait autour de Barcelone, c’était pour Messi. Maintenant qu’il n’y est plus, toute l’attention va se focaliser sur la Ligue 1 et Paris. Pour nous, ça va être l’opportunité de connaître un championnat que l’on ne connaît pas bien ici. Chaque club qui va affronter Messi, ce sera une histoire à raconter. Contre qui joue Leo ? Qui va le marquer ? Tous les matches du PSG vont être suivis comme si c’était un club argentin supplémentaire. Une nouvelle ère commence. »
Partagé avec le canal Direct TV l’an passé, ESPN a récupéré cette année la diffusion intégrale des matchs du championnat de France. Pas loin de crier lui aussi « Jackpot ! » à l’antenne, l’animateur Gustavo López n’en finit plus de rappeler tout au long de l’après-midi que la chaîne, propriété de Disney, diffusera bien « Paris – Estrasbourgo » ce samedi à 16h heure locale. La Ligue 1, c’est nous ! Le soir, le canal TYC Sports ouvrait son émission phare de débat en diffusant les images de Messi sur un air de Zaz et passait une bonne partie de son programme à demander à un journaliste français invité en plateau comment se prononce Brest, Troyes ou Clermont et quelles sont vraiment les équipes qui peuvent embêter le PSG, lire « Péhesséjé » en Argentine. Bienvenue dans la quatrième dimension.
Par Georges Quirino Chaves, à Buenos Aires
Tous propos recueillis par GQC sauf mention.