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Plus d’un Tuchel dans son sac
Malgré l’annonce de son prochain départ et les bruits persistants sur l’identité de son successeur, Thomas Tuchel n’a pas lâché le gouvernail à Munich. Mieux que ça, le navire bavarois semble avoir repris un peu de vitesse, ce qui était loin d’être gagné.
Le 21 février, le Bayern tirait un trait définitif sur Thomas Tuchel. « Au cours d’une discussion ouverte, nous avons pris la décision de mettre fin à notre relation de travail d’un commun accord à l’été. Notre objectif est de poursuivre une nouvelle orientation footballistique avec un nouvel entraîneur principal pour la saison 2024-2025 », justifiait le PDG du club, Jan-Christian Dreesen. Les revers consécutifs subis contre Leverkusen, la Lazio et Bochum ont fait déborder le vase. Mais, mais, mais… Le Bayern s’apprête à disputer une demi-finale de Ligue des champions, ce qui n’était plus arrivé depuis l’édition 2019-2020. Et les regards sur Tuchel ont (un peu) évolué.
Toujours vivant, toujours debout
Le couperet du 21 février a été accueilli avec soulagement par les supporters bavarois. Certains s’étonnaient même que le club attende la fin de saison pour le virer. Pas surprenant à la lecture du bilan très moyen de Tuchel : le Meisterschale lui a été offert de manière invraisemblable par Dortmund l’an passé, et si la claque reçue en Supercoupe contre Leipzig (0-3) pouvait (en partie) être excusée par l’argument du début de saison, l’élimination dès le 2e tour de la Pokal a apporté un torrent d’eau au moulin des nombreux sceptiques. Tuchel partant à l’été, les Bavarois se sont mis à rêver de Xabi Alonso, bien plus sexy. Et alors que l’hypothèse d’un retour de Julian Nagelsmann a circulé, avant de s’évaporer, l’ombre de Ralf Rangnick se fait aujourd’hui de plus en plus grande.
On en oublierait presque que Tuchel est toujours sur son siège, pour quelques semaines encore. Et qu’il n’a pas lâché le gouvernail. Il aurait pourtant pu jeter l’éponge en voyant Uli Hoeness lui remettre des bâtons dans les roues, taclant publiquement sa capacité à faire progresser les jeunes joueurs. Depuis l’annonce de son départ, le Bayern a renversé la Lazio et douché les espoirs d’Arsenal, tout en retrouvant quelques couleurs en Bundesliga. Le président du Bayern Herbert Hainer a d’ailleurs salué « une démonstration tactique de Thomas Tuchel » après la prestation collective prometteuse qui a permis de museler la meilleure attaque de Premier League. Toutes compétitions confondues, les Bavarois restent même sur quatre victoires, avec dix buts marqués et seulement deux encaissés. La victoire courte mais autoritaire sur Francfort samedi est encore de nature à rassurer. Non, tout n’est pas à jeter.
Un pour tous, tous pour Juppel
18 000 supporters ont ainsi signé une pétition demandant que Tuchel reste en poste. « Ça n’a jamais été facile pour Thomas Tuchel à Munich, argumente l’auteur du texte. Malgré la couverture médiatique négative dont il a fait l’objet et l’avalanche de blessures dans l’équipe, il a conduit son équipe en demi-finales. » Tuchel n’est en effet pas aidé par les pépins de santé de son effectif. Manuel Neuer et Raphaël Guerreiro ont raté deux mois de compétition, Kingsley Coman n’a joué que 7 matchs en 2024, et Serge Gnabry 17 sur l’ensemble de la saison. Arrivé en janvier, Sacha Boey s’est très vite blessé et n’a pu faire que deux apparitions. Samedi encore, face à Francfort, Konrad Laimer (cheville) et Matthijs de Ligt (genou) ont quitté la pelouse prématurément et rejoint l’infirmerie, où stationnent aussi Leroy Sané, Dayot Upamecano et Bouna Sarr. De quoi relativiser une partie des critiques, sans tout excuser.
« Avec tout le respect dû à des candidats comme Emery ou Rangnick, ces entraîneurs n’arrivent pas à la cheville de Juppel, poursuit la pétition en contractant volontairement les noms de Tuchel et de Jupp Heynckes, dernier coach à avoir ramené la C1 en Bavière. Juppel a déjà remporté la Ligue des champions avec Chelsea et a également mené le PSG en finale. En tant que fans du FC Bayern, nous voulons insister sur le fait que Thomas Tuchel est l’homme de la situation et qu’il doit être maintenu en poste ! » Tuchel qui, d’ailleurs, n’a jamais été éliminé lors d’une demi-finale, nationale ou internationale, en onze participations. Plus habitué à recevoir les tomates que les louanges, l’entraîneur s’est réjoui de ce soutien inattendu, sans vouloir trop en faire. « Même si c’est positif, c’est un sujet qui n’est pas et ne doit pas être prioritaire, répondait-il en conférence de presse. Que ce soit agréable ou désagréable, je ne me permets pas de me laisser influencer. Je ne veux pas m’en servir comme excuse ou en faire une distraction. » Priorité au terrain, où il reste trois matchs de championnat, et deux – voire trois – en Ligue des champions pour finir la tête haute. Et peut-être récolter quelques signatures supplémentaires.
Par Quentin Ballue