- C1
- J2
- Lyon-Chakhtar
Avec Aouar, pas de traquenard
Pas le plus médiatisé à Lyon, mais pas le moins fiable, Houssem Aouar poursuit tranquillement sa progression, lui qui s'est rendu essentiel aux Gones à seulement vingt ans. Grâce à sa polyvalence, son profil complet, son respect des consignes... et son talent, évidemment.
À l’Olympique lyonnais, dans la catégorie des offensifs, il y a d’abord Nabil Fekir, le capitaine. Il y a ensuite Memphis Depay, la star. Il y a aussi Bertrand Traoré, le feu follet. Il y a évidemment Maxwel Cornet, le moqué. Il y a également Moussa Dembélé, le nouveau. Il y a bien sûr Martin Terrier, la promesse. Il y a enfin Jordan Ferri, la déception.
Et puis, il y a Houssem Aouar. Pas de brassard autour du bras, pas d’omniprésence dans les médias, pas brillant comme une étoile, pas le plus moqué, pas nouveau pour un sou, pas seulement destiné à briller demain, pas le plus décevant, mais peut-être bien le plus fiable d’entre tous. Et le début de saison 2017-2018 ne semble pas dire autre chose.
Une période de moins bien ? OK, mais très courte alors
Certes, le Français de vingt ans a eu du mal avec la reprise. En difficulté lors des trois premières journées à l’instar de son équipe, celui qui est sous contrat avec l’Olympique lyonnais jusqu’en 2023 a connu un petit passage à vide inattendu et inhabituel chez lui. « Je n’ai pas fait le début de saison que j’aurais souhaité. Mais je suis encore jeune, il faut être un peu indulgent » , se défendait alors publiquement le principal intéressé. « J’ai une confiance intacte en Houssem Aouar, rassurait quant à lui Bruno Génésio en conférence de presse. On est avec lui, ça fait partie des aléas d’une jeune carrière d’avoir des périodes moins bonnes. » Sans surprise, l’entraîneur des Gones avait raison.
Ont donc suivi des performances bien plus à la hauteur de l’homme : après la défaite face à Nice lors de laquelle il était remplaçant, Aouar a repris du poil de la bête et assuré devant Caen, Manchester City, Marseille, Dijon et surtout Nantes. Comme un symbole, le bonhomme a fait vibrer les filets à deux reprises durant cette période (contre l’OM et contre les Canaris). Signe qu’il est guéri, si tant est qu’on pouvait le considérer malade.
Discipliné, polyvalent, bien entouré…
« Je suis content pour Houssem, revenu au niveau de l’année dernière. Pour le très haut niveau, c’est une caractéristique indispensable, a félicité face aux médias son coach, qui a eu le mérite de lui laisser une place dans son onze.Ce n’est pas moi qui l’ai amené ici, c’est d’abord lui. Je suis content et fier. Il a un très bon potentiel. Le voir régulier dans ses performances, être décisif… C’est une fierté pour moi et les formateurs qui ont participé à sa progression. Il a des qualités que j’aime, une intelligence de jeu. En plus, c’est un garçon très bien entouré et structuré. »
Génésio a de la chance, et il le sait. Avec Aouar, il dispose d’un élément polyvalent n’ayant aucun problème à s’adapter aux différents systèmes de jeu pensés par le technicien. Titularisé au poste d’ailier gauche (Caen, Marseille), de milieu gauche (City), de relayeur axial voire de milieu défensif (Nantes), l’international espoirs ne revendique rien et se contente de répondre aux exigences, même si cela doit bouleverser ses missions du tout au tout.
Complet, mais attendu
À l’aise devant le but ou quand il faut trouver l’inspiration pour servir un pote à ce même endroit, premier à lever le doigt quand il faut faire preuve d’initiative en frappant de loin ou en tentant le dribble, pas le dernier quand il faut aller au charbon pour récupérer le ballon et défendre bas, Aouar propose une panoplie assez complète du milieu moderne. Souvent très propre, peu averti (seulement trois cartons jaunes récoltés dans sa carrière pour le moment, toutes compétitions confondues), et très disponible (76 ballons touchés contre Nantes, meilleur bilan de l’OL) le Lyonnais d’origine pèche seulement dans la qualité de ses transversales et dans le combat aérien, son mètre 75 n’aidant pas.
Problème : ses ennemis du terrain sont désormais prévenus et surveillent attentivement le garçon lorsqu’il les affronte. Quoi de plus logique, finalement ? « Si je suis plus attendu, cela veut dire que j’ai bien fait le boulot, ne cachait-il pas il y a quelques jours. C’est normal d’être plus surveillé par mes adversaires. » Surtout quand on s’est permis de faire tomber Manchester à l’Etihad Stadium pour la première journée de Ligue des champions. Reste à confirmer la prestation, ce qui est souvent le plus difficile. Lui-même le sait.
Par Florian Cadu