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Alerte rouge sur la Ville rose
Sur un petit nuage au printemps, Toulouse est retombé sur terre cet automne. Les Violets glissent dangereusement vers la zone rouge en Ligue 1, viennent d'encaisser dix buts en trois matchs, et la perspective de retrouver Liverpool ce jeudi n’a pas vraiment de quoi rassurer.
L’euphorie, c’est fini. Il y a encore deux mois de cela, le TFC accrochait le PSG au Stadium (1-1) et sabrait le champagne en découvrant qu’il défierait Liverpool en Ligue Europa, quatorze ans après sa dernière joute continentale. Semaine après semaine, le soufflé est néanmoins retombé. Au point de commencer à s’interroger sur la méthode Damien Comolli, qui a sacrifié Philippe Montanier sur l’autel de la data, à douter de Carles Martinez Novell et à s’inquiéter de la suite des événements, avec un petit point d’avance sur le barragiste, Metz, et un calendrier bien chargé par les échéances européennes.
« Un jeu dangereux »
L’équipe actuelle n’a plus rien à voir avec celle qui embrasait le Stade de France et ramenait la Coupe de France au Capitole. Dix des vingt joueurs qui étaient sur la feuille de match le 29 avril ont plié bagage, dont le milieu magique formé par les néerlandophones Van den Boomen, Dejaegere et Stijn Spierings (revenu par la fenêtre mi-septembre). « Il faut avoir un bon mélange de jeunes et d’expérimentés. Quand tu perds tous tes cadres, toute l’ossature, c’est bizarre. Je ne juge pas les gens, mais c’est un jeu dangereux, avertissait Dejaegere, l’ancien capitaine. La data a déjà fait ses preuves, mais parfois, elle n’a pas marché non plus. » Le Téf’ a signé quelques coups intéressants sur le marché, mais a indéniablement perdu en qualité. Il reste aussi sous-équipé en matière de profondeur de banc, ce qui ne facilite pas la tâche avec l’enchaînement des matchs.
Malgré ça, les Violets ont pris neuf points sur les sept premières journées de championnat, en accrochant le PSG (1-1) et l’OM (0-0), et ont démarré leur campagne européenne par un nul à Bruxelles (1-1) et une victoire contre Linz (1-0). Encourageant. Sauf que la température s’est bien rafraîchie en un mois. Si la gifle reçue à Anfield répond à une forme de logique, le Téf’ a pris une autre correction à Montpellier (3-0) et reste sur une fin de match cataclysmique contre Le Havre (1-2). « On leur donne presque le premier but, regrettait Carles Martinez Novell dimanche. On a manqué d’agressivité dans les espaces, tout pouvait arriver. Après l’égalisation, on ne savait pas ce que l’on voulait faire. » Peut-être que le coach espagnol n’est lui-même pas sûr de ce qu’il veut faire puisqu’aucun club du Big 5 n’utilise plus de systèmes que Toulouse cette saison – déjà huit, avec une légère prédominance du 4-2-3-1 et du 4-3-3.
Onze points et onze poteaux
Toulouse se cherche encore dans le jeu, et on peut le comprendre. Compte tenu de l’ampleur du remaniement, cette équipe a besoin de temps. Malheureusement, le passage de 20 à 18 clubs autorise beaucoup moins d’atermoiements. L’absence de Zakaria Aboukhlal, buteur lors des deux premières journées, pèse lourd devant. Il faut aussi noter que le TFC est l’équipe la plus jeune du championnat cette saison (24,16 ans de moyenne selon le CIES). Le vestiaire toulousain ne compte aucun trentenaire, Vincent Sierro et Mikkel Desler faisant office de vétérans à seulement 28 ans. Le manque de maturité n’explique néanmoins pas tout, et surtout pas la tendance à piquer du nez dans le temps additionnel – cinq points échappés en comptant les nuls concédés à Clermont et Brest, ainsi que la défaite face au HAC. Le Téf’ n’affiche que onze points en onze journées, avec une bonne dose de réussite, puisque Guillaume Restes a été sauvé onze fois par le poteau ou la barre cette saison, un record en Ligue 1.
La situation mathématique pourrait vite devenir problématique. Se profile un calendrier délicat jusqu’à la trêve hivernale – réception de Lorient, Rennes et Monaco, déplacements à Lille, Nice et Lyon. Tout ça en jouant la carotte d’un printemps européen, en C3 ou en C4. « Il y a beaucoup de rage, pestait Martinez Novell dimanche. Certains joueurs préfèrent parler, d’autres non. En tout cas, on s’est parlé honnêtement en essayant d’être positif. » Damien Comolli, lui, rase les murs et reste muet. Les doutes sportifs ne gâcheront probablement pas la fête populaire promise pour la réception de Liverpool, dans la lignée du show concocté par les NVDRS pour leurs 30 ans dimanche dernier. Mais attention à la gueule de bois. Toulouse est sur un fil, et ce jeudi, le vent risque encore de souffler fort.
Par Quentin Ballue