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Avant Di María, eux aussi ont déçu le PSG
Méconnaissable cette saison, l’Argentin était censé permettre au PSG de franchir des paliers, notamment en Ligue des champions. Dix-huit mois après son arrivée, son rendement cristallise en interne et les doutes subsistent : le club de la capitale s’est-il fait enfler par le CV du joueur ? Dans l’histoire du club, jamais une telle somme n’avait été investie sur un joueur d’un tel palmarès au rendu si crispant. Avant lui, cinq garçons – loin de posséder les mêmes standards – ont déçu de la sorte. À l’inverse de Di María, eux ne sont plus là pour changer le cours de leur histoire parisienne... Si le gaucher veut s’inviter sur une autre liste, il sait ce qu’il a à faire.
Nicolas Anelka
Le PSG a formé l’un des plus beaux joueurs offensifs des années 2000, l’a vendu à dix-sept ans pour une bouchée de pain, l’a racheté 44 fois cette même bouchée de pain trois ans plus tard, l’a starifié, adulé, câliné, mais n’a jamais réussi à le faire briller. Par la suite, le club de la capitale l’a vu se faire embrouiller par son entraîneur de l’époque, contre-communiquer sur des blessures officielles, quitter des huis clos pour raison disciplinaire, et pour finir, terminer la saison à la neuvième place avec un quatuor Okocha-Luccin-Dalmat-Anelka. Anelka au PSG, ce n’est même pas un flop, c’est un gâchis monumental. Sans doute le plus grand du club, tant l’envie de réussir et les espoirs que portait le garçon étaient immenses.
Osvaldo Ardiles
Ce n’est pas n’importe qui, Osvaldo, quand il arrive à Paris. C’est un champion du monde 1978 avec l’Argentine de Menotti. Avant Paris, le meneur de jeu s’était illustré à Tottenham avec une FA Cup dans la besace et des gestes de grande classe. Chez les Spurs, il régale dans l’entrejeu avec Villa et Hoddle. Tellement beau à voir jouer qu’on le surnomme « Ossie » , le genre de petit nom que l’on donne aux aristocrates. Borelli sent le coup et profite de la situation tendue entre l’Angleterre et l’Argentine sur le dossier des Malouines pour s’offrir Ardiles. Dans l’idée, le PSG voulait aligner l’Argentin avec Sušić, nouvelle recrue du club. Mais la Fédération yougoslave bloque le transfert, et Ardiles jouera avec le Batave Kist, recrue de dernière minute. Sous les ordres de Georges Peyroche, « Ossie » galère comme jamais. Il est à la rue. Le moral dans les chaussettes. « À l’entraînement, parfois, il me semble qu’Osvaldo a cinquante ans… » , lâche Peyroche à la sortie d’un match. Et puis Ardiles se blesse le soir de son premier but avec le PSG. Le seul. Durant sa convalesence, le destin s’en mêle. 15 décembre 1982 : Francis Borelli reçoit un document portant le sceau de la Fédération yougoslave et signé de Drasko Popović. L’omnipotent président de la Fédé vient enfin de valider le contrat de Safet Sušić. Voilà, Safet Sušić est là. Et les emmerdes commencent, puisque le PSG compte trois étrangers dans ses rangs : Safet Sušić, Kees Kist et Osvaldo Ardiles. Trois stars. Trois gros salaires. Sauf que le règlement de l’époque n’autorisait que deux étrangers. En accord avec tout le monde, les dirigeants parisiens écarteront Osvaldo Ardiles 169 jours après sa signature dans la capitale.
Diego Lugano
Capitaine de l’Uruguay, meneur d’hommes, défenseur charismatique, Diego Lugano débarque lors du premier mercato de l’ère QSI. Crack à Fenerbahçe et à São Paulo avant, le grand blond est porté en triomphe lors de son départ de l’aéroport d’Istanbul vers Paris. Au PSG, il va pouvoir stabiliser l’arrière-garde et motiver ses troupes. On l’imagine en Ricardo des temps modernes. Mais tout le monde déchante vite, à commencer par Antoine Kombouaré qui sort son « soldat » pour le premier OM-PSG de la saison et prend une valise (3-0). Une vilaine blessure au genou va écarter Lugano, et dans le même temps Carlo Ancelotti débarque en janvier avec, dans son sillage, Alex. Avec Sakho et Biševac, Lugano se retrouve numéro 4 dans la hiérarchie et joue les matchs de Coupe de France. À l’été 2012, le PSG s’offre Thiago Silva et ne couche même pas l’Uruguayen sur la liste des joueurs inscrits pour participer à la Ligue des champions. Après six mois de banquette, il file à Málaga en janvier. On ne le reverra plus jamais. En Ligue 1, il aura joué douze matchs et écopé de sept avertissements. Ses deux dernières sorties : huit minutes à Auxerre, dix-neuf à Lille. Moche.
Vampeta
Il avait tout pour plaire à Paris. Brésilien, technique, moustachu, un surnom – Vampeta – qui était le mix de « Vampiro » (vampire) et « Capeta » (diable), un CV sexy, des dribbles chaloupés, son histoire de séances photo nu pour une revue homosexuelle pour payer ses impôts ou racheter un cinéma en fonction des versions, sa Copa América 1999, star du Corinthians avant de filer à l’Inter Milan de Marcello Lippi en 2000. Quand il débarque en janvier 2001 – dans un échange avec Stéphane Dalmat –, on se dit que le PSG a eu le nez creux. D’autant que le milieu plante un but incroyable contre Auxerre au Parc des Princes en passant en revue la moitié de l’équipe icaunaise. En quatre mois, il dispute sept matchs avant de repartir au Brésil en fin de saison. Attendu à la reprise, il ne reviendra jamais. Parce qu’il semble peu motivé à l’idée de revenir, le PSG ne s’emmerde pas et l’échange dans un plan à trois avec Flamengo et l’Inter, à laquelle Vampeta appartient encore. Dans l’histoire, l’Inter Milan récupère Adriano. Et le PSG Reinaldo. Nez creux, encore.
Richard Niederbacher
Été 1984, le PSG perd l’un de ses premiers joyaux, puisque Mustapha Dahleb quitte Paris. « Mus » ne se remplace pas comme ça. Il faut du lourd, du clinquant, du technique, du beau. Surtout du beau. C’est ainsi que fonctionnait le président Francis Borelli. Entre deux joueurs, son cœur balancera systématiquement pour le plus agréable à l’œil. C’est comme ça. La beauté sera sans doute l’unique critère de recrutement de l’Autrichien Richard Niederbacher, meilleur buteur du championnat de Belgique et beau comme un camion. Dans les arcanes du club, on hésite entre le beau Richard et un autre joueur du championnat belge, le Danois Preben Elkjaer-Larsen, qui perce les filets avec Lokeren. Borelli mène son enquête et croit comprendre que le Danois aime la nuit. Point négatif. Surtout face à l’esthète autrichien. Malgré les doutes, Borelli mise tout sur Richard, alors qu’Elkajer-Larsen rejoint Vérone, auquel il offrira un titre de champion d’Italie… Richard, lui, va planter cinq buts en dix-huit matchs, se péter le genou et la pommette et partir aussi vite qu’il est venu en prêt à Reims.
Par Mathieu Faure