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Auxerre, le poids des maux
En début de saison, l’AJ Auxerre faisait partie de la poignée de favoris pour obtenir une montée en Ligue 1, division dans laquelle le club n'a plus évolué depuis sept ans. À deux journées de la fin du championnat et au moment de se rendre à Grenoble, voilà pourtant les Bourguignons en pleine lutte pour le maintien. Et la malchance n'a rien à voir avec cela.
La semaine dernière, Auxerre s’est incliné à l’Abbé-Deschamps contre Châteauroux dans un match qu’il ne fallait absolument pas perdre (1-2). Et pendant que les Castelroussins fêtaient l’officialisation de leur maintien dans les vestiaires visiteurs, les Bourguignons pouvaient jeter un œil avec effroi sur le bas du tableau, où cinq équipes – Auxerre, Valenciennes, Nancy, l’AC Ajaccio, le Gazélec Ajaccio – possèdent chacune 39 points et se retrouvent à deux longueurs du FC Sochaux-Montbéliard, actuel barragiste avec 37 points.
Pire encore : depuis 2012 et sa descente après trente-deux années passées dans l’élite, Auxerre vit une troisième saison à devoir batailler pour son maintien en Ligue 2. Loin, très loin des ambitions affichées en début de saison avec les recrutements de Julien Féret (Caen), Rémy Dugimont (Clermont) ou Samuel Souprayen (Hellas Vérone) grâce à son milliardaire chinois Zhou Yunjie. « L’AJA est une équipe historique, avec beaucoup de culture, et influente, avouait l’admirateur du vin blanc de Chablis. J’ai investi pour refaire briller cette équipe sur la base de sa tradition, au lieu de changer son histoire.(…)N’oubliez pas que l’AJA était une équipe de Ligue des champions. »
Mignot : « L’AJA est rentré dans le rang »
La dernière campagne de Ligue des champions de l’AJA, Jean-Pascal Mignot l’a bien connue. C’était en 2009-2010, quand Auxerre éliminait le Zénith Saint-Pétersbourg en barrages, puis affrontait l’Ajax Amsterdam de Luis Suárez, l’AC Milan de Zlatan Ibrahimović ou le Real Madrid de Cristiano Ronaldo. Mais que s’est-il passé depuis ? « Dans le football, il faut de la stabilité et de la confiance, explique le défenseur vainqueur de la Coupe de France en 2005, dernier titre obtenu par l’AJA. Quand les dirigeants et les joueurs changent beaucoup, cela devient plus difficile dans un club comme Auxerre qui détenait un état d’esprit particulier. » Et c’est peu dire que depuis cette ultime sortie européenne, la valse des entraîneurs s’est emparée d’Auxerre. L’AJA, coachée par Cédric Daury depuis mars dernier, a connu dix entraîneurs dans la dernière décennie, soit un entraîneur par an en moyenne. Difficile de parler de stabilité dans un tel cas…
Fatalement, l’attractivité du centre de formation du club icaunais s’est diluée face aux mastodontes actuels comme l’Olympique lyonnais ou le Paris Saint-Germain, nouvelles références nationales en la matière. « Aujourd’hui, Auxerre ne peut plus révéler un Mexès ou un Boumsong (formé au Havre, il avait rejoint l’AJA à 20 ans, N.D.L.R)pour obtenir des résultats avec eux au plus haut niveau, concède Mignot. Pourquoi les joueurs se contenteraient d’évoluer à Auxerre alors que les structures sont maintenant beaucoup plus développées dans les gros clubs de Ligue 1 ? Hormis une finale de Coupe de France contre le PSG en 2015, l’AJA est rentré dans le rang. » Auxerre va devoir bomber le torse contre Grenoble au Stade des Alpes ce vendredi. Et si les résultats s’annoncent une nouvelle fois défavorables, le match contre Valenciennes à l’Abbé-Deschamps sera déterminant. « Je serai là pour encourager l’équipe contre Valenciennes à domicile, dévoile Mignot. Dans la difficulté, il faut savoir rester solidaires. » Dix ans après s’être frotté à Luis Suárez, Zlatan Ibrahimović et Cristiano Ronaldo, l’AJA aura alors comme pic d’émotion un choc face à la bande à Florian Raspentino.
Par Antoine Donnarieix
Propos de Mignot recueillis par AD, ceux de Zhou issus de l’Yonne Républicaine.