- Coupe du monde 2014
- Groupe B
- Australie/Pays-Bas (2-3)
Aux Pays-Bas la victoire, à l’Australie les honneurs (et les regrets)
Au terme d'un match épique, les Pays-Bas s'imposent 3-2 face à une vaillante équipe australienne. Menée 2-1, la Hollande est parvenue à renverser la situation en seconde période par Van Persie et Depay, sur une semi-bourde du portier des Socceroos. Les Pays-Bas sont quasiment qualifiés, l'Australie virtuellement éliminée.
Espetacular ! 90 minutes de régal entre l’Australie et les Pays-Bas : des buts, du spectacle, une reprise de volée d’anthologie, des retournements de situation, un pénalty, de l’intensité, et à la fin, une équipe australienne qui quitte la tête très haute ce Mondial brésilien. Oui, les Australiens, comme en 2006 et leur cruelle élimination face à l’Italie, ont pu constater que dominer n’est pas gagner. Sous le soleil de Porto Alegre, ils ont, pendant bien longtemps, fait trembler une équipe néerlandaise bien différente de celle que l’on avait pu admirer face à l’Espagne. Mais une équipe néerlandaise qui, même lorsqu’elle vacille, peut s’en remettre au talent de ses deux attaquants : Robben et Van Persie, chacun auteur d’un but cet après-midi, après leurs doublés face aux Espagnols. Des buts décisifs, surtout celui de Van Persie, qui a permis aux Pays-Bas de se remettre dans le bon sens, alors que l’Australie menait au score et avait le contrôle du jeu. Occasions ratées d’un côté, implacable cynisme de l’autre : voilà ce qui a fait la différence entre deux formations qui ont offert le plus beau match (et le plus beau but!) de ce début de Mondial. Les Pays-Bas, victorieux 3-2, ont désormais un pied et quatre orteils en huitièmes de finale. L’Australie, elle, n’a plus qu’un demi-orteil au Brésil.
Cahill se prend pour Van Basten
On ne change pas une équipe qui gagne. Surtout lorsqu’elle gagne 5-1 contre l’Espagne. Satisfait de la prestation des siens face aux champions du monde (il y a de quoi), Louis van Gaal aligne le même onze face aux Australiens. De son côté, Postecoglou effectue deux changements par rapport à l’équipe qui s’est inclinée face au Chili : Franjić et Miligan out, McGowan et McKay in. Au vu des résultats de la semaine dernière, on attend évidemment un début de match à sens unique, avec des Pays-Bas qui attaquent le couteau entre les dents. Cela aurait été trop prévisible. Et la Hollande est tout sauf prévisible. Non, en cette première période, c’est bien l’Australie qui fait le jeu et le spectacle. Les combinaisons sont intéressantes, et déstabilisent même une équipe néerlandaise incapable d’aligner trois passes.
Pourtant, à la 20e minute, contre le cours du jeu, c’est bien la Robbenlande qui ouvre le score. Le joueur du Bayern Munich s’envole tout seul vers les cages adverses, s’excentre légèrement, et déclenche une frappe croisée du gauche. Imparable. 1-0. Début de la démonstration oranje ? Tu parles. Le meilleur est à venir. À peine 60 secondes s’écoulent et le stade de Porto Alegre assiste au geste le plus fou de ce début de Mondial. Servi en profondeur par McGowan, l’inévitable Tim Cahill montre qu’il n’est pas seulement habile de la tête. L’ancien d’Everton coordonne parfaitement son corps et ses jambes, et claque une reprise de volée du gauche monstrueuse qui vient heurter la barre avant de finir au fond des filets. C’est ça le Brésil, bordel ! Sonnés, les Pays-Bas ne sont pas loin d’encaisser un deuxième but par Bresciano, qui tire au-dessus au point de pénalty, puis sur un coup franc plongeant. Juste avant la pause, Cahill fait faute sur Martins Indi (qui sort sur civière) et reçoit un jaune. Il manquera donc le dernier match contre l’Espagne. Cruel.
D’un but à l’autre
12 secondes de jeu en seconde période, et l’Australie marque déjà. Du calme, du calme, le but est annulé pour une faute évidente de Leckie sur Janmaat. Le pauvre Janmaat qui va vivre un début de deuxième mi-temps cauchemardesque. Car juste après ce but annulé, le défenseur néerlandais touche le ballon de la main dans sa surface. Après deux secondes d’hésitation, l’arbitre désigne le point de pénalty. Le bras est dans le dos, il est décollé du corps, certes, mais il n’y a pas intention de faire main. Jedinak ne se pose pas de questions, et transforme la sentence. Sensation à Porto Alegre : l’Australie mène 2-1. Et les kangourous ont encore la dalle. Ça devient fou, complètement fou. Les joueurs de Postecoglou se créent encore une grosse occasion, on a l’impression que les Pays-Bas sont au bord de la rupture. Mais que disait-on sur les Pays-Bas ? Ah oui, ils sont imprévisibles ! Alors qu’elle semble au fond du trou, la Vanpersollande revient dans le match grâce à son avant-centre, qui fusille le soldat Ryan d’un missile du gauche dans la lucarne. 2-2. Un régal. Et c’est évidemment loin d’être terminé.
Cela va d’un but à l’autre. Les Australiens, pas démontés par l’égalisation néerlandaise, repartent de l’avant et sont à deux doigts de reprendre l’avantage. Mais Leckie, sur un centre fort devant le but, décide de tenter de marquer de la poitrine et non de la tête. La sanction est double : déjà, il ne marque pas, mais sur la contre-attaque, les Pays-Bas plantent le troisième. Memphis Depay, 20 ans, tout juste entré en jeu, frappe de 20 mètres, Matthew « les gants en mousse » Ryan se déchire, et ça fait 3-2. Le portier de Bruges se rattrape quelques instants plus tard sur une frappe de De Jong. Mais cette fois-ci, l’Australie n’a plus la force. Les jambes sont lourdes et les nombreux efforts offerts pendant toute la rencontre se payent. Les Hollandais peuvent enfin faire retomber le rythme et conserver le ballon lors des dernières minutes, malgré les derniers assauts australiens, puis une balle de 4-2 pour Lens. Les Pays-Bas s’imposent et voient les huitièmes. Le Chili a désormais une autre balle de match entre les pieds.
Par Éric Maggiori