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Aux origines des surnoms des clubs britanniques (3/3)
Les « Reds » de Liverpool, les « Red Devils » de Manchester, les « Spurs » de Tottenham… Les écuries britanniques possèdent leur lot de surnoms, certains plus évidents que d'autres, qui reflètent pourtant tous une partie de leur histoire. Rapide retour dans le passé pour mieux comprendre ces appellations.
Tottenham : les Spurs
L’influence de Shakespeare dans la culture populaire anglaise est telle que l’on retrouve même des traces du dramaturge dans le milieu du ballon rond. Dans Henry IV, Part 1 – une pièce historique retraçant la première année du règne de l’ancien roi d’Angleterre parue à la fin du XVIe siècle – apparaît Henry Percy, également appelé Harry « Hotspur » , un homme reconnu pour sa bravoure au combat. Toujours est-il qu’à la création de Tottenham en 1882, les pères fondateurs voulaient un blase qui rappelle l’audace et une certaine image de la noblesse londonienne. Le choix de Sir Henry Percy « Hotspur » les combla tous et ainsi naquit rapidement le simple dérivé « Spurs » . Plus tard, ce surnom (les « Éperons » en français) conduira au logo qui représente un coq de combat portant des éperons. Oui, un coq de combat.
Stoke : les Potters
Stoke-on-Trent n’est pas la cité rêvée pour des vacances. Les températures représentent on ne peut mieux le climat typiquement british et la ville ne dispose même pas d’accès direct au littoral. Pourtant, les quelque 250 000 habitants de Stoke reçoivent chaque année des touristes par milliers. Effectivement, Stoke-on-Trent est renommé de façon historique pour sa poterie. De fait, l’ancien club de Gordon Banks se coltine depuis toujours l’appellation de Potters – les « Potiers » – en référence à cette tradition locale. Car c’est encore dans les vieux pots que l’on fait les meilleures confitures.
Manchester United : les Red Devils
En 1902, l’entité sportive adopte définitivement le nom de Manchester United en lieu et place du « Newton Heath LYR Football Club » . Les couleurs du maillot changent également et M.U est rapidement associé au rouge, prenant du même coup le premier surnom de « Reds » . Mais en 1934, Salford – l’équipe de rugby du Greater Manchester, le comté qui regroupe notamment Manchester et Bolton – effectue une tournée dans l’Hexagone. La légende rapporte que la presse française aurait été si impressionnée par Salford qu’elle les surnomma « Les Diables rouges » . Une appellation restée pour le club de rugby et qui sera, à partir des années 50, utilisée par de nombreux Mancuniens pour parler des protégés de Matt Busby (avec les « Busby Babes » ) qui raflent alors trophée sur trophée.
Norwich : les Canaries
À la fin du XIXe siècle, la ville de Norwich, à l’extrême est de l’Angleterre, accueille bon nombre d’immigrants venus des Pays-Bas. Ces derniers amènent avec eux tout le nécessaire pour construire une nouvelle vie de l’autre côté de la Manche… y compris leurs animaux de compagnie, essentiellement des Canaris. Dès lors, le petit oiseau devient l’emblème de la ville, au point d’apparaître sur le logo du club à l’aube du siècle dernier. Le jaune et le vert deviennent vite les couleurs officielles de Norwich avant que le surnom de Canaries ne remplace celui existant jusqu’alors, les « Cits » (abréviation de Citizens). Une association qui n’a, jusqu’ici, jamais battu de l’aile.
Newcastle : la Toon Army
Si le surnom principal des Blanc et Noir demeure les Magpies – lié à la couleur de la liquette du club -, « The Toon » s’associe tout autant aux meilleurs ennemis de Sunderland. Chaque région anglaise possède son propre jargon et un accent singulier, à l’image du Scouse parlé dans le Merseyside. Les résidents de Newcastle dans le Tyne and Wear aiment, eux, mâcher les mots. De la sorte, « Toon » est la prononciation locale de « Town » , qui symbolise le centre de la ville, où St James’ Park, l’enceinte du club, se situe. La « Toon Army » représente donc l’agglomérat des fans autour du stade à l’approche des rencontres à domicile. Rien à voir avec Roger Rabbit, donc.
Bolton : les Trotters
Ce sobriquet remonte à la fin du XIXe siècle. À l’époque, l’un des terrains d’entraînement de Bolton était contiguë à une porcherie. La technique anglaise étant jadis pire qu’aujourd’hui, il arrivait fréquemment que des ballons finissent leur course au sein même de l’enclos à cochons ! Le malheureux frappeur n’avait alors d’autre choix que d’aller récupérer sa balle égarée avant que les porcs n’en fassent leur festin. Le tout au petit trot, histoire de ne pas se refroidir. Un surnom qui a traversé les âges sans jamais disparaître. Heureusement qu’Emile Heskey et sa frappe légendaire sont arrivés trop tard à Bolton pour modifier cette appellation. Sinon, les Trotters auraient bien pu s’appeler les Cosmonauts. Dans ce cas, pas besoin de traduction.
Par Eddy Abou Serres